(Extrait de l'Annuaire du Conseil héraldique de France)
Nous ne pouvons donner ici que quelques indications sommaires, mais qui serviront à faciliter les recherches, et nous suivrons le plan qui a été adopté ici l'année dernière pour les sources du nobiliaire de Bourgogne. Cette notice sera donc divisée en sept articles : Recherches et maintenues de noblesse. -- Preuves pour l'entrée aux Etats. -- Preuves de Malte. -- Lettres d'anoblissement, de confirmation et de relief de noblesse. -- Documents féodaux. -- Registres des paroisses et actes notariés. -- Bibliographie.
I. RECHERCHES ET MAINTENUES DE NOBLESSE. -- La Provence est assez favorisée sous le rapport de la conservation de ces documents de la plus haute importance. Il n'y a eu qu'une seule recherche générale, faite vers la fin du XVIIe siècle, à l'époque où elle fut d'ailleurs entreprise simultanément dans presque toute la France. Les recherches se divisent en deux séries; la première va de 1667 à 1671 et fut faite par Alexandre de Belleguise. Elle se trouve aux archives des Bouches Du Rhône et remplit les registres 1356 à 1358 de la série B. (Cour des Comptes). L'inventaire sommaire imprimé cite le nom de chaque famille ainsi maintenue. C'est en grande partie avec l'aide de ces documents que l'abbé Robert de Briançon a fait ses trois volumes de l'État de la Provence. Indépendamment de cela, ils ont été copiés intégralement plusieurs fois, et il en existe notamment un exemplaire à la bibliothèque d'Aix. Les registres 1359 à 1361 de la série B renferment les jugements contre les faux nobles et divers inventaires. -- La deuxième partie des recherches fut faite par Pierre-Cardin Lebret, président du Parlement, de 1696 à 1718 environ. Elle est actuellement en cours de publication dans la Revue Historique de Provence.
2° REGISTRES D'ENTRÉE AUX ÉTATS. -- Nous ne connaissons que celui relatif aux états de 1789. Il donne les titres qui déterminaient l'admission et qui remontent pour la plupart à la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Il est donc très intéressant à consulter, car il relie la filiation des familles en 1789 à celle des recherches de Belleguise et Lebret.
3° PREUVES DE MALTE. -- C'est un des fonds les plus riches des archives de Marseille. Le dépouillement complet en a été fait par M. le comte de Grasset, ancien archiviste adjoint, et existe en fiche ; il est regrettable que l'impression en soit aussi longtemps retardée. Nous devons au même auteur le catalogue des chevaliers de Malte de la langue de Provence. Dressé sur documents authentiques, il est de beaucoup le plus sérieux et le plus complet qui ait été fait jusqu'ici. C'est le seul volume de cette série des inventaires départementaux. Nous y trouvons 507 dossiers de réception de chevaliers, 10 dossiers de dames de l'Ordre, chanoinesses de Saint-Antoine de Beaulieu, Saint-Marc de Martel et Saint-Antoine de Vienne, le nom des personnes dont les preuves ont été contestées et 97 dossiers de chapelains, diacots, donats et servants d'armes. Nous ne mentionnerons ici qu'en passant les preuves de chanoines de Saint-Victor, dont les originaux semblent perdus ; il en existe une copie à Marseille, mais dont le propriétaire refuse, parait-il, toute communication. C'est le seul chapitre noble de la province.
4° LETTRES D'ANOBLISSEMENT. -- Elles sont dispersées dans les nombreux registres de la Cour des Comptes, où il serait peu commode de les retrouver. En 1780, Joseph Antoine Louis de Bonaud de la Galinière en a fait une table à peu près complète, avec dates et renvoi aux pages des divers volumes. Cette liste a été publiée dans la Revue Historique de Provence, et comprend environ 260 noms. -- Les lettres patentes n'étaient pas les seuls moyens d'acquérir la noblesse; une foule de charges, surtout depuis leur vénalité, ont valu aux titulaires soit la noblesse héréditaire, soit la noblesse personnelle après un exercice plus ou moins long. Nous ne nous étendrons pas à ce sujet, traité en détail dans divers ouvrages et qui nous entraînerait trop loin; d'autant plus que la liste complète des personnes ainsi anoblies serait presque impossible à établir.
5° DOCUMENTS FEODAUX. -- Nous pouvons citer en tête les hommages et dénombrements, qui donnent l'état des possessions féodales depuis une époque très reculée ; ils sont contenus principalement dans les registres 2, 223, 747 à 811, 1270, 1378, 1397, 1419, 1439, 1478, 1498 et 1498 bis de la série B. --Les droits de francs-fiefs avec taxation ou décharge, de 1672 à 1677, forment les registres 1362 à 1365. Les archives judiciaires de la Cour des Comptes fournissent aussi de très utiles renseignements ; citons, parmi les plus intéressants, les arrêts de vérification, art. 2953 à 2988 de la série B. Nous recommandons aussi particulièrement les articles 373 à 466 de la série C (arch. civiles) qui renferment les cessions de rentes constituées sur la province. Ces mutations ayant lieu la plupart en vertu de contrats de mariage ou testaments, on voit tout le profit qu'on peut en tirer pour les généalogies. Si, en quittant les archives départementales, nous passons aux bibliothèques de Marseille, d'Aix, d'Arles etc., nous trouvons une multitude de documents relatifs à l'histoire des familles. Le catalogue des manuscrits de ces riches dépôts étant actuellement sous presse, nous croyons inutile d'entrer ici dans de plus grands détails ; il a été parlé d'ailleurs des documents généalogiques de la bibliothèque d'Arles dans un article paru l'année dernière dans cet annuaire. Nous ne pouvons passer sous silence la bibliothèque de Carpentras qui possède énormément de documents généalogiques et nobiliaires ; le catalogue très détaillé étant imprimé, nous y renvoyons le lecteur. Voici une liste des familles qui ont un dossier aux Archives Nationales à Paris :
7° BIBLIOGRAPHIE. -- Pour tous les ouvrages parus antérieurement à 1861, nous renvoyons le lecteur à l'ouvrage bien connu de M. Guigard, Bibliothèque héraldique de la France. Voici une liste malheureusement bien incomplète des ouvrages généalogiques parus depuis ou omis par M. Guigard :