MEZARD
- Famille originaire d'Apt
- un maire d'Apt
- Armes inconnu
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Eléments de généalogie :
I. Pierre Mézard, originaire de Nyons, capitaine, habitant St-Saturnin x 1595 Apt, Suzanne Benoît de Saint-Saturnin
I. Joseph Mézard, notaire, procureur, avocat, juge de plusieurs judicalures seigneuriales, agent du prince de Condé pour le marquisat de Gordes,
et subdélégué de l'intendant de Provence, et de Catherine Pelenc (de Caseneuve)
II. Pierre François Mézard, 5/10/1756 Apt- ,1er président de la Cour d'appel de Corse, baron en 1826, x 21/3/1810 Carpentras, Magdeleine Florel.
I. Louise Mézard, d'Apt, x Christol Morenas
II. Joseph-Elzéar Morenas ° 3/1778 St-Christol
I. Jean Gabriel Mézard x Ne Arnaud
II. Matthieu Mézard 2/7/1687 Apt-16/6/1763 Apt, notaire à Apt x 24/8/1712 Apt, Marguerite Mousset +<1760, d'Apt
III. Jeanne Delphine Mézard +23/7/1816 Apt x 6/4/1761 Carpentras, Paul Joseph Barjavel 1735-1797, fils de Jean & de Marie-Antoinette Aubert
Pierre François Mézard
En 1789, M-. Mézard était, à Apt, avocat et subdélégué de l'intendant.
Aux premières élections de 1790, il ne fut point oublié par ses concitoyens : élu d abord juge au tribunal du district de cette ville, par le collège qu'il présidait,
il devint ensuite administrateur du dép. des Bouches duRhône, place dans laquelle il se distingua par sa fermeté, son impartialité et son courage.
Il avait été installé , le 9 janvier 1791, dans les fonctions de commissaire du roi au tribunal du même district (l), lorsqu'apprenant que la ville de Carpentras,
assiégée par la horde avignonaise, avait acheté des canons à Marseille, et qu'on les avait détournés de la route ordinaire pour qu'ils ne tombassent pas aux mains des assiégeants,
il vint à bout, avec le secours de M de Saporla, maire d'Apt, de faire relâcher ces armes déjà interceptées, qui purent ainsi parvenir à leur destination.
Après la suspension des commissaires du gouvernement, en 1793, il reprit, dans son pays. sa profession d'avocat et de défenseur officieux près le tribunal ;
mais les progrès de l'anarchie l'obligèrent de chercher un asile dans les montagnes limitrophes de la Provence et du Dauphiné;
il y était encore après le 9 thermidor an II, lorsqu'ayant reçu ordre, du représentant Goupilleau, d'aller remplir les fondions de président du tribunal criminel, à Carpenlras,
il crut devoir se dispenser d'accepter, et refusa également le même poste qui lui fut conféré par un arrêté de Chambon, autre représentant du peuple, en date du 16 messidor an III.
Choisi pour faire partie du directoire de Vaucluse, par un second arrêté de Goupilleau (8 brumaire an III) et par deux autres de Jean Debry (6 germinal et 8 floréal an III),
il soutint la bonne réputation dont il jouissait, par la franchise et la sagesse de ses avis, et par une adresse qu'il rédigea à l'occasion des menaces
que faisaient les révolutionnaires de Toulon de se porter en masse au secours de leurs frères qu'on jetait dans le Rhône, à Lyon.
Voulant ensuite s'épargner la vue des échafauds qui se préparaient à Avignon, il quitta cette ville et le ministère qu'il y exerçai!, et s'établit pour quelque temps à Eygalayes,
village de la Drôme, situé sur les limites des Hautes-Alpes. Puis, au retour du calme, il siégea comme juge au tribunal civil de Vaucluse,séant àCarpentras, emploi que lui conféra,
en l'an IV, l'assemblée électorale de ce département, et dans lequel il fut installé le ler vendémiaire an V (22 septembre 1796); il reçut du même tribunal, la commission de directeur du jury d'Apt
et de président du tribunal correctionnel de cette ville.
Le 21 germinal an V (13 avril 1797), la même assemblée lui donna, presqu'à l'unanimité des suffrages, la présidence du tribunal criminel, dans laquelle il fut installé en novembre suivant.
C'était dans un moment où se déclarait outre mesure une réaction contre-révolutionnaire. Loin d'approuver ces violences, M. Mézard prononça, à l'ouverture des assises, le 15 floréal an V,
un discours plein de force et de saines pensées contre les excès des deux partis, et sur la tâche imposée aux juges criminels, lequel fut imprimé par ordre de l'administration départementale
et affiché dans toutes les communes du département. Lorsqu'éclata le mouvement du 18 fructidor an V, M. Mézard, se trouvant à Carpentras, y exerça les fonctions de défenseur officieux
jusqu'à une altercation qu'il eut avec le tribunal, de laquelle il crut devoir rendre compte au Ministre de la justice, de peur d'être l'objet d'une dénonciation ; le commissaire du gouvernement,
son substitut et l'accusateur public, furent, contre l'attente de M. Mézard, destitués, et la place de commissaire lui ayant été offerte en cette occasion, il répondit qu'il n'accepterait jamais
l'emploi d'une personne qui pourrait croire avoir été dénoncée par lui. Comprenant, dès lors qu'il ne lui convenait plus de plaider devant les fonctionnaires avec qui il avait eu ces démêlés,
et sur le bruit répandu qu'il était arrivé de Paris un ordre exprès de le faire arrêter, il quitta nuitamment Carpentras et se tint caché pendant quelques jours dans les montagnes du Luberon.
Mais ayant eu des nouvelles rassurantes de la capitale, il alla reprendre son domicile à Apt et s'y rendit utile à ses concitoyens.
En prairial de l'an VI, il se vit obligé de se justifier contre un calomniateur qui l'avait accusé de prévarication dans la place de directeur du jury de l'arrond. d'Apt;
c'est alors qu'il fit paraître : "Mémoire justificatif pour Pierre-François Mézard, homme de loi, de la commune d'Apt, en réponse d la demande en prise à partie, formée contre lui au tribunal de cassation,
par Jacques-Joseph Fougue, fabriquant de fayence. Apt. J. Trémollière. Prairial an VI de la Républ. in-8° ".
L'auteur se présenta devant ce tribunal avec celte assurance qu'inspirent une conscience pure et la conviction d'avoir travaillé avec zèle pour le bien public.
Quelque temps après, il reçut du préfet de Vaucluse sa nomination dé juge au tribunal spécial de ce département, établi à Carpentras, nomination émanée du Directoire,
le 7 floréal an IX (27 avril 1801); or, ce tribunal étant composé de militaires et de bourgeois, M.mézard répondit que ses principes s'opposaient à ce qu'il en fit partie.
Ce refus, motivé sur des observations justes, ne déplut pas au préfet; aussi le ministre, sur les renseignements favorables qui lui furent transmis au sujet de M. Mézard,
trouva l'occasion d'obtenir son consentement pour l'emploi de commissaire du gouvernement près le tribunal criminel de Vaucluse (en date du 7 floréal an XI —27 avril 1803);
notre compatriote fut installé, le 15 prairial suivant, dans cette magistrature dont il a rempli, sous divers titres, les graves fonctions pendant plusieurs années
Devenu procureur général impérial, puis nommé, le 10 juillet 1811, procureur impérial criminel près le même tribunal, il mit la plus grande activité dans la poursuite des délits
et dans l'accéléralion de la justice criminelle; on vit alors cesser les brigandages qui affligeaient la contrée, et il vint un moment où les prisons ne contenaient plus qu'un seul accusé.
Lorsque Napoléon revint de l'îled'Elbe, M.Mézard, n'ayant pas voulu signer le serment exigé des fonctionnaires, fut destitué par ordonnance du 10 mai 1815.
Après les cent jours, une réaction royaliste ayant compromis l'ordre public dans quelques parties de notre département, ce magistrat, alors procureur du roi près la cour d'assises de Vaucluse,
adressa à tous les chefs des parquets et officiers de police judiciaire de son ressort, une circulaire, datée de Carpentras, novembre 1815 (in-4° de 7 pages, imprimé dans cette ville),
qui respire une sage modération, l'attachement à la cause monarchique, et surtout l'amour pour l'impartiale et stricte justice. Mais ses ordres furent méconnus et ses intentions travesties :
la place de procureur du roi au criminel ayant été supprimée, il eut la liberté d'aller à Paris en janvier 1816 pour répondre à certaines imputations dirigées contre lui
par les partisans des excès ultra-royalistes qu'il aurait voulu empêcher. Le garde des sceaux connaissait les principes sévères de M. Mézard.
Quelque temps après, celui-ci, nommé président de chambre à la cour royale de Montpellier, ayant refusé cette chargea laquelle il préférait sa retraite,
se détermina enfin à accepter la première présidence de la cour royale de Corse ; il en fut investi par ordonnance du 12 mars 1816,
prêta son serment entre les mains du roi et fil ses préparatifs de départ, bien que le ministre lui eût fait dire, dans cet intervalle,
qu'il pouvait opter entre cette première présidence et la place de procureur général près la cour royale de Pau.
Il s'embarqua donc pour Bastia du 15 au 30 mai 1816. Après avoir étudié en silence la langue, les mœurs et les besoins des Corses,
il acquit la conviction qu'il ne fallait à ces insulaires, pour prospérer, qu'une bonne administration et surtout une bonne justice trop long-temps négligée dans ce pays
par l'inditférenee des gouvernements. Aussi s'appliqua-t-il sérieusement à faire fructifier les fonctions qui lui avaient été confiées :
tous les jours il y avait audience de la cour; peu de procès étaient renvoyés au vu des pièces; plusieurs même étaient jugés sur les sièges, et le lendemain le greffier venait régulièrement,
de bonne heure, prendre chez le premier président la rédaction de l'arrêt rendu la veille. Ce qu'il y avait de plus essentiel, pour faire respecter et bénir la magistrature en Corse,
et répandre une sécurité générale, c'était d'en écarter toute influence étrangère, toute sollicitation, toute acception de personnes ; c'est ce à quoi M. Mézard parvint.
D'abord objet de quelques préventions peu favorables, il se vit bientôt entouré d'une considération croissante ; elle fut portée à son comble par le discours qu'il prononça à la rentrée,
en novembre 1817, sur l'impartialité du magistrat, et qui fut imprimé, par ordre de la cour royale, à la demande du barreau (Bastia. El. Batini, in-4° de 23 pages, texte français en regard de la traduction italienne)
Ce discours produisit le plus grand effet et eut les résultais les plus salutaires ; l'orateur y montre que l'impartialilé est la qualité la plus nécessaire au magistrat,
surtout en Corse où elle est exposée à beaucoup d'épreuves. Encouragé par les témoignages de confiance qu'il recevait chaque jour de la part de tous les employés,
et comptant alors sur celle du ministère, il forma les plus beaux projets pour la restauration de l'Ile où il résidait ; mais , par suite d'une intrigue ourdie dans les bureaux du garde des sceaux,
il fut bientôt abreuvé de dégoûts et se vit obligé de céder sa place à un protégé. Ce changement falal se développa dès l'entrée au ministère de M de Serres (29 décembre 1818) :
vers cette époque , le gouverneur de la Corse, M. Willot, qui avait si bien secondé les vues de M. Mézard , fut lui même rappelé et remplacé par un officier supérieur,
qui ne voyait que des échafauds à dresser pour maintenir l'ordre dans le pays, et qui donna son assentiment à toutes les rigueurs intempestives ordonnées par un procureur général que le ministère
y avait envoyé pour traverser les sages mesures du premier président. M. Mezard fit dès lors deux voyages à Paris où il arriva en septembre 1819 et en octobre 1820.
Jl se proposait de livrer à l'impression un ouvrage d'une haute portée, et d'éclairer la religion du garde des sceaux sur l'état alarmant de la Corse et sur la triste position.dans laquelle il se trouvait lui-même.
L'accueil glacé que lui fit le ministre circonvenu et égaré par la cabale qui se tramait dans les bureaux, fit renoncer M. Mézard à se justifier;
il quitta Paris en avril 1821 et se retira à Carpentras, où Mme son épouse se trouvait convalescente d'une longue et cruelle maladie.
De Serres ne tarda pas à reconnaître les droits de M. Mézard à son estime et à sa confiance; il traila de malentendu tout ce qui s'était passé, l'exhorta à retourner en Corse quand sa santé le lui permettrait,
et lui promit d'être son appui et de ne se souvenir que de ses anciens et bons services, de sa capacité et de ses loyales intentions.
Ce sont les termes de la lettre que ce ministre lui écrivit des eaux du Mont-d'or, le 11 août 1821.
Là dessus, M. Mézard se mit en route et arriva à Baslia le 20 octobre suivant : il luii fut fait une réceplion d'autant plus brillante, qu'on le croyait toujours disgracié.
Malheureusement pour lui et pour la Corse, de Serres fut remplacé, en décembre 1821 , par M. de Peyronnet, ce qui permit à la cabale de renouer le fil de ses machinations.
Bref, notre compatriote se vit forcé d'abdiquer des fonctions devenues stériles par la privation de l'influence et du crédit qui les alimentaient.
Malgré les motifs de mécontentement et d'indignation qui lui furent donnés sous ce ministère, auteur sans doute involontaire de toutes ces injustices,
il fit plus que plaindre M. de Peyronnet, lorsque celui ci se trouva, avec ses collègues , dans le second semestre de 1830, sous le coup d'une grave accusation politique ;
il rédigea, en faveur du ministère-Polignac , un mémoire (inédit) qu'il envoya à feu M. de Marlignac, un des défenseurs des ministres inculpés et incarcérés.
— M. Mézard ayant obtenu sa retraite en 1825, résolut d'aller passer le reste de ses jours dans sa ville natale et ne renonça point toutefois à servir encore son pays.
Une ordonnance royale, du 3 novembre 1826, lui a décerné le titre de baron, qu'il s'est contenté de mériter. Il avait été fait chevalier de la Légion-d'honneur dès la création de l'Ordre.
Désirant prévenir l'ébranlement qu'a causé la révolution de juillet 1830, il a publié : De la charte et de ses conséquences. Paris. 1830, in-8° de 130 pages.
Il s'y déclare pour la loi fondamentale de l'état; signale les inconvénient» attachés à la septennalité de la chambre élective et au double vote,
et propose des moyens pour faciliter les opérations électorales , rendre plus difficiles les manœuvres de l'intrigue, donner au choix des députés un caractère plus épuré et plus honorable, etc.
Mais il insiste sur celte idée-mère, que la justice seule est un principe absolu, et que tous les extrêmes sont dangereux, le mal ne pouvant être guéri par l'absolutisme d'une opinion quelconque.
La crise politique qui renversa le trône de Charles X rendant inutile la publication de cet écrit, les journalistes, qui allaient en parler, retirèrent leurs articles; néanmoins on trouve, au sujet de ce même livre,
une mention fort distinguée dans l'Echo de Vaucluse (des 20 mars et 1er juillet 1850).
— Nommé maire d'Apt peu de temps après l'avènement de Louis-Philippe Ier, M. Mézard a préféré à ces fonctions le repos auquel son grand âge et ses services lui donnent tant de droits
et que lui offre sa jolie villa de Valcroissant (entre Apt et Saignon), que depuis plusieurs années il habite presque toujours, se consacrant plus spécialement à l'administration de ses biens,
aux soins de sa famille, ne pouvant plus que se réjouir ou gémir en lui-même sur le bien ou le mal qui se fait dans sa patrie.
© JG 2010