L'UNIVERSITÉ D'ORANGE.
Il parait qu'une école publique
avait élé fondée à Orange dès 1266
; qu'elle eut une existence courte et fort modeste, et qu'elle était
presqu'anéantie lorsque, le 23 mai 1563, l'empereur Charles IV étant
arrivé à Avignon, l'évéque d'Orange (Jean II),
et les syndics de cette ville se rendirent, avec le prince Raimond V des Baux,
auprès de ce souverain, pour lui faire leur soumission et lui demander
le rétablissement de celte école : ce qui leur fut accordé,
par bulle impériale datée d'Avignon en juin suivant,
laquelle, instituant des professeurs pour le droit canonique, le droit civil,
la médecine, la philosophie, la logique cl la grammaire, conférait
à l'évéque, à perpétuité, le titre
de chancelier, et au prévôt du chapitre celui de recteur ; accordait
aux membres gradués, ainsi qu'aux écoliers, toutes les prérogatives
des autres universités de l'empire, et déclarait le prince
d'Orange conservateur et protecteur, avec plein pouvoir de punir quiconque
voudrait porter atteinte aux immunités dont ce corps jouissait.
Cette bulle fut bientôt après confirmée
par Urbain V qui augmenta le nombre des privilèges déjà
accordés. La fameuse sédition qui, en 1379, sous le
duc d'Anjou, dispersa les étudiants de l'université de Montpellier,
fut favorable à celle d'Orange, qui vit arriver dans son sein la plupart
de ces derniers.Celle-ci prit alors un tel accroissement, que plusieurs
auteurs ont cru ne devoir dater son établissement que de cette même
année. Mais on sait que la dissolution de l'école de Montpellier
ne fut que momentanée.
Toutefois les princes d'Orange ne négligèrent
rien pour faire prospérer l'enseignement public dans leur capitale.
Ils dotèrent leur école de diverses franchises, notamment par
leurs édits de 1583 et 1607 : à cette dernière époque,
Pliilippe-Guillaume de Nassau eut à reconstituer, pour ainsi dire,
cette université sur laquelle les guerres de religion avaient désastreusement
réagi , et dans laquelle n'existaient plus que les trois facultés
de droit, de médecine et de philosophie.
Louis XIII, par son édit du 5 août
1634 , reconnut, en faveur des gradués d'Orange, les droits dont
jouissaient les autres universités du royaume, droits qui depuis
quelque temps étaient contestés a l'école de cette
ville par les parlements du Paris et de Grenoble, sans doute à cause
de la trop grande facilité avec laquelle on y obtenait le diplôme,
même sans avoir terminé les études obligées et
sans soutenir un acte public ; aussi Louis XIV défendit, par arrêt,
à ses procureurs-généraux et avocats, de viser à
l'avenir les lettres des degrés délivrés à Orange,
sans la vérification prescrite par les règlements antérieurs,
à défaut de quoi les réceptions devaient êtreréputées
nulles et de nul effet. Louis XV ordonna ensuite que ceux qui ne s'acquitteraient
pas de leurs devoirs de catholique seraient désormais exclus des
fonctions de cette même université, et que nul ne pourrait
être admis aux preuves du baccalauréat, de la licence cl du
doctorat sans être muni d'une attestation de l'évèque
ou du curé relative aux qualités religieuses du candidat.
Enfin Louis-François de Bourbon-Conti, dernier
prince d'Orange , qui céda cet état à la France en
1731, déclara dans celle ville, le 31 mai 1730, que pour faire
revivre en sa faveur le droit de nommer aux chaires publiques, dont ses prédécesseurs
avaient usé de tous les temps, et que l'université s'était,
dès 1718, arrogé en dressant, sans autorité et motu
proprio, de nouveaux statuts contraires aux précédents, il
faisait inhibition à ce corps enseignant d'usurper dorénavant
cette prérogative, et lui prescrivait de suivre fidèlement
les premiers règlements : il rappela aussi en cette occasion qu'en
absence ou empêchement du chancelier et du recteur. le plus ancien
docteur devait remplacer ces derniers ; le prince voulut aussi que l'université
se conformât entièrement, pour ce qui concerne les éludes
en jurisprudence, aux lois et ordonnances du roi de France.
Cette école a existé jusqu'en 1789.
Son sceau, dont l'empreinte en cire rouge se voit au fond d'une boite de
fer blanc qui pend aux diplômes , représente un professeur en
robe et en bonnet carré, assis dans sa chaire, audevant d'un pupitre
sur lequel est un livre ouvert et dont sa main soulève un des feuillets.
Le cornet héraldique est dans la
partie supérieure du champ parsemé d'éloiles ;
la légende porte: Sigillum êtuiii et universitalit arausionen.
Source : Barjavel
(Aigrefeuille. Hist. de Montpell. 2e part. p. 302; M. Baslet, ouvr. cit.
p. 153-159; M. V. Chambaud, De l'instruct. publ. etc. p. h el 5.)