Etienne de Vesc,
Sénéchal de Beaucaire
1491-1501


L'historien Commynes, dans ces Mémoires,  présente Etienne de Vesc comme « homme de petite lignée » et « natif de Languedoc ».
Il se trompe car Etienne est originaire de la Drôme provençale. Vesc est un petit village situé près de Dieulefit
.
Nomination
Le 29 mai 1489, le roi Charles VIII le nomme premier président lai (laïc) de la Chambre des comptes de Paris, concierge du Palais et sénéchal de Carcassonne.
Par ordonnance du 28 décembre 1490, le roi publie un réglement de la justice pour toute la province du Languedoc

Le 3 mars 1491 , Etienne quitte la sénéchaussée de Carcassonne pour remplacer le grand écuyer Pierre d'Urfé, comme sénéchal de Beaucaire et Nimes (1).
Il est alors le représentant du roi dans toute cette sénéchaussée qui est la plus grande de France :
Outre Beaucaire et Nîmes, elle couvre Nîmes, les vigueries de Beaucaire, Sommières, Meyreuils, Le Vignan, Anduze, Alès, Roquemaure, Bagnols, Uzès, Saint-André,
Pont-Saint-Esprit, Aigues-Mortes, Marjevols, Lunel et Montpellier, ainsi que des bailliages du Velay et du Vivarais.
Comme sénéchal, il est nommé châtelain et viguier des châteaux royaux de Nîmes et de Gallargues (3), charges qui restèrent par la suite entre les mains de
ses successeurs au siège de Beaucaire et Nîmes.
C'est le premier magistrat du Languedoc, l’équivalent de président de région actuel.


La résidence du sénéchal avait été transférée à Nîmes définitivement par des lettres-patentes du duc, gouverneur du Languedoc, au mois de mai 1384 (2).
Ce poste lui confére des attributions administratives, judiciaires et financières.
Le gouverneur est alors Pierre II duc de Bourbonnais et sire de Baujeu.
Le roi le gratifie d'un don de 8,000 liv., pour « aider le sénéchal à s'acquitter d'une grande dette. »
Ménard, dans l'Histoire de Nîmes (), cite une ordonnance qui prouverait qu'en 1492, la pension était portée à 4,000 livres.

Il fait dresser un cadastre fiscal consignant les libertés et franchises pour plus d’équité. A compter de cette date, les textes le désignent par "Monsieur le Sénéchal".
Ses revenus sont importants : pension de 800 livres comme chambellan, gratification de 4.000 livres par an comme sénéchal et don de 8.000 livres de Charles VIII.
Périodiquement, il rend la justice dans des Assises publiques.
Il fait accorder quelques nouvelles franchises et autres privillèges à la ville de Beaucaire. Grâce à ses foires, Beaucaire a une influence considérable sur le ommerce dans tout le sud de la France.
Sa puissance s'exprime par sa participation aux grands évènements de l'époque : il œuvre au rattachement des provinces du royaume et prend part activement au gouvernement de la France.
Son nom se trouve au bas des actes d'Union de la Provence et de la Bretagne à la France, en 1486, 1492 et 1493


(1) Lancelot, dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles lettres, tome Xlll, p. 370, donne cette date (3 mars 1490, ancien style), et en eflet le nom du
« sire de Grimauld, sénéchal de Beaucaire, » figure au bas d'un acte de mars avant Pâques (Trésor des chartes, JJ 521, n° 292).
Ménard (Histoire de Niines, tome IV, p. 39) ne place l'entrée en fonctions du nouveau sénéchal que vers le mois de septembre 1491;
Guiran, dans ses Recherches sur les Sénéchaux de Beaucaire et Nîmes, p. 126-130, ne cite point dacte antérieur à 1492.
Les dossiers du Cabinet des titres et la collection de Quittances du Cabinet des manuscrits (vol. 112 à 117) renferment
une foule de pièces émanées d'Etienne de Vesc ou de ses lieutenants en la sénéchaussée, dont les principaux furent : Etienne Brueys,
Thomas de Vénejan, le juge mage G. de Montcalm, Bernard Nicolay, etc.
(2) Académie des Sciences et des Lettres de Montpellier, Mémoires de la section des lettres, vol. 6 ; 1860
(3) Ménard, Histoire de Nimes, tome IV, p. 63.
(4) Ménard, Histoire de Nimes, tome IV, p. 40.

Sous Charles VIII
Guerre d'Italie : Les véritables titres que porta depuis lors Etienne de Vesc, et qu'on retrouve dans les ordonnances de la sénéchaussée de Beaucaire, sont :
Dux Astuli et Nole, cornes Avellini et Atripalde, magnus camerarius Sicilie, consiliarius et cambellanus régis, senescallus, etc.
Ménard, Histoire de Nimes, tome IV, Preuves, p. 67.

Les historiens portent témoignage que le trépas inattendu du roi Charles VIII  plongea Guillaume Briçonnet dans une profonde douleur. Sans nul doute ce deuil fut partagé par Etienne de Vesc,
le compagnon de tous les temps, celui qui, depuis l'enfance et bien avant même le cardinal, s'était consacré tout entier au fils de Louis XI ; mais il ne dut point assister aux derniers moments du prince,
car les annales de Nimes nous font connaître qu'il passa les trois premiers mois de 1498 dans sa sénéchaussée, tout occupé (1) de préparer, avec l'assistance d'une cour de vingt-cinq docteurs ou licenciés,
que présidait le juge-mage Guillaume de Montcalm, un fort sage règlement sur l'abréviation des procès et la discipline des avocats (2 mars 1498).
...
Vers le même temps, pendant le carême, la sénéchale vint le retrouver à Nimes, en compagnie du nouveau général des finances, Jacques de Beaune, et reçut de la ville un présent de six lamproies (poisson qui ressemble à une anguille) .

On ne le retrouve qu'aux obsèques du roi, portant les bords du drap d'or qui recouvrait le cercueil avec trois autres chambellans, du Bouchage, de Piennes et du Moulin,
puis suivant à pied le cortège funèbre lorsqu'il entra, le 29 avril, dans Paris.

1. Ms. fr. 17519, fol. 253 v°.
2. Cf. Cherrier, tome II, p. 427.
3. D'Argentré et Arnould le Ferron, cités par Bretonneau, p. 82-83, et par le Gallia christiana, tome IX, p. 144.


Sous Louis XII :


Etienne de Vesc fut maintenu dans la charge de concierge du Palais et dans celle de sénéchal de Beaucaire par le roi Louis XII
.
En cette dernière qualité, il figura, avec les sénéchaux de Toulouse, de Lyon et d'Armagnac, à l'entrée solennelle du souverain dans Paris ( juillet).
peu après, il obtint pour la ville de Nimes la confirmation de ses anciens privilèges, avec autorisation d'y établir lïndustrie des draps et des soieries,
et eut mission d'aller recevoir l'hommage que les vassaux de la sénéchaussée devaient au nouveau roi.

En décembre 1498 , il est de retour à Nîmes, avant de partir pour l'Italie.
Le 12 décembre, nous le voyons prendre part, comme troisième commissaire, à l'ouverture des États de Languedoc.

En août 1499, il assiste l'installation de Jean de Chalon, rétabli dans sa souveraineté d'Orange.

Au printemps 1500, Etienne de Vesc participe aux préparatifs de l'entreprise qui devait lui tenir si fort au coeur.
Il n'avait pas figuré aux côtés du roi lors de l'entrée solennelle à Milan, car l'administration de sa sénéchaussée et surtout les armements maritimes le retenaient sur
les côtes du Languedoc et de la Provence.
A cette époque; le sénéchal participe aussi à une mission auprès de Venise où s'était réfugié des Milanais après la conquête royale.
Au milieu du mois de septembre 1500, le sénéchal de Beaucaire, qui se rendait alors aux États de Languedoc, fut envoyé au-devant
d' une nouvelle ambassade de
Naples que Louis II refusa de recevoir.
A la fin de l'année 1500 et aux premiers de l'année 1501, tous les soins furent pour la flotte, destinée à seconder l'armée
déjà prête à fondre sur le royaume de Naples. Le sénéchal fut particulièrement désigné pour présider aux armements de Provence (1).

Avant de partir vers l'Itale, Etienne marie son fils Charles : le contrat est signé , le 12 juin 1501. Alors, Etienne de Vesc prit le chemin
d'outre-monts, laissant sa sénéchaussée aux soins de Thomas de Béziers, seigneur de Vénéjan, et il rejoignit à Milan, auprès
du cardinal d'Amboise, les principaux personnages désignés d'avance pour l'administration des pays conquis ou à conquérir.


(1) Lettre de Louis XII au pape, reproduite dans le journal de Sanudo,  col. 1337, 1338, 1362, 1372 et 1635.

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