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Croix de Toulouse ou croix "de chez nous" ?

Introduction
La croix des marquis de Provence
La croix de St Gilles.
Autre origine possible de la croix de Toulouse.
La chapelle Sainte-Croix, au sommet du mont Ventoux.
Sources



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Introduction
        La croix de Toulouse est aujourd’hui le symbole de la région Midi-Pyrénées de celle du Languedoc, de Toulouse et de l’Occitanie.
        On lui attribue plusieurs significations symboliques : les 12 boules sont les 12 Apôtres, les 12 mois, les 12 portes, les 12 signes du zodiaque, et les trois boules de chaque branche représentent la Trinité…
        C’est un symbole culturel fort, montrant l’attachement millénaire des gens du Sud à leur société méridionale.
        Cependant, voilà quelques faits historiques  :


La croix des marquis de Provence

        La capture de Saint Mayeul, originaire d’Apt et célèbre Abbé de Cluny, par les Sarrasins ( en l’an 972) et sa libération contre rançon, provoqua une mobilisation générale afin de se débarrasser définitivement de ce fléau.
        Guillaume le Libérateur et son frère Roubaud, auréolés de la gloire de leurs victoires devinrent les maîtres incontestés de la Provence et prirent le titre de Marquis, c’est-à-dire de chef militaire de la Marche de Provence, qui s’étendait alors de l’Isère à la Méditerranée.
        Guillaume, comte à Arles, fut le fondateur de Sarrians avec Saint Mayeul : Lorsqu’il meurt, en 993, il se fait inhumer dans le prieuré de Sarrians.
        Une charte de l’abbaye de Cluny datée de 1031-1048 donne les origines du prieuré clunisien de Sarrians. C’est probablement au cours de l’entrevue de la Barthelasse (993) que Guillaume, sentant sa fin prochaine demanda l’assistance spirituelle de Mayeul et fit don de Sarrians à l’abbaye de Cluny pour y construire une église. Elle fut construite et consacrée entre 1031 et 1040 par l’archevêque d’Arles, Raimbaud de Reillane, en présence des petit-fils de Guillaume [167]. Elle fut dédié, ente autres, à la Croix et on y fit élever une chapelle de la Sainte-Croix. Elle abritait certainement un reliquaire renfermant un morceau de vraie croix.
        Ce morceau de vraie croix, au pied du mont Ventoux, a dû être vénéré par les populations car cette période, autour de l’an mil, était marquée par un fort mysticisme et une grande peur. La fin du monde étant proche, de nombreux seigneurs faisaient appel à la religion, donnaient leurs terres ou prenaient l’habit de moine pour racheter leurs fautes. On ne compte plus le nombre d’actes de donation en faveur de l’Eglise, monastères et abbayes, dans la région. Pendant une cinquantaine d’années, au moins, les haut dignitaires des pouvoirs provençaux, descendants de Guillaume ou de son frère Roubaud, se réunirent chaque année, semble-t-il pendant la semaine de l’Ascension, en séance plénière, près du tombeau de Guillaume [167] comme le prouve des nombreux actes signés à Sarrians ( en 1036, 1037). 
        Roubaud, frère de Guillaume, marquis de Provence et comte à Avignon, eut une fille, Emme ou Emma de Provence, dite « de Venasque », qui épousa, vers l’an 990, Guillaume III Taillefer, comte de St Gilles. Par ce mariage, Emma apporta en dot une partie du marquisat de Provence dont les terres du futur Venaissin et sûrement son emblème, la croix de Venasque, celle de son père et de son oncle, les marquis de Provence.

o voir la généalogie des marquis de Provence (2 pages)


        Geoffroy, petit-fils de Guillaume, mort vers 1063, fit sculpter sur sa pierre tombale une croix tressée, élargie aux extrémités et cantonnée de quatre fleurs. Emma de Venasque était contemporaine de ce Geoffroy.
       

        Nombreux sont les grands seigneurs de notre région, vassaux des marquis de Provence, qui adoptèrent pour emblème une croix du même type (celle de leurs suzerains ?) :

           Venasque        Gigondas       Forcalquier        Adhémar de la Garde
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Croix de Venasque :
D’abord la Maison de Venasque, à deux pas de Sarrians, qui porte ces armes depuis bien longtemps et dont la description de l'an 1043 précise qu'elle était d'azur sur champ d'or. Le sceau de la famille de Venasque, de 1094, représente cette croix avec toutes ses caractéristiques. Elle décore le tombeau de Geoffroy de Venasque à l'abbaye de Sénanque.
VENASQUE
 
  Une autre pierre tombale, celle de François de Thézan, est conservée au baptistère.On sait qu'un membre de cette famille épousa la dernière héritière de la famille de Venasque.        

thezan


 

Croix de Gigondas :

Celle de Gigondas, village tout prêt de Sarrians, portait la même croix, d'argent sur fond d'azur, aussi depuis le XIIe siècle, au moins.
On le voit, la croix grecque, patté, cléchée, vuidée et pommetée a pour origine le Marquisat de Provence (qui deviendra Venaissin).

Elle est grecque car les branches sont de même longueur ; 
elle est pattée ou atésée car ces branches s'élargissent du centre vers l'extérieur ; 
elle est cléchée car les extrémités se referment en formant une pointe saillante ;
elle est vuidiée car évidée de manière pour faire apparaître à l'intérieur une croix plus petite ;
elle est pommetée car les points saillants sont couronnés de boules {trois par branche). 


Croix de Forcalquier :

En 1168 apparaît la croix de Bertrand II de Forcalquier. Toujours au XIIe siècle, celle des Adhémar de la Garde (Paréol) et celle des vicomtes de Marseille.
 
a ................f ... Sceaux de Guillaume III de Forcalquier


forcalquier Sceau du comte de Forcalquier en 1230.(Louis Blanchard - 1860)


 
La croix de St Gilles.

        Taillefer, comte de St Gilles, marquis de Provence par Emma, vécut le plus souvent sur les bords du Rhône. A sa mort en 1037, il fut inhumé dans un sarcophage dont la cuve de pierre prend appui sur trois paires de colonnettes aux chapiteaux sculptés de la croix « plutôt pattée que cléchée ».
        Lorsque Raymond IV de St Gilles, petit-fils de Taillefer, dota en fiefs l’abbaye de St André d’Avignon, le sceau comtal qu’il utilise représente une croix « cléchée, vidée et pommetée » qui deviendra l’emblème du Languedoc.
         Lorsqu’il prend la tête de la croisade, en octobre 1096, la « croix de gueules d’or, cléchée, vidée et pommetée » sur fond pourpre sert-elle de bannière au ralliement des Provençaux et des Languedociens ? Rien ne permet de l’affirmer mais reconnaissons qu’il y a quelques probabilités à cela. De nombreux nobles de la région, les Adhémar, les Baux, les Sabran, les Agoult, les Raimond, les Venasques, les Porcelets, sept nobles de Malaucène,  se rangent sous l’étendard de Saint Gilles. 


sceau


1220 : sceau des comtes de Toulouse pour le Venaissin.

r4
       Raymond IV, Saint Gilles, mort en 1105, fut le premier des comtes à arborer cette croix particulière et les nombreux seigneurs du marquisat qui l’accompagnèrent dessinèrent peut-être sur leur écu, ce « double faisceau de six lances entrecroisées définissant douze extrémités organisées en croix à branches égales ». Portèrent-ils très haut cet emblème « écarlate à la croix d’or à douze boules » lors des prises des grandes villes d’Orient, Antioche ou Jérusalem ou bien adoptèrent-ils ce symbole au retour de leur croisade ?

        On peut imaginer que ce fut le signe de ralliement des Provençaux et des Languedociens. 



 
Autres origines possibles de cette croix :

        A Venasque, la pierre tombale ou dalle funéraire de l'évêque Bohétius (583-604) fut exhumée au XVIe siècle : elle présente des similitudes, avec la croix de Venasque connue six ou sept siècles plus tard : croix pattée et rosaces.
        Cette dalle est visible à Notre-Dame de Vie (Venasque)

notredamdevie

 

        A Toulouse, on trouve des origines bien plus lointaines à cette croix : Un autel gallo-romain du IVe siècle, à Garin en Haute-Garonne porte une croix à douze extrémités. Au Ve siècle, une monnaie frappée par les rois wisigoths, alors maîtres de l’Aquitaine, porte une croix cléchée, elle aussi à douze extrémités.

a ...............a .............
Croix copte          Croix de Constantinople 

            Il y a plus longtemps encore, la croix copte à 12 boules de Saint-Maurice existait au IVe siècle et était utilisée par l’église copte d’Alexandrie et par le Grand Patriarcat de Constantinople. Saint Maurice fut honoré par les Burgondes chrétiens dont dépendait la Provence. Saint Maurice est le patron du village de Caromb.

burgonde
Boucle en os de l'époque burgonde.
Fin du Ve siècle.
Elle est ornée d'un chrisme.

        On sait aussi qu’une telle croix, dite " nestorienne " existait dans le Turkestan chinois vers l’an 450.

n Croix nestorienne

        Et puis, on se demande si cette croix de Toulouse vient d’Emma de Venasque ou bien si les Venasque portent cette croix parce qu’Emma a épousé "leur" comte Taillefer, de Saint Gilles au bord du Rhône…

        Allez donc savoir !

 
 
catalogne Croix du XIIe ou XIIIe siècle en Catalogne.


Croix de Toulouse :


        Alfonse-Jourdain et Raymond V de Toulouse, successeurs de Raymond IV de Saint Gilles, n’utilisèrent pas cette croix. Il faut attendre Raymond VI, en 1194 et 1222, pour voir re-apparaître cette « croix grecque à branches égales, cléchée et pommetée d’or dont les extrémités des branches sont triplement bouletées et perlées », qui restera l’emblème des comtes de Toulouse. Son sceau, utilisé dans les actes du Marquisat porte cette croix avec le mot « Venaissini », en 1222.
croix 1222
Sceau du marquisat en 1222

Pour les comtes de Toulouse, cette croix fut l’emblème de leur titre de marquis de Provence. Elle deviendra emblème de l’Occitanie.  
 

Sceau de Raymond VI, marquis de Provence.

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jeanne Sceau de Jeanne Plantagenêt, épouse de Raymond VI
de 1196 à 1199. Marquise de Provence, elle porte la croix sur son bras (agrandissement).
a Bulle de Raymond V, attestée en 1171, pour le Marquisat de Provence.

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Frise représentant la croix et la fleur de lys. Don d'Alfonse de Poitiers 
et de son épouse Jeanne de Toulouse (Lisle-sur-Tarn).
Milieu du XIIIe siècle.


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  Sceau d'Alphonse de Poitiers

 
La chapelle Sainte-Croix, au sommet du mont Ventoux.

        Quoi qu’il en soit, en Comtat Venaissin on a toujours porté très haut cette fameuse croix. D’abord sur les armoiries des familles nobles et ensuite par la vénération de toute une région : Entre 1500 et 1504, l’évêque de Carpentras, Pierre Valétariis, neveu du pape Sixte IV, fit édifier, au sommet du mont Ventoux une chapelle « Sainte-Croix ». Cette chapelle devint très vite un lieu de pèlerinage. Saccagée en 1562 par les troupes calvinistes de Puy-Montbrun alors que le baron des Adrets assiégeait la ville de Carpentras, elle fut reconstruite à la fin du XVIIe siècle, sur l’initiative du chanoine César de Vervins du chapitre d’Avignon.

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La chapelle Sainte-Croix
au sommet du mont Ventoux.

            Extrait de la carte de Jacques de Chieze Orangeois

        Au hasard des Archives communales, on trouve des traces de la ferveur comtadine : ainsi, pour la Pentecôte de 1583, 6.000 pèlerins des villages du Comtat montent à la Sainte Croix du mont « Ventour ». « Des pèlerins venant de partout (de Bollène, Valréas, du Dauphiné et de la Provence) se dirigent vers le sommet du Ventoux où se trouve depuis le début du siècle la chapelle Sainte-Croix, afin de remercier le ciel de la paix retrouvée. On montait, dit Guimier (Histoire de Malaucène) par groupe de deux cents ou trois cents et selon un ordre réglé d’avance, si bien qu’il se trouva là-haut, pour la Pentecôte, des milliers de personnes ».
        Au mois de mai 1584, les processions de Beaumes, d’Entrechaux de Vaison et de Montdragon, retournant du Ventoux et aussi de Notre-Dame-de-Vie (près de Venasque) passent par Caromb où la municipalité leur offre une collation.
        La bêtise révolutionnaire, après avoir décrété Bédoin « infâme » va jusqu’à faire détruire cette chapelle Sainte-Croix au sommet du Ventoux. Elle sera relevée à nouveau en 1818. S’étant écroulée au début du XXe siècle, une nouvelle chapelle fut inaugurée en grande pompe le 20 juillet 1936. 

           Alors ?
        Laissons à nos historiens le soin de trouver de nouvelles preuves sur l’origine de cette croix, aujourd’hui communément appelée « de Toulouse » et continuons à croire, au pied du Ventoux, qu’elle est « de chez nous », sûrement de Venasque.  
 




Sources :
    - P.G. Ruffino : les comtes de Toulouse, des croisades aux Cathares
    - Général François Barillon : Sainte-Jalle, une autre histoire de la Provence
    - Bertran de La Farge : Raimon VI, le comte excommunié, et divers articles sur cette croix.
    - Jean Antoine Pithon-Curt : Histoire de la noblesse du Comté Venaissin, d’Avignon et ...
    - Hervé Aliquot - Robert Merceron : Armorial d’Avignon et du Comtat Venaissin.
    - Carte : extrait de la carte de Jacques de Chieze Orangeois de 1627.
    - Dessins de l’auteur d’après la documentation existante.


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