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Voir les alleux des Mévouillon:
carte
Mévouillon de Bressieux, seigneur
de Lauris et Puget, au début du
XVIe siècle
Guillaume de Mévouillon, sg de
Ribiers, teste en 1482.
Description des sceaux des familles seigneuriales
de Dauphiné (2e éd.) / par J. Roman :
266. Guillaume de Mévouillon-la Chau
— Ecu penché à une fasce échiquetée de
deux tires, à un franc carton chargé d'un chariot à
quatre roues (Carrara) ; timbré
d'un heaume de profil cimé d'un col de cigne ; champ semé
de fleurettes
guillelme de meollon.
Sceau rond en cire de 31 mill., appendu à un acte de 1415.
Bibl. nation. Pièces orig., T. 1954, D. 44807, P. 6, et T. 2079,
D. 47281, P. 3.
Guillaume de Mévouillon-la-Chau, ayant été envoyé
en mission auprès du Pape, épousa en Italie une demoiselle
de l'illustre maison
de Carrara ; à partir de ce moment il plaça les armoiries
de sa femme en franc canton sur les siennes.
D'aprés "l'arrondissement de Nyons."
Les premiers Mévouillon.
Un écrivain sérieux a déjà constaté
que jamais nom peut être n'a été traduit plus diversement
en français. « On trouve
d'abord de Médul, de Medouilhon, de Médullion, puis
Myolon, Meulhon, Méolhon, Mévillon , Méooillon,
Mévouillon,
Mévolhon et Meuillon (1).
La même variété existe dans les formes latines
: villa Medulus, de 1064 à 1079 ; castrum de Medoilo en 1095,
de Medultio en 1115, Medulio en 1254, Meduluonen 1288, etc. (2).
A ces difficultés orthographiques vient s'ajouter encore
l'uniformité de prénoms des possesseurs de la baronnie
qui s'appel-
lent tous Raymond. Aussi les auteurs ont ils distingué, comme
Guy-Allard :
Raymond I, mari de Laure,
Raymond II, allié avec Comitissonne,
Raymond III, époux de Sybille,
Raymond IV, père de Legasse, la dernière de sa branche
(3).
Ou comme M. de Pisançon :
Raymond I, fils de Ripert,
Raymond II, dit le Dominicain,
Raymond III, surnommé Raymondet,
Raymond IV, le dernier de la famille (4).
Nos recherches permettront désormais de préciser les
faits et les dates.
(1) Laplane, Histoire de Sisteron I, 101,
note. — Guy-Allard, Notes.
(2) Cartulaire de St-Victor ; — Inventaire des Dauphins — Valbonnais.
(3) Dictionnaire historique du Dauphiné.
(4) De ïaUodiaUté dans la Drame.
Raymond I (Raymond II dans l'arbre généalogique
) assiste, en 1160, à une donation à la Chartreuse
de Darbon et c'est de là sans doute
que parle le poète Vacquéras, en décrivant un
tournoi de 1177 : « Un seigneur de Mévouillon, dit-il, était
si bien armé, qu'il n'y manquait rien.
Il jouta contre Nicolau dont il fit sauter le casque en pièces,
sans qu'il y restât une maille. Mais Nicolau ne fit qu'en rire
et ne parut s'en inquiéter (1). »
C'est le même aussi qui reçut l'année suivante
de l'empereur Frédéric confirmation de tous ses droits de
fief et de franc
alleu et de toutes ses acquisitions postérieures à
Mévouillon, le souverain le retenant à son service avec
exemption de toute
suprématie et de toute juridiction étrangères
(2).
Vers le même temps, Tiburge ou Tibour d'Orange et son fils
Guillaume engageaient les château et village de Barret pour 5000
sols et, en cas de décès sans héritiers de
Guillaume, le château devait appartenir à Raymond ou aux
siens, 40 jours après la
mise en demeure.
La charte publiée par M. J. Roman mentionne en outre la «
molher »et les fils de Raymond, sans les nommer (3).
Guillaume de Baux, fils de Bertrand, prince d'Orange, et de Tiburge
(1130-1181) épousa d'abord Esmenjarts ou Ermengarde
de Mévouillon et ensuite Ermengarde de Sabran.
Or, à l'époque du premier mariage, Raymond I de Mévouillon
avait donné en dot â sa fille 7000 sols et Raymond II 12000
à sa sœur.
En répudiant Esmenjarts pour cause de parenté, Guillaume
de Baux fut contraint de restituer aux Mévouillon, en 1204,
le domaine de Revest et d'hypothéquer le surplus de la dot
sur Jonquières et Tulette (4).
Il avait eu d'elle: Tiburge, épouse de Giraud Amic,et Guillaume
II, père de Guillaume III de Baux, marié en 1239 avec
Galburge de Mévouillon.
(1) Notes de Moulinet. — Papon, Histoire
de Province II, 255.
(2) Diplomatique de Bourgogne par M. l'abbé Chevalier p.
18, et son
Inventaire dee Dauphins. N° 2.
(3} Romania.
(4) Barthélémy, Inventaire des titres des de Baux
n. 115.
Raymond I, dégoûté des grandeurs, se retira
dans sa vieillesse chez les Cisterciens de Sénanque, fondés
près de Cavaillon en
1148, et il y fut enseveli.
Ces renseignements nous sont révélés par la
donation que fit en 1208 à la même abbaye Raymond II son
fils, d'une condami-
ne ou ferme à Mévouillon (1).
Guy Allard, dans ses notes inédites, donne deux fils et une
fille à Raymond 1 : Raymond II, son successeur dans la baron-
nie, Guillaume, seigneur de Mirabel et Aalmos ou Almuse alliée
aux Sabran et aux Isoard, d'Aix qui, le 10 juin 1227 vendit
Jansac à Bertrand, évêque de Die pour 16000 sols,
viennois ou valentinois (2).
Rien ne révèle donc une parenté rapprochée
avec Raymond, fils de Ripert de Mévouillon et de Sance, l'auteur
des libertés
et franchises de Lachau, en 1209 (3).
Un grand nombre d'actes vont nous permettre de suivre de près
Raymond II ( Raymond III dans l'arbre généalogique
).
En 1209, il est témoin à Manosque d'un accord entre
le comte de Forcalquier, les Baux, les Simiane etc.
De 1205 à 1206, il engage la terre de Mourgues à Guillaume,
comte de Forcalquier pour la garantie d'un emprunt de 12000
sols viennois ; assiste en 1208 à l'affiliation aux Templiers
du fils de Giraud Amie et de Tiburge d'Orange ; transige en 1213,
avec Draconet et Raymond de Montauban, père et fils ; reçoit
en 1214, l'hommage de Pons de Blacons pour Bracoso et obtient
l'abandon de St-Marcellin-lès-Vaison du baron de Montauban
en échange de ses droits sur la moitié de Montbrison et
Roussieu (4).
(1) Gallia ehristiana I. 961.
(2) Cartulaire de Die.
(S) Notice sur Lachau et Valbonnais II
(4) Barthélémy — Inventaire des titres des Baux n°
115. — Gallia, 1,401. — Inventaire des Dauphins
— Archives des Bouches-du-Rhône B. 803. Papon, Histoire de
Frovince. II, 277 ; pièces justif.
Guy Allard lui fait reconnaître, en 1215, à l'abbé
de Cruas le haut domaine des moulins du Buis, sis hors la ville, et la
même année il ménage un accord entre Armand
d'Autane, Pelestort de Bourdeaux, Roland et Ripert d'Autane, au sujet
de
violences réciproques. À cette charte est encore appendu
son sceau en plomb
portant d'un côté un chevalier armé et de
l'autre les hermines du blason de sa famille. Pareil office
était rendu la même année par le même seigneur
à Raymond
de Peyre, seigneur d'Eygaliers et aux seigneurs de Plaisians (1).
La piété le porta, ainsi que Saure, son épouse,
en 1222, à céder leurs droits sur Buisson aux Templiers de
Roaix pour le
salut de leur âme et de celles de leurs parents. Cette même
année il inféodait à Pierre Roux la seigneurie de
Mon taulieu,
le quart de Vilar et la part d'Hugues Nicolas, aux Pilles (2).
Bien qu'en vertu de concessions impériales, il fût
exempt de toute suprématie, on le voit rendre hommage à
Bertrand, évêque de Die,
pour le Buis, Villefranche, Propiac, Vercoiran etc. , le 18 septembre
1230, et ce devoir, plusieurs fois renouvelé
dans la suite par lui et ses successeurs, permet de supposer d'anciens
engagements restés inconnus (3).
L'année suivante Gertut de Sahune se déclare son vassal
à Curnier et lui cède ses droits sur Sahune. Raymond acquiert
aussi les fiefs de Ste-Jalle en 1231, rend justice à quelques
habitants du Buis, eu 1237, et sert d'arbitre, trois ans plus tard,
aux syndics et à lévéque de Die (4).
Il traita en 1242 avec l'abbé de l'Ile-Barbe au sujet de
leurs droits réciproques, obtint de Frédéric II
l'approbation des
amendes imposées à Moncalin (de Pommerol) et régla
le différend
(1) Notes de Guy Allard. — Inventaire
des archives dauphinoises de M. Morin Pons. — Valbonnais I, 6 et 17.
(2) Cartuiaire des Templiers de Roaix pp. 125 et 126. Inventaire
des Dauphins.
(3) Valbonnais II, 105.
(4) Inventaire des Dauphins et Cartuiaire de Die, p. 90.
survenu entre Raymond de Baux, prince d'Orange, et Dragonet
de Montauban au sujet du château de Condorcet (1).
(Il y a probablement
deux Raymond (le III et le IV, dans ce qui suit)
Guy Allard mentionne un testament de cette année ou de la
suivante dans lequel il se réservait les revenus de plusieurs
terres pour acquitter ses dettes ; mais Raymond prolongea sa vie
bien au delà de cette époque ; car nous le voyons, en 1243,
recevoir l'hommage d'Hugues de Montbrun pour Avolan (Aulan) et de
Jordan de Rosans pour Remuzat en 1259 ; acheter de
Guillaume Flotte pour 5000 sols la moitié d'Ubrils, en 1247;
disputer au Dauphin L'Epine et Sorbiers en 1251; inviter la prieu-
re de Nyons à protester contre l'aliénation de Mirabel,
Nyons et Vinsobres ; déléguer Jaucelin de Propiac pour
rece-
voir quittance des 5000 sols, bonne monnaie, qu'il avait donnés
à Agnès sa nièce, veuve de Dauphinet, en 1262, et
disposer
de sa baronnie, le 29 mai 1263, en faveur de Raymond III
(Raymond V dans l'arbre généalogique), son fils
(2).
Il était alors novice chez les Dominicains d'Avignon où
il fit profession, en 1269, et mourut vers 1280.
Une aussi longue existence a donné lieu aux méprises
et aux erreurs des historiens, et pour dissiper les ténèbres
annoncelées
autour de Raymond II, il est nécessaire d'établir
1° qu'il épousa Saure de Clérieu
et ensuite Sybille ; 2° qu'il entra chez les
Dominicains vers 1255 et s'y trouvait encore en 1280.
Les preuves du premier point se tirent d'un accord de l'année
1213, ménagé par Guillaume de Baux, où il est déclaré
que
Raymond de Mévouillon, au nom de Saure, sa femme, revendiquait
la moitié du fief tenu à Valréas par Draconet et
Ray-
mond de Montauban, père et fils, la moitié de Montbrison
et de Grillon,
(1) Inventaire des Dauphins. Diplomatique
de Bourgogne, Barthélémy n° 298.
(2) Inventaire det Dauphis n 1316. — Archives du prieuré
de Nyons Valbonnais II, 60 - Nous n'avons trouvé aucune mention
de la
guerre engagée en 1251 entre Raymond de Mévouillon
et le Dauphin Guigues si ce n'est dans Chorier, et encore cet auteur ne
donne-t-il
aucune date.
tout le château de Roussieu, le quart de Cayrarie, le fief
de Guillaume de Mirabel, deux condamines (fermes) à Rort
bel et Mezalon, ainsi que Girard Faure et son tènement, tous
biens ayant appartenu à Mételine, mère de Saure,
et le château
du Pègue, ancienne propriété de Roger de Clérieu,
aïeul de la même dame (1).
Ce n'est pas tout ; un autre acte du 18 juin 1252 nous apprend que
les châteaux des Pilles, Montaulieu, Rochebrune,
Avalon, St-Marcellin, la Roche-St-Secret et Blacons avaient été
donnés à Draconet de Montauban, lors de son mariage avec
Almuse, sœur de Raymond II (Raymond III
), par feu Raymond I, père de l'une et de l'autre (2). D'après
ces documents, de 1213 à 1252
le doute n'est donc pas possible, et il ne l'est pas davantage de
de l252 à 1281.
En effet, le 19 octobre 1256, Raymond IV
, alors novice chez les Dominicains, donnait à Saure, sa fille,
femme de Pierre Isoard,
seigneur d'Aix, une somme de 2500 sols à prendre sur ses
biens et sur ceux de Sybille, son épouse défunte, et payables
par
Raymond, son fils et héritier (3).
Or, nous retrouvons, le 19 juin 1273, la même Saure, veuve
de Pierre Isoard, d'Àix, Frère Raymond-le-Vieux, dominicain
d'Avignon, autorisé par Galtier, son prieur, Raymond, son
fils, seigneur de Mévouillon soumettant à un arbritage leurs
difficultés et celles des autres seigneurs de Visan et des
syndics de Visan et de Tulette pour droits d'usage dans la baylie de
le
Fizels et la ramière de l'Argentier et approuvant en 1274
la sentence arbritale rendue (4).
Enfin, Valbonnais, en citant l'inféodation de Mollans par
Raymond de Mévouillon à Raymond, son fils, du 22 juillet
1281
(1) Inventaire des Dauphin,
n* 1425-6-7 et 1437 Barthélémy, Inventaire n» 162
(2) id. id. ntU41.
(S) Notes de Moulinet, manuscr.
(4) L'abbé Isnard, Saint Bertrand de Garrigue pp, 401-32,
remarque Raymond, religieux de S. Dominique, Raymond, son fils et
héritier, un autre Raymond, son exécuteur
testamentaire, et un petit-fils, appelé également
Raymond. Le testament de Saure de Mévouillon du 30 décembre
1286, nom-
me encore Raymond de Mévouillon, frère de la testatrice,
Cyprien et Rodulphe ou Raoul, religieux dominicain, ainsi que
Raymond-le-Bossu : Ces deux derniers fils de Saure (1).
Il est à propos de noter ici que le Raymond chargé
d'exécuter les dernières volontés de sou père,
Raymond II ( III) le dominicain,
fut évêque de Gap (1281) et l'archevêque d'Embrun
(1289), mort au Buis en 1294 et enseveli à Sisteron dans la chapelle
de
Sainte Madeleine, où son épitaphe se lisait encore
à la Révolution.
Il avait pris l'habit de S.
Dominique à la Baume-lès- Sisteron en 1256, à l'exemple
de son père, et acquit une belle renom-
mée comme professeur et comme écrivain (2).
Au reste les Frères Prêcheurs
avaient alors assez de Mévouillon pour que d'après Moréri,
le chapitre provincial de 1282
permît à l'un d'eux, évêque de Gap, «
de choisir entre les religieux de sa famille un lecteur de physique pour
Sisteron (3). »
(1) Valbonnais.
(2) Laplane, Histoire de Sisteron
II — L'arrondissement de Nyons, notice
sur le Buis.
(3) Grand dictionnaire historique au mot Mévouillon.
Les derniers Mévouillon.
Nos lecteurs auront trouvé sans doute un peu longue la carrière
de Raymond II, puisque en lui supposant 25 ans en
1202, il en aurait 103 en 1280. Cette objection disparaîtrait
en admettant deux Raymond dans cet intervalle : l
'un mari de
Saure de Clérieu et l'autre de Sibille ; mais toutes
les recherches dans les sources à notre disposition ne peuvent autoriser
cette hypothèse.
Quoi qu'il en soit, ce point
n'est pas le seul qui restera obscur encore dans la généalogie
de cette famille ; ainsi, il est
difficile de préciser l'entrée en scène de
Raymond III, son père ayant administré la baronnie avant
de prendre définitivement
l'habit de S. Dominique. Emancipé et mis en possession de
l'héritage de ses aïeux en 1263, il reçut l'hommage
d'Isnard de
Chalancon pour Cornillon et Gornillac et prêta le sien à
l'abbé de l'Ile-Barbe pour
les mêmes terres en 1268 ; donna des liber-
tés et franchises à ses hommes de Mévouillon
en 1270 ; confia à des arbitres ses différends à
Visan et Tulette en 1273 ;
acquit le Poet-Sigillat en 1278, et traita la même année
avec les seigneurs de Brantes ; puis,
las des affaires, émancipa Ray-
mond IV (VI), son fils en 1281, et
lui abandonna la baronnie, à l'exception de Mévouillon,
Villefranche et Barret(l).
On sait qu'il avait épousé
Comitissonne et que de ce mariage
naquirent Raymond IV (VI), Béatrix,
dame de Visan, et Agathe,
femme de Bertrand de Baux d'Avellin ; mais il n'existe aucune preuve,
de son entrée en religion chez les Frères-Mineurs
d'Avignon.
Bien plus, le testament de Saure,
sa sœur, de l'année 1286 lui donne pour unique qualification celle
de seigneur de
(1) Inventaire des Dauphins
n" 1222, 1306, 1316, 1348 et 1349;
— Cartulaire de Mévouillon aux archives de la Drôme
; Inventaire de la Chambre des Comptes ;
— M. Isnard, S. Bertrand de Garrigue p. 431-32.
Mévouillon et un acte
de 1293 le dit alors défunt, ainsi que
Comitissonne (1).
Une fois maître de la
baronnie, Raymond IV (VI) s'efforça
de lui rendre son ancienne splendeur,
obtint de Bertrand de Baux
d'Avellin le quart de Brantes, la part d'Agnès de Donzère
et un huitième de Guibert, et, en 1388, de Guigues Alleman le
châ-
teau de Cornillon pour 800 livres viennoises ; comme il en devait
5000 à Bertrand de Baux, il vendit Mollans à Albert de
Médici et Barret de Lieura (de Lioure) à Isnard Rigaud
(2).
Tous ces détails, faciles
à multiplier, peuvent avoir de l'intérêt au point de
vue de l'histoire de chaque fief ; mais ils pâlissent
devant l'importance d'événements précurseurs
d'une annexion prochaine au Dauphiné.
Déjà Raymond III
avait eu à lutter contre les tentatives du comte de Toulouse et
du roi de Sicile pour s'immiscer dans ses
affaires ; son fils ne tarda pas lui aussi à se trouver en
présence d'un autre prétendant,
non moins attentif à étendre ses domaines (3).
« L'ambition des Dauphins,
dit Valbonnais, ne permettait guères à ceux qui possédaient
des terres en franc alleu dans
leur voisinage de conserver leur indépendance. »
Ausssi Raymond IV chercha-t-il
vainement à retarder l'heure fatale en vendant à l'évêque
de Valence et Die la suzeraineté
de ses fiefs pour 6000 livres, qu'il reçut en 1293 (4).
Il n'est pas facile de démêler
chez les historiens les phases de l'affaire ; toutefois, il paraît
que Raymond y déploya moins de
prudence que d'astuce.
Jean de Genève s'étant
rendu à Murât auprès de l'empereur d'Allemagne, prétendit,
au retour, exiger les frais de son voyage
(1) Valbonnais, II,
61 et 107 — Barthélémy, Inventaire des titres des de Baux n°
365.
(2) Catalogue des manuscrits de Carpentras par Lambert, III. — Inventaire
des Dauphins par M. Chevalier n- 1248.
(3) Inventaire de la Chambre des Comptes. — Del'Allodialité
dans la Drômc, par M. H. de Pisançon.
(4) Valbonnais I, 34-36 ; — II 244-45.
du clergé et des habitants
de Die ; une émeute s'ensuivit et l'évêque dut renoncer
à ses projets et lever les censures encou-
rues (1292). Ces concessions ne calmèrent les esprits qu'un
moment, tout comme en 1294, l'arbitrage du prince d'Oran-
ge: chanoines, bourgeois et artisans reprirent bientôt les
armes et choisirent Raymond de Mévouillon pour les commander. En
face d'un pareil danger, le prélat recourut à l'archevêque
de Vienne et au seigneur de Saint-Trivier en Dombes, qui lui
gagnèrent le Dauphin.
A cette nouvelle, les insurgés
s'apaisent et le prince envoie offrir à, Raymond IV, fortement
compromis, une protection
désormais indispensable et 6000 livres en espèces,
en échange de son hommage lige.
L'acte passé à Chabeuil,le 10 juillet 1293,
stipule la conservation des droits seigneuriaux du baron, la faculté
de battre monnaie à son coin, l'obligation de servir le
Dauphin dans ses guerres, sauf contre l'empereur, l'abbé
de l'Ile-Barbe et l'évêque de Vaison, le privilège
de n'être dépouillé
de ses biens, même pour trahison, qu'après jugement
du Conseil delphinal et la promesse, en cas de réclamation des terres
cédées, de restituer seulement à l'évêque
de Die les sommes qu'il avait reçues de lui (l).
Cette dernière clause
s'imposait, car Jean de Genève, instruit
du manque de parole de son vendeur, l'attaqua ouvertement et
sans succès, l'archevêque de Vienne et le seigneur
de Saint-Trivier, amis du Dauphin, ayant déclaré seule valide
la der-
nière vente, à la condition par l'acquéreur
de rendre hommage à l'évêque, de lui céder ses
droits sur Crest, Aouste et Divajeu
et de lui aider à soumettre les habitants de Die, révoltés
de nouveau.
Pendant que l'évêque
demeurait suzerain de la baronnie, Raymond IV (VI)
, devenu vassal du Dauphin, conservait ses droits
sur le Buis, Mévouillon, Mollans, Roche-sur -Buis et la Bâtie
de Cost
(1) Valbonnais, loc.
cit. et II, 68, 69, 89, 109.
et sur les fiefs tenus de lui à Alauzon, Arpavon, Autane,
Beauvoisin, Benivay, Bésîgnan,
Bâties des cols Soubeyran,
Gabaron, Gouvernet et Marsen, à Boisset, Clermont, Curnier,
Eygaliers, Châtelard et Guibert, à Montréal, Lapenne,
Pierrelongue, Plaisians, Pœt-en-Percîp, Poet-Sigillat, Propiac,
Proyas La Rochette, Sahune, Ste-Jalle, St-Sauveur et Villar.
Raymond IV, débiteur
de 1800 livres aux juifs en 1296, vendit Visan au Dauphin en 1209, entra
dans l'alliance conclue
en 1298 entre Guigues Alleman, Artaud deRoussillon et l'évoque
de Valence et Die, et soutint, en 1300, ses droits sur Mérindol,
les armes à la main (1).
Pour couvrir les frais de cette
campagne, il vendit Cornillon en 1302, et aussitôt Charles II ordonna
au sénéchal de
Provence, Richard de Gambatesa, de protester contre cette aliénation
et d'en punir rigoureusement l'auteur, qui, du reste, avait
osé s'emparer de la personne du moine venu pour réciamer
le fief au nom de son couvent (2). »
On ignorerait les suites de
cette affaire sans la cession de Séderon, en 1306, au même
Gambatesa (3).
Raymond IV (VI) paraît encore
dans plusieurs actes ou comme partie ou comme arbitre, et enfin, par acte
du 2 septembre
1317, passé à Avignon, donne au dauphin Jean les châteaux
de Mévouillon, le Buis, Ubrils
et Mérindol, avec les fiefs d 9 Alau-
zon, Arpavon, Arzeliers, Autane, Ayguians, Beauvoisin, Benivay,
Bésignan, les Bâties de Gouvernet et Pons-Guillaume, de
Châteauneuf-de-Chabre, Cost, Curnier, l'Epine, Etoile, Eygaliers,
Guibert et Châtelard, Izon, Laborel, Mollans, Montaiglin,
Montaut, Montréal, La Penne, Pierrelongue, Plaisians, Poet-Sigillat,
Poet-en-Percip, Pomet, Propiac, Proyas, Reilhanelte,
Roche-sur-Buis, La Rochette, Sahune, Ste-Jalle, St-Sauveur,
(1) Notice sur Mérindol
dans ce Bulletin — Valbonnais I, 254.
(2) Inventaire des Dauphins
n° 1240. — Inventaire des archives des Bouchcs-du-Rhône B 265.
(3) Gallia Christiana 1, 341.
Saléon, Sorbiers, Villebois et Villefranche et généralement
tout ce qui avait été donné en 1293 (1).
Cette double énumération
a l'avantage de préciser l'étendue
de la baronnie.
Le donateur se réservait
dans l'acte de 1317 l'usufruit de ses biens sa vie durant, et s'il partait
pour la Croisade, selon
son projet, en exigeait le revenu de cinq ans. Quant au donataire,
il prit l'engagement de maintenir les libertés et privilèges
de ses nouveaux sujets et de ne les astreindre à, prendre
les armes que pour faire ou soutenir le siège d'une de ses places,
de ne lever que 200 hommes pour guerre hors de la baronnie et du
Gapençais, une fois par an et pendant 1 mois, et 300 pour
guerre dans la baronnie ; dans le premier cas, il les nourrissait
à partir du 9 e jour et dans le second, à dater du 16 e
.
Il était convenu, en
outre, qu'Agout de Baux serait indemnisé et que le prieur du Buis
et le provincial des Domini-
cains, héritiers de Raymond II (IV)
et de son fils l'archevêque d'Embrun, feraient abandon de leurs
droits sur les biens cédés; que
Raymond IV (VI) autoriserait l'acquisition
de Mollans par le Dauphin et que ce prince lui donnerait Orpierre.
L'évêque de Valence
et de Die se plaignit de ce nouveau marché, mais en vain ; seul
Agout de Baux, grâce à une substi-
tution stipulée dans le testament de Raymond III, au cas
où son fils viendrait à
mourir sans héritiers légitimes, obtint 1000
livres, une rente sur le Buis et la moyenne juridiction dans la
même ville, sous réserve de l'hommage (2).
M. de Laplane énumère
encore parmi les réclamants les
Frères-Prêcheurs d'Avignon et rappelle à ce propos
la tirade
a ampoulée et philosophique » de Chorier, ajoutant
que l'historien avait confondu Raymond III avec Raymond II et les
Franciscains avec les Dominicains (3).
(1 Valbonnais I,
276 et 310; II, 165.
(2) Valbonnais loc. cit. — Barthélémy, Inventaires
des de Baux n* 1016.
(3) Histoire de Sisteron II, 523.
Ce dernier point d'histoire n'ayant pas été suffisamment
éclairci, nous ajouterons que les droits de ces religieux ne déri-
vaient pas de la législation canonique du temps, mais d'un
testament de Raymond II; car Valbon nais mentionne un legs de
2000 livres au couvent d'Avignon et l'Inventaire de la Chambre des
Comptes, une procuration de Raymond IV à Constant pour
plaider devant l'évêque de Vaison, commissaire apostolique,
contre le provincial de Provence, qui réclamait la moitié
des
revenus de la baronnie, et une invitation du même seigneur
à Pierre Isoard, d'Àix,
d'intervenir au procès (1).
Est-il exact de dire que Raymond
IV fut contraint de céder aux Dominicains un emplacement au Buis
pour bâtir un cou-
vent et une église de leur ordre et que cette créance
fut l'une des causes de la cession
de 1317 ?
Sur le premier pointée
doute n'est guère possible en présence des faits déjà
exposés ailleurs et de la mort de l'archevê-
que d'Embrun en 1294 dans la maison du Buis ; sur le second, Valbonnais
nous semble mieux informé, en attribuant la déci-
sion du dernier Mévouillon à ses relations intimes
avec le Dauphin et à son désir d'aller en Terre-Sainte (2).
Quoi qu'il en soit, certains parents de Raymond IV, irrités
de la perte de leurs espérances, cherchèrent à se
venger de
lui et gagnèrent Jean de Verdun, son cuisinier. Celui-ci,
surveillé de près et pris en délit, fut condamné
le 23 juillet 1323,
par les juges généraux de la Baronnie à être
placé nu sur un ais, lié par les pieds à la queue
d'un cheval, depuis le portail
de Mévouillon jusqu'aux limites du territoire et à
travers celui de Villefranche jusqu'au grand jardin et, en allant et ve-
nant, tenaillé en huit parties du corps par des tenailles
aiguës, rougies même, et ensuite pendu aux fourches patibulaires.
(1) Inventaire
de la Chambre des Comptes.
(2) L'abbé Vincent, Notice sur Mévouillon. — De l'allodialité
dans la Drôme.
« On ne sait, dit M. H. de Pisançon, si cette exécution
eut lieu. »
À partir de ce moment,
Raymond IV (VI) disparaît complètement
de nos annales, et Mévouillon
perd avec lui sa cour majeure,
transférée au Buis, ses honneurs et son rang de métropole.
Le dauphin Humbert II en 1349 annexe à son tour ses états
à la
France, et le village aérien n'a plus pour administrateurs
que des châtelains delphinaux ou royaux et de temps à autre
des
engagistes domiciliés ailleurs.
Les noms des châtelains
de 1331 à 1421 sont connus ; ceux des engarâtes le sont également
(I). En 1421, Charles VI,
alors en guerre avec les Anglais, aliéna Mévouillon
à Jean Louet ou Louvet, son chambellan, avec faculté de
rachat;
François I er en 1538, le céda à Pierre Bon,
capitaine de ses galères; les commissaires royaux, le vendirent,
en 1593 à
René de La Tour-Gouvernet, vers 1638 à Jean et à
Charles Dupuy-Montbrun (2) et vers
1711 aux La Tour-Montauban,
qui le gardèrent jusqu'à la Révolution.
D'après Guy Al lard,
lors de la vente en 1638 aux Montbrun, l'évéquede Die revendiqua
le fief par droit de préiation; mais un
arrêt du Parlement de Toulouse du 15 novembre 1640 décida
que les gens de main- morte ne pouvaient exercer pareil droit.
Des auteurs ont prétendu
que Raymond IV laissa une fille et lui transmit ses droits ; Guy Allard
lui donne même le prénom
de Legasse, la confondant avec Agathe, sœur et non fille du dernier
Mévouillon, et femme de Bertrand de Baux d'Avellin(3).
A la vérité, le
nom de Mévouillon survécut à Raymond IV et fut même
porté avec distinction par une branche des Grolée;
(1) Inventaire de la Chambre des Comptes.
(2) Guy Allard, notes communiquées
par M. Ad. Rochas et archives de Mévouillon à la Préfecture
de la Drôme.
L'Inventaire de la Chambre des Comptes fait acquérir la seigneurie
en 1572 par Jacques de Calignon,
parent du Chanchelier de Navarre, et cependant, Pierre Bon la possédait
encore en 1585 et 1586.
(3) Guy Allard, Dictionnaire
historique.
mais il y avait des Mévouillon à Malaucène,
à Lachau, à Ribiers et à St-Vincent-lès-Sisteron.
Ces derniers, connus dès
le XIIIe siècle, renoncèrent même en 1483, à
leurs droits de substitution sur les biens de la branche de Ribiers et
furent les
ancêtres d'un chanoine de St-Omer, orateur et écrivain
décédé en 1827,
d'un député à l'Assemblée constituante et
d'un con-
seiller à la cour de Poitiers en 1843 (1).
Nous avons déjà parlé des
Mévouillon de Lachau, qui laissèrent et reprirent
tour à tour leur nom patronymique.
Quant aux seigneurs de Ribiers
descendaient-ils des Lachau ou de toute autre branche? la question n'est
pas résolue.
(Ce qui suit est discutable !!!)
D'après un tableau généalogique imprimé,
Pierre I (1356-1385) laissa Baudoin I, Guillaume I, Lambert etc. Baudoin
I
eut pour fils Guillaume II, François etc. Guillaume I (1416),
fils de Pierre I,épousa Louise
de Grimaldi qui lui donna
Pierre II, Guillaume et Béatrix, unie en secondes noces à
un Grolée.
Guillaume I se distingua dans
les guerres de son. temps et Chorier, d'après une chronique manuscrite,
lui attribue une
partie des succès du baron de Sassenage en Italie, vers 1388.
Pierre II, seigneur d'Arzeliers
et frère du seigneur de Ribiers, fut bailli de Sisteron et Digne,
chevalier de l'ordre do
Croissant, institué par le roi René, et conseiller
du Dauphin.
Guillaume III, sénéchal
de Beaucaire et de Nîmes et marechal du roi de Sicile, cité
plusieurs fois dans les Lettres de
Louis XI, laissa ses biens à Aimar et Antoine de Grolée,
seigneurs de Bressieu, ses neveux (2).
Aimar, surnommé le Renard,
seigneur d'Arzeliers, épousa Philippine de Sassenage, aimée
du prince Zizim ; Antoine fut
lieutenant de roi et gouverneur en Dauphiné ; tous les deux
étaient nés du mariage de Jean de Grolée avec Béatrix
de Mévouillon.
(1) Laplane,
Histoire de Sisteron I, 283-4; II, 285, 455.
(2) Archives de la Drôme. — Charavay, Lettres de Louis XL
Antoine laissa un fils de même prénom, dit le
Vendeur, à cause de ses nombreuses
aliénations de terres, et périt à la
bataille de Novare.
Antoine, dit l'Oncle, et Aimar-François,
tué à Ganap en Auvergne, furent ses enfants.
Ce dernier avait eu de Catherine
d'Oraison : Catherine, alliée à Antoine de La Baume-Suze
; Laurent, mari de Marguerite de
St-Michel et Louis, créé marquis de Bressieu en 1612,
décédé sans
postérité.
Des substitutions au profit
des enfants mâles depuis Pierre en 1374, firent naître, de
nombreux procès entre
les de Morges, les La Baume-Suze et les autres héritiers
des Grolée-Mévouillon (1).
Ces détails, étrangers
à notre sujet, étaient cependant nécessaires pour
montrer Terreur des écrivains qui ont parlé des
Mévouillon.
Indépendamment des branches
collatérales, il y eut aussi des
Mévouillon dont la filiation n'est pas connue, témoin Raymond
le Bossu qui maria sa fille Galburge,en 1247, avec un Adhémar;
un autre Galburge,femme de Bertrand de Baux, dame de Serres,
et une troisième, dame d'Izon, épouse de Rostaing
de Sault et de Raimbaud de Lachau.
R.D. N°31622 18 août 1342. Ratification par le
dauphin Humbert du bail en
payement fait sous son bon plaisir, par Guillaume de Mévouillon,
seigneur de la
Val de Baret (Valbarret), à Raymbaud de Mévouillon. dit
de Lachau (de Calma),
son frère, pour tous droits paternels, maternels, fraternels
et autres, et leur
avoir à Arzeliers, Saléon, Ayguians, Ste-Colombe et Izon,
avec juridiction, pour
200 liv. de revenu ; en cas de déficit, il promet le restant
sur les terres de
Chabre et d'Etoile. Le dauphin donne son consentement à condition
que le tout
sera tenu en fief de Guillaume et en arrière-fief de lui ; il
confesse avoir
reçu pour cette concession 230 flor. d'or delphinaux... Ind.
10, ap. Tollinum,
dioc. deGrenoble, en la salle du château.
Arch. de l'Isère, Invent. Baronnies, 555 La Rochette, Juin
1215.
R.D. 555
La Rochette, Juin 1215.
Saure, épouse de Raymond de Mévouillon, par ordre de son
mari, approuve avec serment la sentence
du 1er mai 1214. Fait ap. Rochetam, témoins : Grégoire,
prieur de St-Julien, Ricavus de Caromb, Guillaume
de St-Maurice, etc.
Bibl. de Grenoble, ms. 1455 (J. Ollivier, Bibl. hist. du Dauph. XV),
274 b.
R.D. 556 (0321)
27 juillet 1215.
Bulle de plomb ronde de Raymond, baron (dominas)de Mévouillon.
ROMAN, Descr. sceaux, seign. Dauphiné, 197-8, n° 518.
R.D. R.D. 34878 Romans, 12 décembre 1346.
Henri (de Villars), etc., mande aux bailli et juge du Gapençais
de protéger Guillaume de Mévouillon, seigneur
de Val-de-Barret (Vallisbarreti), troublé dans ses possessions
par B(ertrand) de Baux, comte de Montecaglioso
( Montiscaveosi), au sujet de territoires tenus du fief delphinal. Dat.
R-nis,'per dom., asssistants le commandeurde Navarre, Amédée
de Rossillon, Amblard de Briord, Franc, de Theys et Lant. Aynardi, chevaliers.
Jo. Nicol.
Arch.de l'Isère, B. 3218 (Reg. litt. Dalph.), xliiij", 5ib.
Sommaire...Dauphiné
:
1281. — Meuillon
(de). ——Émancipation de Raymond de Meuillon par son père Raymond,
seigneur de Mévouillon, lequel lui cède en même temps
toute sa
baronnie sous certaines conditions et sous la réserve dequelques
châteaux, parmi lesquels ceux de Mévouillon, de Villefranche,
de Séderon et de Barret (la veille
des ides de [14] juillet 1281).
1242-1433. -—Meuillon (de). — Testament de Raymondet de Meuillon : il désire
être enseveli dans le cimetière de l’hôpital Saint-Jean
d’Orange, auprès
de son père, et lègue audit hôpital son roussin et
ses armes; il veut qu’on rende à ses écuyers tous les chevaux
et roussins qu’i1a reçus d'eux; il recommande
sesdits écuyers à son frère Raymond en le priant d’armer
chevaliers ceux qu’il avait l'intention d’élever à cet honneur
et de récompenser les autres; il lègue
5.000 sous de viennois, outre sa dot, à Josserane, sa femme, et
partage ses terres entre Galburge, sa fille, et Raymond, son frère
(12 des cal. de novembre [21 octobre] 1242).
- Testament de Saure, fille de feu Raymond Le Bossu, seigneur de Mévouillon,
rédigé par elle avant d’entrer dans le monastère de
Saint André
de Ramière (2) (7 des cal. dejuin [26 mai] 1247).
- Testament de Bertrand de Meuillon, seigneur de Mison (le mardi
après Sainte-Luce [15 déc.] 1248).
- Donation par Béatrix de Meuillon, veuve de Sicard Alleman, a Marguerite
de Genève, comtesse de Valentinois,
sa parente, de tous les droits qu'elle pouvait avoir du chef de Marguerite,
sa fille, religieuse dans l’ordre de Sainte-Claire,
sur la succession de Sicard Alleman, frère de ladite Marguerite,
lequel avait légué tous ses biens a sa soeur
(le lundi après la fête de SainteMarie-Madeleine, 8 des cal.
d’août [25juillet], la date de l’année manque [1300])
- Testament de Guillaume de Meuillon, chevalier, seigneur de Valbarret
et de Verclause, Sénéchal de Beaucaire et de Nimes :
il désire être enseveli dans le couvent des Frères
Prêcheurs de La Beaume de Sisteron,au diocèse de Gap; il règle
le cérémonial
de ses funérailles qu’il désire simples « ut omnis
vana gloria et fatigatio vitetur » ; legs à diverses communautés
religieuses de Sisteron,
pour la réparation del’église Notre-Dame « de Carssano
prope Sanctum Spiritum », à la Chartreuse de La Valbonne, à
l’oeuvre du pont Saint-Esprit, à Marguerite Aynard, dame de Taulignan,
sa femme ; à son fils Guillaume de Meuillon,
il laisse les châteaux de Verclause, de Lauris et de Puget, ces deux
derniers provenant de Louis de Grimaldi, beau-frère du testateur
;
autres legs a sa fille Béatrice, femme de Jean Alleman, seigneur
de Séchilienne, et à leur fils Guillaume Alleman ;a son
cousin Louis Adhémar, seigneur de La Garde, etc. . .; enfin il institue
pour héritier son fils Pierre de Meuillon
(5 avril 1428).
1270.Mévouillon. ——Privilèges accordés aux habitants
de Mévouillon par Raymond de Mévouillon, seigneur dudit lieu,
fils de feu Sibylle et de frère Raymond de Mévouillon l'ancien,
profes dans l’ordre des Frères Prêcheurs : « Considerans
dictus nobilis vir. . .
dicte universitatis homines tot servitutum esse et fuisse perlonga tempora
astrictos, qui eorum servitutis onera vix poterant supportare;
item quod olim omnes homines liberi de jure naturali nascebantur ; les habitants
de Mévouillon seront à l’avenir exempts
de l'obligation « pannorum acomodandorum ad opus lectorum faciendorum
supra in dicta curia de Medu»
llone ad quod tenebantur ab antiquo...; item de onere fidejussionum quo
tenebantur dicto domino fidejubere
penes quoscunque ultra summam centum solidorum monete communiter currentis
in baronia Medulionis,
dicti homines... ultra dictam summam sint in antea liberi et immunes...
exceptis tamen firmanciis et fidejussionibus
pro dicto domino et heredibus et successoribus ejus faciendis pro treugis
guerre et placitis guerre et pro
magna emptione et magna causa et magno placito » ; si un homme de
la communauté paye quelque chose pour
le compte du seigneur dont il se serait faitla caution, il ne pourra, tant
qu’il n’aura pas été remboursé, être
contraint de figurer dans une nouvelle caution en faveur du seigneur‘ ou
de ses héritiers; si un habitant
de la communauté désire quitter Mévouillon, il pourra,
avant de se lier à un autre seigneur par l’hommage,
« pactum vel juramentum n, vendre à un autre habitant de la
franchise les biens qu’il possède dans la
ville ou la campagne, en prenant l'autorisation du seigneur, a condition
de lui payer le trezain et les lods
a et quod res non alienentur in personas prohibitas et, quod dominus possit
retinere res vendendas eodem
pretio et quod emptor ad onera portanda rerum emptarum... sit ydoneus atque
aptus »; mais si, avant de
Vendre ses biens, il prête serment ou hommage à un nouveau
seigneur, ses biens seront ipso facto confisqués
au profit du seigneurde Mévouillon; les habitants auront le droit
de tester et de disposer de leurs biens
meubles; mais ils ne pourront faire héritiers de leurs immeubles
des parents au delà du quatrième degré;
pour être héritier il faudra être habitant du château
de Mévouillon; les successions ab intestat seront dévolues
aux parents les plus proches, jusqu’au quatrième degré; s’il
n’y a pas d’héritiers à ce degré, les successions seront
attribuées au seigneur « exclusis uxoribus ); les habitants
seront exempts de toutes les corvées, sauf de la corvée
de bois qu’ils doivent un jour par an à la cour de Mévouillon;
le seigneur s’interdit le droit de donner, de vendre
ou d’échanger les pâturages du château de Mévouillon
et de son territoire, si ce n’est en cas de guerre du seigneur
ou de ses amis ; les habitants pourront faire paître leurs bestiaux
à Gresse depuis Noël jusquïä Pâques; au cas où
le seigneur viendrait a transgresser la présente charte, il pourrait
être censuré par l'évêque de Gap et l'archevêque
d’Aix; les habitants s’engagent a fournir, dans le délai d’un mois,
dix lits garnis « ad opus stageriorum dicti castri »;
ils paieront chaque année au seigneur un cens plus ou moins élevé
suivant le nombre de boeufs qu’ils possèderont;
« quilibet vero brasserius et ministerialis cujuscunque ministerii
sit, teneatur dare, nomine predicto, tres solidos monete
predicte singulis annis »; pour la défense du château
de Mévouillon,les habitants devront entretenir à leurs
frais « cercas, trasaors et scortas et alios custodes quotquot erunt
necessarii... ad arbitrium predicti domini,
dum in castro fuerit... et eo absente, ad arbitrium bajuli ejus »;
de même ils devront tenir un ou plusieurs
gardiens aux portes toutes les fois que cela sera nécessaire; chaque
année le seigneur ou son baile devront
instituer avec l'assentiment des habitants ((duos agrimensores vel extimatores
>>pour remplir ces fonctions
selon l'ancien usage; tarif du droit de « carnagium » ; les
habitants seront tenus de porter les messages
du seigneur ou de son baile suivant un tariffixé; les « probi
homines et magis valentes » n'y seront
astreints qu’en cas d’absolue nécessité; les habitants feront
le guet dans le château « secundum modum
consuetum et quantitatem hactenus usitatam »; le seigneur pourra interdire
l’exportation des blés de sa
terre, « non quidem occasione extorquende pecunie sed aliqua causa
legitima atque justa » ; les habitants
paieront chaque année le vingtain de toutes leurs récoltes
"et rebus quibus usi sunt ", lequel, par le seigneur
ou son baile et deux prud’hommes de la communauté, sera employéàla
fortification du château; les
habitants paieront double cens dans les cas ci-après : ‘si le seigneur
marie sa fille, s’il est armé chevalier, s’il
part pour la croisade, s’il achète une seigneurie, s’il se rend en
cour de Rome ou auprès de l'Empereur et,
enfin, s’il est prisonnier; le cens ne pourra être doublé deux
années de suite; les habitants devront au
seigneur le service « de placito et de guerra », toutes les
fois que cela sera nécessaire; ils,offriront l’hospitalité
aux étrangers qui viendront à la cour de Mévouillon
; « item retinuit expresse predictus dominus quod
neque homines predicte universitatis, neque aliqui eorum, neque eorum successores
possint facere nec
debeant pactum seu pacta, conventionem seu conventiones, juramentum seutjuramenta
inter se vel cum
alio vel aliis hominibus vel universitate aliqua in prejudicium predicti
domini seu ejus successorum n; au
cas où certains articles de ces franchises seraient douteux ou obscurs,
« predicti homines minime in hiis se
gaudeant privilegio libertatis n; les habitants devront prêter hommage
et jurer fidélité au seigneur toutes les
fois qu’ils en seront requis; il leur est interdit de se placer sous la
sauvegarde d’un roi, comte, prince, prélat,
seigneur d’une autre terre, contre le seigneur de Mévouillon; s’ils
le faisaient, leurs biens seraient remis
a la merci du seigneur; le seigneur se réserve sur le château
de Mévouillon, son territoire et mandement
et sur les hommes qui l’habitent le « merum et mixtum imperium n,
et toute juridiction; pour la punition
des délits on suivra les anciens usages ; les habitants acquitteront
toutes les années suivant l'usage
« pascayragia de caseis »; « ab omnibus autem et singulis
exactionibus et toutis et quistis, exceptis supra
per predictum dominum Raymundum exceptatis et retent.is predictus dominus
Raymundus... predictos
syndicos, nomine quo supra et totam dictam universitatem et homines dicte
universitatis et eorumdem
quemlibet et successores eorum absolvit, liberavit. . et aquitiavit et immunes
et quitios reddidit atque
fecit » (Mévouillon, 17 des calendes de janvier [16 décembre]
1270).
« Avignon, 3 novembre 1338.
Transaction entre Humbert, dauphin de Viennois, duc de Champsaur, comte
de Vienne et d’Albon, et palatin, et Guillaume de Mévouillon
, seigneur de Val de Barret, en suite d’une amende de 26240 flor.
d’or et de la confirmation du droit et parerie de Laborel, dioc. de Gap.
avec ses régales que led. Guil. tenait en fief des prédécesseurs
du dauphin. à quoi il avait été condamné pour
avoir enlevé et violé plusieurs femmes et commis d’autres
crimes, de tout quoi il avait appelé au dauphin : par cet acte il
abandonne au prince son droit au château de Laborel et promet de lui
payer 3000 flor d’or delphinaux, moyennant quoi il est quitte des condamnations
et confrontations. »
(Document vu dans : la notice 29429 du Regeste Dauphinois, ou Répertoire
chronologique et analogique des documents imprimés et manuscrits
relatifs à, l’histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes
à l’année 1349, Tome V, d’Ulysse Chevalier page 666
Arch. dép. Isère, B 3019 – auquel renvoie ce paragraphe, est
un manuscrit en latin de 1338 (Reg. Humb. Dalph. Notae Guig. Frumenti),
iij, II Invent. Baronnies, I, 300 : 36I. Il est en trop mauvais état
pour être consulté directement, mais reste accessible sous
forme de microfilm (cote 2 Mi 367) en salle de lecture des Archives départementales
de l’Isère.
P Isnel.
© JG 2005