quiquera

LES PREMIERS DU NOM (XIe – XIIe siècles)
La présence féodale des Quiqueran est mentionnée par les historiens anciens et modernes de Provence. Les travaux de Georges de Manteyer(1),
parus en 1908 dans son ouvrage sur la Provence du Ier au XIIe siècle ont mis des chartes en lumière et ont apporté de nouveaux éléments.
Suivant ces recherches, les Quiqueran apparaissent dès le début du XIe siècle en tant que châtelains ainsi que leurs parents : les châtelains d’Avignon
et les Amic de Cavaillon, cadets des vicomtes.

Nous les trouvons donc dès qu’un peu de lumière commence à se dessiner et que la Provence commence à vivre une vie propre.
De nombreuses chartes provençales témoignent de la présence de Guicheran ou Wuichiran dès le milieu du XIe siècle (2) .
L'état actuel des recherches ne permet pas, pour ces périodes, d'établir les filiations.

Parmi les premiers « Quiqueran » trouvés dans les archives (Archives municipales d'Arles, Archives départementales des B.d.R.
pour les abbayes de Montmajour et de Saint-Victor de Marseille, d'Avignon pour Saint-Paul de Mausole, livre de raison de Pierre de Quiqueran de Beaujeu,
archives de la famille de Quiqueran), on trouve :
- De 1014 à 1030, à Avignon, apparaît un Quiqueran qui peut avoir été l'ancêtre des Quiqueran de Cavaillon. Ce dernier accompagna Aldebert d'Avignon
et paraît avoir été son parent. Un Pierre de Quiqueran est chanoine d'Avignon en 1038 et 1041, un autre Quiqueran en 1054 et 1063.
Ce dernier serait le Quiqueran de Cavaillon présent en 1073 dans le pays d'Arles. En 1096, Hugues de Quiqueran et son frère Bertrand figurent dans les archives d'Avignon (3) .

- Dans les archives de l'abbaye de Cluny (4) se trouve un document daté d'octobre 1054 mentionnant : « Signum domini Berengarii... Petrus amicus et fratres sui …
volerunt et firmaverunt, Raimondus, Anno... et Wichirannus firmaverunt
» (5) .

- En 1050, Ermengarde et ses fils, et Pons de Quiqueran et ses frères Rostang, Pierre et Raymond firent don à l'abbaye de Montmajour de l'église de Saint-Andiol
et de toutes les terres de la villa appelée Avellonicus dans le comté de Cavaillon (archives de l'abbaye de Montmajour (6) ).

- Les signatures d'Aicard, Hugo et Raymond Guichiran figurent sur des actes du monastère Saint-Paul-de-Mausole en 1080, 1084, 1092, 1104, 1127 (7) .

- En 1119, un Quiqueran accompagna le Pape Calliste II à Rome. Ce pape était fils du comte de Bourgogne en terre d’Empire. Il mit fin à la querelle des investitures
par un concordat après la mort de son prédécesseur Gélase II (1118-1119) qui mourut à Cluny (8) .

- Vers 1150, un Guichiran donna aux moines de Saint-Paul-de-Mausole des terres à Joncairolles et Vilairons (à côté de Saint-Rémy-de-Provence) (9).

- Un Quiqueran fut présent en 1166 à la transaction passée par l'archevêque d'Arles et les religieux de Saint-Victor de Marseille au sujet des droits funéraires
qu'on imposait sur le Rhône, pour le transport de ceux qui voulaient être enterrés aux Alyscamps (notaire Bermond Amelii).
Il assista aussi à un acte de la commune d'Arles en juillet 1178.

- La famille « Guiguéran » est également présente dans les archives par le biais d'une donation faite en 1092 à l'église de Saint-Paul-de-Mausole,
pour le repos de leurs parents ainsi que de leur épouse et mère Sancia, d'une partie d'un « honneur » (10)  situé au pied du mont Gaussier.
Le cours d'eau descendait vers Galnum et portait aussi le nom de Quiqueran. En échange de ce don, les chanoines de Saint-Paul leur donnèrent un beau mulet
de deux ans (Archives de Saint-Paul de Mausole ) (11)

- Vuilelmus Guchirannus participa à une donation faite aux moines de Saint-Victor de terres aux environs de Mouriès, non loin d'Arles et, en 1204,
à un accord qui a lieu entre l'archevêque d'Arles, les chanoines et l'abbaye de Saint-Victor : parmi les signataires, on trouve Guilliem Quiqueran, laïc (12) .

- Lors des guerres baussenques (entre 1144 et 1162), Gantelme, Rambaud et Rostang de Quiqueran prirent parti pour la princesse Etiennette des Baux,
épouse de Raimond des Baux (13) : « Le plus vieux tiltre de noblesse que j'aie peu rencontrer, Caesar Nostradamus, en son histoire de Provence,
me l'a produit disant qu'en 1150 Rostang Quiqueran se trouva parmi les barons et gentilshommes qui s'estoint partialisés pour les interets
de la princesse Stéphanete des Baux, et du conte Berengier II, dict le june, 3e comte de Provence
» (Livre de raison de Pierre de Quiqueran de Beaujeu, 1643).

- Une branche de la famille s'est détachée au XIVe siècle et a fait souche au Piémont sous le nom de Cacherano, comtes de Bricherasio et Malabailda,
comtes de Rocca d'Arezzo (14), comtes de Cantarama, seigneurs de Quassolo, seigneurs de Osasco . La famille est encore représentée de nos jours
et a toujours revendiqué son appartenance aux Quiqueran d'Arles.

(1)  Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle, études d'histoire et de géographie politique, Paris, 1908, p 441-442
(2)  Georges de Mantayer, source : cartulaire de Saint-Victor de Marseille, charte n° 29. tome I. 40
(3)  Georges de Manteyer, op. cit. p 44-442. Sources : Archives départementales du Vaucluse, chapitre métropolitain, G 27, f° 16, 17, 19, 26, 27, 28.
(4)  Archives de l'abbaye de Cluny, cote 3387
(5)  Raymondus était châtelain d'Avignon.
(6)  Archives départementales des B.d.R., 2H10
(7)  Archives départementales du Vaucluse, G 1-658 n°40, 43, 44, 49, 113 (recherches effectuées par Edgar Leroy en 1951).
(8)  Archives de la famille de Quiqueran, lettres d'Henri Rolland.
(9)  Archives départementales du Vaucluse, G1 652 n°9. Recherche effectuée par Edgar Leroy.
(10)  Au Moyen Age, bien patrimonial plus ou moins synonyme de fief.
(11)  Bibliothèque municipale d'Avignon, Chapitre métropolitain de Notre-Dame des Doms, (907-1791), ms 654.
(12)  Grand cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, Charte n° 959, t. 2, publié par Benjamin Guérard, Paris, 1857
(13)  Les guerres baussenques opposèrent le comte de Barcelone, Raimond Bérenger, époux de Douce, l'héritière du comte de Provence Gerbert de Gévaudan,
à Raimond des Baux (époux d'Etiennette, la sœur cadette de Douce), qui revendiquait une partie de l'héritage de son beau-père. Raimond des Baux soutenait alors
le comte de Toulouse, ennemi de Raimond Bérenger, nouveau comte de Provence. Dans la majorité des villes, les chevaliers urbains s'alliaient le plus souvent
à Raimond Béranger. Les Quiqueran, barons libres, choisirent le camp de Raymond des Baux et du comte de Toulouse, comme le firent par moment
(les alliances étaient fluctuantes), l'oligarchie de villes comme Marseille ou Nice, à l'est de la Provence. Plus tard, dans la tradition provençale, Raimond des Baux
fit figure de héros résistant à l'usurpateur étranger.
Cf. Martin Aurell, professeur d'histoire médiévale à l'université de Poitiers, dans « La Provence au Moyen Age », Presses universitaires de Provence, 2005.
(14)  Libro d'Oro della nobilità italiana.

ARMES ET DEVISES
Écartelé et émanché d’or et d’azur de l’un en face de l’autre.
Couronne de marquis
Supports ou tenants : deux chevaux blancs licornés
Cimier : les deux pieds et la tête du cheval hissant, aussi licorné
Cri : FLANDRE

Devises : VIS CONTRA VIM
À TOUT VENANT BEAUJEU
Sobriquet : AUSARD DE BAU-JO = audace de Beaujeu. Pour signifier des actes de courage et de bravoure de certains membres de la famille.
Le blason comporte des signes simples que l’on croirait dériver des runes, comme ces émaux brillants des trésors antiques de Limoges,
 témoins de l’époque qui précède les croisades.
Le nombre des pièces de l’écu n’a pas été fixé de manière uniforme. Le coupé émanché dans la plupart des dessins originaux accessibles est de trois pièces.
Plus tard seulement, au XIVe et XVe siècle, l’art du blason abandonne l’écriture imagée et naïve, pour donner des compositions d’une imagination énigmatique
et pour introduire les armes parlantes.
Pierre de Quiqueran, dans son livre de raison, compare gaiement l’écartelé émanché du blason significatif d’origine franque, avec un jeu de trictrac et ajoute :
« les armes des Beaujeu jetant au surplus une teste de cheval hors de son timbre : ce qui semble bien convenir, ou plutôt être fatal à ceux de cette race
qui de tout temps ont merveilleusement aimé les beaux chevaux, courriers et palefrois d’armes
». Cette passion en effet persiste jusqu’à nos jours.
Le cheval licorné ou licorne n’est qu’une variante adaptée selon les goûts des époques. C’est toujours la licorne du symbole mystique.
 
La devise « VIS CONTRA VIM », d’un caractère fier et bien ancien paraît être plutôt un listel, le cri particulier aux maisons « à l’ost », c’est-à-dire celles qui,
surtout au XVe siècle, possédaient le droit d’une levée indépendante de soldats.

La devise « A TOUT VENANT BEAUJEU » liée à la baronnie signifie faire face à tous les évènements et à tous les hommes.
L’étude du blason, loin d’être chose futile, a son importance généalogique, artistique et historique. « C’est l’honorable mémorial à tout ce qu’un loyal et vaillant homme
a fait pour son Dieu, son Prince et sa Patrie.
» Il n’est qu’un petit nombre de familles ayant quelque ancienneté dont le nom n’ait subi des changements,
alors que le blason a gardé toute l’intégrité de ses émaux et de ses figures. Il permettait, sans savoir lire, de reconnaître les siens.

TITRES
BARON DE BEAUJEU (1425 pour Jean de Quiqueran ) : baronnie inféodée par lettre patente du roi René, donnée à Naples en 1440 ainsi que la seigneurie de Mariaud,
domaine originairement des comtes de Provence avec droits et péages perçus par le seigneur.
Plusieurs maintenues de noblesse ont été obtenues en 1667, 1668, 1708, 1709 sur preuves de 1439 (1)  par les deux branches principales, celle des Quiqueran de Beaujeu
et celle de Quiqueran de Ventabren (2).
Dans la quatrième branche des Quiqueran de Beaujeu, une des terres (grande Vacquière) fut érigée en marquisat pour François-Joseph de Quiqueran de Beaujeu (1645-1676) (3) .
Le titre de marquis ou de comte a été uniquement porté par les membres de la famille se rendant à la cour jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. De cette branche est issue celle
qui émigra au XVIIIe siècle en Autriche où elle est encore représentée.
La branche des seigneurs de Pierrelongue, issue de celle de Ventabren, a relevé en France le nom de Beaujeu, et a été confirmée par décret du 18 avril 1860, dans le titre
de marquis de Pierrelongue, héréditaire. Ce titre est entré par mariage en 1707.

La famille a fourni 36 consuls à la ville d'Arles, de nombreux chevaliers de Malte, des chevaliers de Saint-Louis, de l’ordre de Saint-Michel et de l’ordre des Cincinnati.

(1) Anne Blanchard, Dictionnaire des ingénieurs militaires (1691-1791), Montpellier, 1981.
(2) Baron du Roure, Les maintenues de noblesse en Provence (1667-1669) par Belleguise, t1, Paris 1923.
(3) C’est lui qui obtint l’érection en marquisat d’une de ses terres, mais il paraît que les lettres patentes ne furent
   jamais enregistrées au parlement ni vérifiées à la cour des comptes. Ceci peut être la conséquence de sa mort
   au siège d’Aire ; on peut également considérer le cas parallèle du marquisat de Jacques de Grille d’Estoublon,
   obtenu exactement à la même époque par l’entremise de François de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan et qui
   ne fut jamais enregistré. La régularisation «par lettresde surannation » a du être faite plus tard comme ce fut le cas
  pour le marquisat d'Estoublon. Le duc de Saint-Aignan est également à l’origine de l’Académie d’Arles.

  plat
Complément :
Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France - tome 29
3243. Archives des hospices d'Avignon.
Fol. 1. Pièces de procédure pour les Jésuites contre Jeanne de Quiqueran, veuve et héritière de Joseph de Aquéria, docteur ès droits
d'Avignon. 1635.
Fol. 7. Testament de celle-ci. 16 avril 1639.
Fol. 18. Factum de M. de Ribiers pour Esprit de Quiqueran, sieur deVentraben, et ses frères et soeurs, réclamant les biens de leur mère
Suzanne de Pupus. 20 mars 1673


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