Source : Mémoires de l’académie de Vaucluse, Janvier 1921, de H. Chobaut
En 1707, lors de la guerre de succession d’Espagne, sous Louis XIV, le comte de Savoie et les impériaux envahirent la Provence, mais grâce à la belle résistance de Toulon
et du comte de Grignan les troupes impériales furent rapidement repoussées.La Provence délivrée, la menace persista sur les terres du Pape en Italie. Légat et recteur demandèrent aux Comtadins et aux Avignonnais de contribuer
à la défense des Terres de Saint-Pierre. Ils organisèrent une levée de troupes aussi bien à Avignon que dans le Comtat (1708).L’organisation de cette levée fut difficile et très peu de volontaires se présentèrent. Alors il fallut utiliser des officiers recruteurs, augmenter la solde promise.
Ce ne fut pas suffisant et un arrêté obligea les communautés à fournir chacune un nombre d'hommes proportionnel au chiffre de leur population.
Il faut se souvenir que le Comtat Venaissin, à cette époque, ne comptait guère plus de 100 000 habitants.
Basé sur la population des villages, Caromb devait fournir 54 soldats , Bédoin à peu près le même nombre (52), Malaucène et Mazan dont la population était
plus nombreuse durent fournir respectivement 64 et 76 personnes.(*1)On tira au sort les noms de ceux qui devaient partir. Certains achetèrent leur remplaçant. La levée se fit très lentement, parfois avec violence de la part des recruteurs.
Des garnisaires installèrent chez les parents des réfractaires.Fin octobre 1708, après quatre mois de tergiversations, beaucoup de mécontentement, d’épreuves de force, et pour un coût de 200.000 livres,
une petite armée fut constituée : deux régiments du Comtat et du deux bataillons d'Avignon prirent la route de l’Italie pour aller défendre les Etats du pape Clément XI
menacés par les Impériaux. Direction Marseille où les galères pontificales, génoises et françaises attendaient leur arrivée.L’embarquement prit du temps jusqu’au 26 octobre. On n'avait pas encore mis à la voile le 9 novembre. Le mauvais temps ralentit la navigation.
Le convoi presque tout entier, ayant sa route coupée par l'escadre ennemie, fut obligé de chercher un asile dans la rade de Toulon.
La saison étant avancée et la mer incertaine, M. de Grignan fit débarquer les bataillons réfugiés à Toulon et leur assigna des quartiers d'hiver à Hyères et à Brignoles.
On apprit bientôt la nouvelle de la paix conclue entre le Pape et l'Empereur. Avignonnais et comtadins furent renvoyés dans leurs foyers et licenciés sans retard, au début de 1709.Ainsi nos 54 courageux soldats carombais et leurs voisins rentrèrent chez eux après avoir fait un petit tour en mer et touché leur solde, sans avoir vu le moindre soldat impérial.
*1) Musée Calvet, ms. 2398, fol. 93, et ms. 2904, fol. 502.