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    Chapitre VI. Les villes, en 1200 :

    La forte croissance démographique de la fin du XIIe siècle et la renaissance économique avaient favorisé l'essor des villes, la création de foires et marchés, la création de nouvelles agglomérations. 

AVIGNON

   La grande ville de la région reste Avignon. La construction d’un pont sur le Rhône, commencée en 1177 sous l'impulsion de Bénézet, dura huit années Le pont contribua encore à augmenter le flux de marchandises passant par la ville.
   Commerciale et cosmopolite, Avignon est alors une des villes les plus riches, opulentes et peuplées d'Europe et une des villes les plus puissantes du Midi. Protégée par son enceinte, son pont assure sa renommée et lui assure une source de revenu considérable.

    Elle est en terre d'Empire, indivis entre les comtes de Toulouse et ceux de Provence car ceux de Forcalquier avaient abandonné leurs droits à la communauté qui s'était érigée en commune.  

avignon

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1. Sceau d'Avignon en 1220
On reconnait les quatre consuls, tête nue, et le gerfaut déployé.
Donation aux habitants d'Avignon, par Raymond, fils du comte de Toulouse,
de tous ses droits sur Caumont, Thor, les Jonquières, Touzon, etc.

2. Sceau d'Avignon, en 1238
La  ville crénelée, à trois tours; sur le pont du Rhône, et le gerfaut déployé
Echange de terres sises à Avignon et dans l'île du Poulvier

 

ARLES

    Arles sur la rive gauche du Rhône et Trinquetaille en face sur la rive droite vivent du commerce fluvial et de leur port.
    La mer est plus proche d'Arles que de nos jours

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F. Mazel. La ville d'Arles

    Arles est le siège d'un archevêché. Forte de son glorieux passé, La ville qui compte environ 5.000 habitants souhaite retrouver son autonomie et a élu un podestat. Ce premier magistrat est chargé de défendre les intérêts de la ville, contre la pression féodale des seigneurs et des ecclésiastiques.



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L'abbaye de Montmajour

        Fondée au Xe siècle et construite sur un rocher entouré de marais par des moines bénédictins, l'abbaye avait étendu son influence sur Arles et la Provence et possédait un cinquantaine de prieurés. Elle était souvent en conflit avec la ville d'Arles au sujet des limites de son territoire, des marais et des droits de pêche et de chasse.
 
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MARSEILLE

    A Marseille, en ce temps-là, les vicomtes et les évêques se partagent la ville : les droits sur la ville haute appartiennent aux évêques alors que les vicomtes conservent le port et les commerces. L'abbaye Saint Victor occupe la rive sud du port et connaît un grand rayonnement culturel.
    Une oligarchie de marchands essaie d'imposer sa puissance pour administrer la ville. La lutte pour l'indépendance de la commune est en cours. Les marchands ont tiré le vicomte Roncelin de son abbaye de Saint -Victor et essaie de l'imposer comme homme de paille à la tête de la ville
        L'autorité seigneuriale s'exerce depuis deux châteaux : le Château-Babon qui a perdu son importance et le Tholonée qui cristallise les intérêts économiques de la cité . Les fortifications, murs et tours, entourent la ville et le port est protégé par une chaîne commandée depuis la «tour de la chaîne» et par un réseau de vigies, de «tours à signaux» qui surveillent jour et nuit l'approche des bateaux.

marseille ville

La vicomté de Marseille (1209-1215)


    Hugues Fer, ancien viguier des vicomtes vient d’être excommunié par le pape (1209) pour son entente avec Roncelin et la ville de Marseille a été interdite. En 1210, les autorités marseillaises sont toujours  Roncelin et Hugues des Baux comme vicomtes, Hugues Fer comme viguier de la ville et les consuls. Leurs envoyés sont à Pise où ils déclarent en leurs noms, vouloir observer fidèlement le traité de Paix entre les deux villes et se défendre mutuellement contre leurs ennemis.
    Il faut aussi compter avec Giraud Adhémar, autre vicomte et avec le prévôt de la Major, Pierre Bermond, quand ils permettent l’établissement de cordiers dans une rue de la ville.
     Les consuls créent la confrérie du Saint-Esprit (1212) qui est à l’origine de la commune de la Ville Basse.
    Les vicomtes, réunis au Tholonée de Marseille, règlent leurs problèmes de copropriété, partageant par tirage au sort, les terres et châteaux qu’ils possèdent en commun hors de la ville (1212) :
•    Le sort donne à Hugues et à Barrale les châteaux du Castellet, La Cadière, Ceireste, Seillons, un tiers d’Aubagne et leurs dépendances en terres et en habitants.
•     Roncelin reçoit le deuxième tiers d’Aubagne, les châteaux de Saint-Marcel, Roquefort, Jullans et Mazaugues.
•    Giraud Adhémar obtient le troisième tiers d’Aubagne et les châteaux de Gardanne, Roquevaire, Gémenos, le Plan d’Aups. Le 14 octobre de l’année suivante, avec son épouse Mabile, ils promettent à Raymond des Baux de donner leur fille Eudiarde en mariage à son fils Bertrand lorsqu’elle sera nubile. Sa dot sera constituée des châteaux obtenus lors du partage précédent sauf Aubagne. Mabile ajoute à cette dot l’héritage de sa mère Laure, à savoir Saint-Julien, Artigues, Vinon, Ginasservis, Manosque, Céreste, Rians, Pourcieux, Pourrières et Rousset. Raymond des Baux donnera à son fils le château de Meyrargues .
•    Le 2 avril 1213, Alasacie de Marseille, fille de Hugues-Geoffroy de Trets et son mari Raymond des Baux vendent leurs droits sur la vicomté et le territoire de Marseille (le quart) à la commune représentée par Hugues Fer, pour une somme de 80.000 sous de royaux coronats .
•    Le 15 avril 1215, à Trinquetaille, Hugues et son épouse Barrale vendent à perpétuité, à Hugues Béroard, prévôt de la Major de Marseille, tous les droits qu’ils ont sur le château Babon, pour le prix de cinq milles sous de royaux coronats qu’ils déclarent avoir reçus.
•    Ce même jour, ils confirment à l’évêque de Marseille et au prévôt de la Major l’accord signé jadis par le grand-père de Barrale, Hugues-Geoffroi, son frère Bertrand et leur neveu Hugues-Geoffroy le Sarde avec l’évêque Pierre et déclarent en observer le contenu.

    Les vicomtes, s’étant disputés au sujet de leurs biens marseillais, décident de faire la paix et de choisir des arbitres pour régler leurs différends. Le 20 mai 1215,  dans la maison du Temple, ils signent un accord préparé par leurs arbitres, devant l’évêque de Marseille, Reynier,  et huit seigneurs provençaux, déclarant se conformer à la sentence arbitrale qui donne à chacun un tiers de Marseille, à l’exception du Tholonée. Il y a là : Roncelin, Barrale et Hugues, et Mabile et Giraud Adhémar. Ils se promettent de se défendre mutuellement et de ne pas aliéner leur domaine au comte de Provence ou à d’autres, pendant 10 ans.

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Roncelin, dernier vicomte
de Marseille 
        Condamné par le pape, Roncelin se soumet juste avant de mourir.
     La ville entre alors en conflit avec l'abbaye de Saint-Victor, alors que la basse ville s'oppose à l'évêque (1216). La ville est à nouveau interdite et ses habitants sont excommuniés (1218), jusqu'à l'accord en 1220 avec l'évêque.

     Hugues des Baux et l'abbé de St Victor  interviennent auprès du pape Honorius III et obtiennent la levée de l'interdiction qui pèse sur la ville.

     La ville, par son syndic Pierre Bertrand achète les droits des Baux sur la vicomté pour 40.000 sous de royaux coronats en 1224. Elle signer un accord avec l'abbaye de Saint-Victor et rachète les droits sur la vicomté qu'elle avait obtenus au moment de la soumission de Roncelin.
    La commune possèdera 20/24e des droits des vicomtes en 1224 et se proclamera indépendante et  "vicomtesse". Les comtes de Provence et ceux de Toulouse, chacun voulant  garder de bonnes relations avec Marseille, reconnaitront ce titre.


       L'achat des derniers droits de Raymond des Baux par le podestat  puis de ceux de Giraud Adhémar aura lieu en 1226.