Nomination
Le 29 mai 1489, le roi Charles VIII le nomme
premier président lai (laïc) de la Chambre des comptes de
Paris, concierge du Palais et sénéchal de Carcassonne.
Par ordonnance du 28 décembre 1490, le roi publie un réglement
de la justice pour toute la province du Languedoc
Le 3 mars 1491 , Etienne quitte la sénéchaussée
de Carcassonne pour remplacer le grand écuyer Pierre d'Urfé,
comme sénéchal de Beaucaire et Nimes (1).
Il est alors le représentant du roi dans
toute cette sénéchaussée qui est la plus grande
de France :
Outre Beaucaire et Nîmes, elle couvre
Nîmes, les vigueries de Beaucaire, Sommières, Meyreuils,
Le Vignan, Anduze, Alès, Roquemaure, Bagnols, Uzès, Saint-André,
Pont-Saint-Esprit, Aigues-Mortes, Marjevols,
Lunel et Montpellier, ainsi que des bailliages du Velay et du Vivarais.
Comme sénéchal, il est nommé
châtelain et viguier des châteaux royaux de Nîmes et
de Gallargues (3), charges qui restèrent par la suite entre les
mains de
ses successeurs au siège de Beaucaire
et Nîmes.
C'est le premier magistrat du Languedoc, l’équivalent de président
de région actuel.
La résidence du sénéchal avait été
transférée à Nîmes définitivement par
des lettres-patentes du duc, gouverneur du Languedoc, au mois de mai
1384 (2).
Ce poste lui confére des attributions
administratives, judiciaires et financières.
Le gouverneur est alors Pierre II duc de Bourbonnais
et sire de Baujeu.
Le roi le gratifie d'un don de 8,000 liv., pour
« aider le sénéchal à s'acquitter d'une grande
dette. »
Ménard, dans l'Histoire de Nîmes
(), cite une ordonnance qui prouverait qu'en 1492, la pension était
portée à 4,000 livres.
Il fait dresser un cadastre fiscal consignant
les libertés et franchises pour plus d’équité.
A compter de cette date, les textes le désignent par "Monsieur le
Sénéchal".
Ses revenus sont importants : pension de
800 livres comme chambellan, gratification de 4.000 livres par an comme
sénéchal et don de 8.000 livres de Charles VIII.
Périodiquement, il rend la justice dans des
Assises publiques.
Il fait accorder quelques nouvelles franchises et autres privillèges
à la ville de Beaucaire. Grâce à ses foires, Beaucaire
a une influence considérable sur le ommerce dans tout le sud de la
France.
Sa puissance s'exprime par sa participation
aux grands évènements de l'époque : il œuvre au
rattachement des provinces du royaume et prend part activement au gouvernement
de la France.
Son nom se trouve au bas des actes d'Union
de la Provence et de la Bretagne à la France, en 1486, 1492 et
1493
(1) Lancelot, dans les Mémoires
de l'Académie des inscriptions et belles lettres, tome Xlll, p.
370, donne cette date (3 mars 1490, ancien style), et en eflet le nom du
« sire de Grimauld, sénéchal
de Beaucaire, » figure au bas d'un acte de mars avant Pâques
(Trésor des chartes, JJ 521, n° 292).
Ménard (Histoire de Niines, tome IV, p.
39) ne place l'entrée en fonctions du nouveau sénéchal
que vers le mois de septembre 1491;
Guiran, dans ses Recherches sur les Sénéchaux
de Beaucaire et Nîmes, p. 126-130, ne cite point dacte antérieur
à 1492.
Les dossiers du Cabinet des titres et la collection
de Quittances du Cabinet des manuscrits (vol. 112 à 117) renferment
une foule de pièces émanées
d'Etienne de Vesc ou de ses lieutenants en la sénéchaussée,
dont les principaux furent : Etienne Brueys,
Thomas de Vénejan, le juge mage G. de
Montcalm, Bernard Nicolay, etc.
(2) Académie des Sciences et des Lettres
de Montpellier, Mémoires de la section des lettres, vol. 6 ; 1860
(3) Ménard, Histoire de Nimes, tome IV,
p. 63.
(4) Ménard, Histoire de Nimes, tome IV,
p. 40.
Sous Charles VIII
Guerre d'Italie : Les véritables titres que porta depuis lors Etienne
de Vesc, et qu'on retrouve dans les ordonnances de la sénéchaussée
de Beaucaire, sont :
Dux Astuli et Nole, cornes Avellini et Atripalde, magnus
camerarius Sicilie, consiliarius et cambellanus régis, senescallus,
etc.
Ménard, Histoire de Nimes, tome IV, Preuves, p. 67.
Les historiens portent témoignage que le trépas
inattendu du roi Charles VIII plongea Guillaume Briçonnet
dans une profonde douleur. Sans nul doute ce deuil fut partagé
par Etienne de Vesc,
le compagnon de tous les temps, celui
qui, depuis l'enfance et bien avant même le cardinal, s'était
consacré tout entier au fils de Louis XI ; mais il ne dut point
assister aux derniers moments du prince,
car les annales de Nimes nous font connaître
qu'il passa les trois premiers mois de 1498 dans sa sénéchaussée,
tout occupé (1) de préparer, avec l'assistance d'une
cour de vingt-cinq docteurs ou licenciés,
que présidait le juge-mage Guillaume
de Montcalm, un fort sage règlement sur l'abréviation
des procès et la discipline des avocats (2 mars 1498).
...
Vers le même temps, pendant le carême,
la sénéchale vint le retrouver à Nimes, en compagnie
du nouveau général des finances, Jacques de Beaune,
et reçut de la ville un présent de six lamproies (poisson
qui ressemble à une anguille) .
On ne le retrouve qu'aux obsèques
du roi, portant les bords du drap d'or qui recouvrait le cercueil
avec trois autres chambellans, du Bouchage, de Piennes et du Moulin,
puis suivant à pied le cortège
funèbre lorsqu'il entra, le 29 avril, dans Paris.
1. Ms. fr. 17519, fol. 253 v°.
2. Cf. Cherrier, tome II, p. 427.
3. D'Argentré et Arnould le Ferron, cités par
Bretonneau, p. 82-83, et par le Gallia christiana, tome IX, p. 144.
Sous Louis XII :
Etienne de Vesc fut maintenu dans la
charge de concierge du Palais et dans celle de sénéchal
de Beaucaire par le roi Louis XII
.
En cette dernière qualité,
il figura, avec les sénéchaux de Toulouse, de Lyon et
d'Armagnac, à l'entrée solennelle du souverain dans Paris
( juillet).
peu après, il obtint pour la ville
de Nimes la confirmation de ses anciens privilèges, avec autorisation
d'y établir lïndustrie des draps et des soieries,
et eut mission d'aller recevoir l'hommage
que les vassaux de la sénéchaussée devaient au
nouveau roi.
En décembre 1498 , il est de retour
à Nîmes, avant de partir pour l'Italie.
Le 12 décembre, nous le voyons
prendre part, comme troisième commissaire, à l'ouverture
des États de Languedoc.
En août 1499, il assiste l'installation
de Jean de Chalon, rétabli dans sa souveraineté d'Orange.
Au printemps 1500, Etienne de Vesc participe aux préparatifs
de l'entreprise qui devait lui tenir si fort au coeur.
Il n'avait pas figuré aux côtés
du roi lors de l'entrée solennelle à Milan, car l'administration
de sa sénéchaussée et surtout les armements maritimes
le retenaient sur
les côtes du Languedoc et de la Provence.
A cette époque; le sénéchal participe aussi à
une mission auprès de Venise où s'était réfugié
des Milanais après la conquête royale.
Au milieu du mois de septembre 1500, le sénéchal
de Beaucaire, qui se rendait alors aux États de Languedoc, fut envoyé
au-devant
d' une nouvelle ambassade de Naples que Louis II
refusa de recevoir.
A la fin de l'année 1500 et aux premiers de l'année
1501, tous les soins furent pour la flotte, destinée à
seconder l'armée
déjà prête à fondre sur
le royaume de Naples. Le sénéchal fut particulièrement
désigné pour présider aux armements de Provence (1).
Avant de partir vers l'Itale, Etienne marie son fils Charles : le contrat
est signé , le 12 juin 1501. Alors, Etienne de Vesc prit le chemin
d'outre-monts, laissant sa sénéchaussée aux soins
de Thomas de Béziers, seigneur de Vénéjan, et il rejoignit
à Milan, auprès
du cardinal d'Amboise, les principaux personnages désignés
d'avance pour l'administration des pays conquis ou à conquérir.
(1) Lettre de Louis XII au pape, reproduite dans le
journal de Sanudo, col. 1337, 1338, 1362, 1372 et 1635.