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IV.4. Hugues
(1173-1240), le père de Barral des Baux :
    A la mort de son père (1181), Hugues, probablement le fils aîné de Bertrand Ier, avait 8 ans. Il eut en partage les terres ancestrales, la seigneurie des Baux, le faubourg d'Arles, Aubagne, Saint Gabriel et plusieurs autres terres en Provence..
    Hugues grandit entourée de sa mère (qui meurt en 1190 alors qu'il a 17 ans) et de ses oncles, marqué au plus profond de son être par l'assassinat de son père , bercé par les exploits baussenques contre les comtes de Provence, déçu par le dénouement de toutes ces tragédies.
   A l'âge de 20 ans (1193), il est pourtant bailli du comte de Provence Raymond-Bérenger.  On le voit régler des conflits de préséance entre l'abbé de Montmajour, Foulques de Cabanes et Guillaume Cabace de Trinquetaille pour savoir lequel a droit au premier esturgeon chargé d'œufs pêché dans le Rhône.
    Il a emprunté de l'argent aux vicomtes de Marseille, Barral et Guillaume le Gros.  Le premier, son futur beau-père lui a déjà promis sa fille Barrale. Aussi, fort de cette promesse, il signe un accord dès cette année-là avec Alphonse Ier, comte de Provence, pour se partager la ville de Marseille et ses revenus et pour s'entraider pour son acquisition.

    Il semble donc que les rapports avec les comtes provençaux s'étaient normalisés. Ceux-ci avaient encore augmenté leurs terres en récupérant le comté de Forcalquier par le mariage d'Alphonse II avec Gersende de Sabran.
    Mais, du même sang que ces ancêtres il attendit l'âge de raison pour se révolter à son tour contre Alphonse, son suzerain du comté de Provence. Celui-ci, qui le gardait sous contrôle, comprit le danger qu'il représentait, décida d'arrêter cette révolte au plus tôt et demanda de le lui amener mort ou vif.
    Les habitants d'Aix et quelques d'autres participèrent à son arrestation et il fut mis en prison. La ville d'Aix reçut en récompense le privilège de couper du bois et de faire paître ses troupeaux jusqu'à cinq lieues de la ville sans payer de redevances.

    Libéré contre rançon, avec l'aide de seigneurs provençaux, il conclut un traité (1205) avec Alphonse II, à Saint Gilles, par lequel il reconnaissait sa souveraineté en échange de quoi le comte lui donna "le château de Mouriès et la ville de Maussane et tout ce qu'il possédait dans iceux, tant en hommes qu'en terres cultes et incultes, prés, pâturages, bois, fermages, justice et district ; en outre il en saisine (?) et confirme audit des Baux, tout ce qu'il possède au nom de Baralle, son épouse, dans la ville de Marseille, le bourg d'Arles et ailleurs, sous la condition de l'hommage et de la fidélité, lui accorde de plus la permission de pouvoir acquérir tout ce qu'il désirera dans le comté de Provence, sous la même condition de l'hommage, du droit de haute seigneurie et des cavalcades".

    Ayant récupéré ses biens, Hugues rendit hommage à l'archevêque d'Arles pour Trinquetaille et dès avril 1206 se fit élire consul d'Arles. Terminant son année de consulat, le 25 avril 1207, Hugues ne s'entendit pas avec les autres consuls pour le choix de leurs successeurs. L'archevêque Michel imposa son choix. Hugues, tout comme la famille des Porcellet, négocia de nombreux droits à Arles avec son suzerain de Provence : autorisation pour tout navire remontant le Rhône d'aller jusqu'au bourg d'Arles; sauf pour les navires armés ; droit de percevoir une taxe sur les marchandises entrant ou sortant de la ville et du bourg d'Arles, par terre ou par eau ; cela alla jusqu'à une convention de défense mutuelle avec livraison d'otages de part et d'autre pour en assurer l'observation.   

Les dettes d'Hugues :

    Récemment libéré de prison, Hugues était endetté. En 1209, son épouse Barrale vendit des terres héritées de sa mère Alasacie pour répondre aux besoins d’argent de son mari, pour un montant de 8.500 sous de nouveaux raymondins et Hugues lui donna hypothèque pour cette somme sur ses biens propres .
    L'année suivante, Hugues, en accord avec son épouse Barrale, vendit à acapte aux habitants de Castillon un marais près de Barbegal, avec la faculté de cueillir les joncs et de s’y livrer à la pêche. Il les autorisa à défricher et cultiver le marais et à vendre les terres livrées à la culture, conservant le droit de juridiction et un cens annuel de 32 sous payable par tous les défricheurs et cultivateurs. Le droit d’acapte lui rapporta sept livres et demie de nouveaux raymondins.


    Nous en arrivons à  l'histoire de Barral des Baux.
   Il fallait raconter ces grands évènements de sa famille paternelle, que ses parents et son entourage lui ont sûrement raconté pendant sa jeunesse, et qui a très certainement forgé en lui des ambitions, des désirs de gloire dignes de ses ancêtres.
    Ce glorieux passé avait profondément marqué la Provence, et le nom des Baux restait gravé dans les mémoires.