Sommaire :
I) en Artois
II) Savigny-sur-Orge
III) Châteauneuf
de Mazenc
IV) En Comtat Venaissin et Principauté
d'Orange
V) Forcalqueiret, Châtaurenard
et Boulbon-Châteauneuf
VI) La baronnie de
Grimaud.
VII) Les biens
d'Uzès.
Les Fiefs de ses successeurs
:
I) En Artois, la seigneurie
d’Hersin
Source : M. de Boislisle.
Etienne posséda une seigneurie en Artois, celle d'Hersin (1), qui
lui appartenait déjà en 1487 (2).
(1) Hersin-Coupigny (Pas-de-Calais).
(2) Acte du 8 mai 1487, relatif à Savigny, conservé au Cabinet
des titres.
II) Au sud de Paris, Savigny-sur-Orge
Source : M. de Boislisle.
Par son épouse, il possède
aussi une seigneurie en Ile de France, Savigny-sur-Orge, qu’il agrandit
par l’achat des terres voisines de Viry, Thorigny, Orangis,
la Borde
La seigneurie de de Savigny-sur-Orge, lui
vint en partie des parents de sa femme (1) et en partie d'une cession
faite par les héritiers de Jean Haberge. évêque
d'Évreux.
Ce prélat, qui reçut
plusieurs fois la visite de Louis XI à Savigny dans les voyages que
la cour faisait entre Paris et la Touraine, avait obtenu, au mois de mars
1474,
le don de la haute justice, « mère, mixte et impère
» ; mais les lettres royales n'avaient pas été
dûment entérinées. « Tantost après lequell
don et transport, ladicte terre
et seigneurie de Savigny fust advenue et escheue à nostre amé
et féal conseiller et premiervalet de chambre, Estienne
de Vestz, bailli de Meaulx, tant par droit
qu'il y avoit lors à cause de nostre chère et bien amée
Anne Courtois, damoiselle, sa femme, comme par accord par lui fait avec
les héritiers dudit évesque. »
Louis XI renouvela le don de la haute justice au profit du
nouveau seigneur, en mars 1480 ; Charles VIII lui accorda des
lettres de confirmation, qui furent signées
à Vincennes, au mois de septembre 1484, « ayans
en mémoire, dit cette pièce, les grans, continuelz et recommandables
services que ledit Estienne de Vestz nous
a faiz par longtemps, tant nous estant
daulphin que depuis nostre advènement à la couronne,
qu'il nous fait et continue à présent en grant soing, cure
et diligence,
et espérons que plus face cy après (2) . » Etienne
de Vesc rendit hommage de la seigneurie de Savigny, le 27 octobre
1482 et le 24 juillet 1488, aux seigneurs de Graville et
de Fourchainville. Autorisé à
deux reprises différentes, par des lettres patentes de juillet 1486
et de janvier 1488, à « remparer et fortifier de fossés,
murailles, tournelles,
donjons, pont-levis et autres fortifications''»
le château, qui était situé dans le fief de la Vicomtesse,
et même à détourner le chemin royal pour
agrandir ses constructions,
le bailli en fit une très belle demeure, à «
trois corps d'hôtel, portail et galerie à l'entour
et grande basse-cour au-dedans, le tout environné de fossés,
avec dix à douze arpents
environnés de murs^ »
A cette terre de Savigny, qui comprenait
une foule de fiefs et d'arrière-fiefs , avec les deux
rivières d'Orge et d'Yvette, Etienne de Vesc joignit,
par des acquisitions successives,
de 1483 à 1488, la totalité ou partie de trois
seigneuries voisines,Viry, Thorigny et Orangis (3).
Dans les limites de l'Ile-de-France, il
avait encore la seigneurie de Montesson et deux fiefs attenants,
la Borde, dont il rendit hommage par procureur, le 12 janvier
1489 (4),
et où, vers le même temps,
il fit changer de place le bac et le péage (5), et Montdidier,
situé de l'autre côté de la Seine, dans la
paroisse de Maisons.
A Charenton-Saint-Maurice, il avait une grande ferme (6).
(1). Anne, fille de Guillaume Courtois.
Celui-ci avait rendu hommage en 1473 du fief de la Vicomtesse, qui avait
été acquis en 1468 par son
beau-père, Jean Marcel, avocat
au parlement, et qui passa, en 1478. aux mains d'Etienne de Vesc.
(2) Trésor des chartes, JJ 215,
n° 42
.
(3) Voir, dans le ms. Clairambault 922, les pièces 31 et 32. Cf.
Sauvai, recherches sur Paris, tome III,
p. 484; Le Beuf, Diocèse de Paris, ome XII, p. 37 et 88;
hommages rendus par les héritiers d'Etienne deVesc, aux
Archives nationales, P 2, n° VIe LXIX, et P 3, n° IXc XLII.
(4)
Arch. nationales, P 129, n° lxxvii. Le procureur qu'on voit s'occuper
de ses affaires ou de celles de ses héritiers jusqu'en 1508, était
Robert Surreau, écuyer,
seigneur de Maudegris, prévôt de Corbeil, qu'il
mit à la tête de la Chambre des comptes (Sommaire) de Naples,
pendant l'occupation de 1501.
(5). Notice historique sur les terres et seigneuries
de la Borde et de Montdidier, par Me la baronne A. de Girard-Vezenobre (1877),
p. 4-6.
Le fief de Montdidier était placé en face de celui
de la Borde, de l'autre côté de la Seine, relevant l'un de
la Bretèche et l'autre de Maisons.
(6). L'énumération de ces
biens est donnée dans une déclaration faite par
ses héritiers, le 10 avril 1541 (ms. Clairambault 922).
III) Dans la Drôme, le
fief de Châteauneuf de Mazenc
«En Dauphiné, non loin des fiefs que les diverses branches
de la maison de Vesc possédaient de toute ancienneté, il
eut Châteauneuf-de-Mazenc, que les héritiers
du bâtard Lancelot de Poitiers lui cédèrent
le 10 décembre 1490, moyennant 10,000 livres (1), et où il
obtint, en octobre 1492, la création de deux foires annuelles et
d'un marché hebdomadaire,
« pour plus grandement réédifier et repopuler
le lieu ».
(1) 2. Notice historique sur Châteauneuf-de-Mazenc, par le
baron de Coston, p. 30; L'Arrondissement de Montélimar, géographie,
histoire et statistique, par A. Lacroix, tome II (1872), p. 69.
Inventaire sommaire des archives départementales
antérieures à 1790. Drôme : archives civiles. T.
II. Séries D, nos 1 à 72, E, nos 1 à 2670 / rédigé
par M. A. Lacroix,...
1500-1598
— Ventes : par noble Jacques de Bologne, de Châteauncuf-de-Mazenc,
à noble et puissant Étienne de Vesc, baron de Grimaud
et de Châteauneuf,
représenté par Jean Bachasson, son procureur général,
d'une maison sise au Bourg, pour 60 florins petite monnaie ;
— par Pierre Fayn à noble Guillaume de Saint-Ferréol,
sieur du Mas, de 6 sétérées de terre à
Barilhe, pour 120 écus d'or sol.
— Lettre de Louis XII au gouverneur et aux gens des Comptes
de Dauphiné, portant que Charles de Vesc, écuyer, seigneur
de Grimaud, a prêté
hommage, entre les mains du chancelier, pour la seigneurie de
Châteauneuf-de-Mazenc.
— Transaction entre le même Charles de Vesc et les syndics
et habitants de Châteauneuf au sujet des amendes imposées
par les officiers de justice dudit seigneur, pour dommages causés
aux récoltes, du port d'armes offensives, du parjure,
du logement des gens de mauvaise vie, du péage, de l'arrosage
des terres et l'appuyage des maisons, etc.
« Au regard des cries que personne n'aye à aller,
après l'heure de l'Ave Maria, sans lume ni feu, (les habitants)
demandent icelles être révoquées touchant ceux qui
vont et
» viennent de leurs labouraiges, nourrissaiges et négoces,
déclarant les consuls que pour ceux qui pour ribler et vagabonder
vont par ville de nuit, pour les gallants,
» gratte portes et vagabonds n'entendent pas soy opposer
ni contredire à la crie susdite. »
— Baux à ferme : par Jean de Vesc, baron de Grimaud,
à Aimar d'Ourches, de Châteauneuf-de-Mazenc, de l'émolument
(revenu) des péage, leyde et pul-
vérage exigés audit lieu, pour lioo florins chaque
année ;
— par les fermiers de la seigneurie Vioud, Allian et Saulces,
à Domons et Buffet, du ban (amendes) dominical ou des revenus
en provenant, pour 96 florins.
— Dénombrement ou déclaration des biens de noble
Aimar de Clieu (Cliou), à Châteauneuf-de-Mazenc : sa maison
d'habitation au bourg dudit lieu, une grange de 455 sommées,
près de Souspierre, une terre franche de 1 sommée
où se trouve un vieux colombier, estimées 1 4 livres,
etc.
— Hommage rendu à la Chambre des Comptes de Grenoble
par de Sordis, procureur de Jeanne de Vesc, dame de Sault, pour Châteauneuf-de-Mazenc
et le péage de Serres.
— Liève des censes du commandeur de Poët-Laval,
ordre de Malte, à Châteauneuf : Louis de Lasalle doit
6 deniers pour un pré aux Levandières; Jean de Lasalle
doit 2
émines de blé pour une terre au Vivier, etc.
— Évaluation des monnaies d'après l'arrêt
de la Chambre des comptes de Grenoble, du 19 mars 1592, rendu en faveur
des habitants de Serres contre François de Bonne, seigneur de
Lesdiguières ; le turon vaut 6 sols et le sol 1 6 deniers
; le sol bonne monnaie, 3 sols 8 deniers; le denier d'or, 34 sols ; l'obole
d'or, 1 7 sols, etc.
E. 1538. (Liasse.) — 77 pièces, papier.
IV) En Comtat Venaissin / Principauté
d'Orange
Il achète
le fief de Saint-Hippolyte en1488 (1).
La même année, Jean II de Châlons, prince d’Orange,
lui donne en fief la seigneurie de Suzette
en retour de services rendus à la bataille de Saint-Aubin(2,
3), et, en 1490, celle de Châteauneuf-Redortier
(4).
Pour ces fiefs, Etienne est vassal du prince d’Orange.
Ainsi, Etienne se constitue un domaine important
autour de Caromb, en Comtat Venaissin et en principauté
d’Orange.
(1) Selon un répertoire conservé à la bibliothèque
d'Aix, le château inhabité de Saint-Hippolyte fut vendu
à Etienne de Vesc, le 17 octobre 1488,
par nobles Jacques Candolle et Paulette Vincent. (Communication de
M. P. de Faucher, de Bollène à M de Boislisle.)
(2) Jean II de Chàlons, prince d'Orange
depuis 1475, s'attacha au parti du duc d'Orléans et fut pris par
l'armée royale à la bataille de Saint-Aubin-du-
Cormier ; mais il fut ensuite un de ceux qui contribuèrent
au mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne, et, plus tard, en 1499,
il obtint de
Louis XII la restitution de la souveraineté d'Orange, que son
père avait été obligé de vendre à Louis
XL
(3) L'acte de donation (ou de vente) fut passé à Nantes
le 25 septembre
1489, et Etienne fut mis en possession le 23 novembre suivant, étant
représenté
par Antoine d'Ancezune et Pierre de Vesc.
(4) Don fait à Nantes le 23 juin 1490; investiture du
23 août suivant de Châteauneuf-Redorlier (aujourd'hui un hameau
de la commune de Suzette).
V) En Provence, il a Forcalqueiret,
Châtaurenard et Boulbon-Châteauneuf
En Provence, Etienne eut plusieurs terres qui avaient fait partie
du domaine des anciens comtes : Forcalqueiret, Château-Renard, Bourbon-Châteauneuf
(1)
et Grimaud (voir ci-après).
(1) Probablement Boulbon, bourg voisin de Tarascon.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6341207x/f2.item.r=%22Etienne%20de%20Vesc%22.texteImage
PRÉCIS HISTORIQUE DE LA BARONIE DE CHATEAU-RENARD.
CHAPITRE VIII.
Jean Cossa, accomplissait, si on en croit un vieux parchemin
dont la fidélité est incertaine,
à regret la mission qui lui était confiée. Le
prudent et sage conseiller avait remontré au roi que
cette saisie était faite au préjudice de
l'équité. On dit, qu'en apercevant sur un des
murs du château le portrait de Louis de Beauvau : c
Ah ! bon séneschal, dit-il, que dois-tu dire là-hault ?»
On voit aisément par les lettres" patentes ob- tenues
par Frédérick de Lorraine, que le bon
roi Réné ne s'était porté qu'à
contic-cœur à
condescendre aux sollicitations de son gendre, - car on y
trouve cette clause, à savoir : que Pierre de Beauvau, neveu de Louis
de Beau-
vau, continuerait de jouir et percevoir les fruits, rentes
et revenus des terres du dit Louis de Beauvau, comme il avait toujours fait,
nonobs-
tant la réunion au domaine, jusqu'à ce que le
dit comte de Vaudemont eut transigé -avec Pierre de Beauvau
pour les droits acquis par
le dit Louis de Beauvau sur les dites terres, attendu que
Louis de Beauvau, son oncle, les avaient achetées et obtenues à
deniers comp-
tants. Mais le roi Réné ne tarda pas à
s'expli- quer plus nettement et à reconnaître
ses torts et l'injustice-qu'il avait faite à
la mémoire de
Louis de Beauvau et de ses héritiers , par sa déclaration
du 22 novembre 1462. Par des lettres contraires, signées le 4 avril
1468, il
confesse qu'il a sans raisons et sans causes, - réuni
à son domaine Ja place 'de Château-Re-
nard et les autres biens qui appartenaient à
Louis de Beauvau et à ses héritiers, et il déclara,
qu'il voulait que Pierre de Beauvau fut mis
en possession des dites seigneuries , incessam-
ment et qu'il jouit sans conteste de l'héritage de
ses pères et prédécesseurs. La bonté et la loyauté
furent toujours le propre du caractère de Réné ;
celte action est d'autant plus noble et généreuse,
qu'il est plus facile à un souverain de
commettre une faute que de la réparer et surtout de la reconnaître.
Les lettres patentes dont nous venons de parler furent confirmées
par une relaxation ou
main-levée authentique donnée à Pierre
de Beauvau par acte du 10 avril 1474, par lequel1
le dit Pierre fut réintégré dans les terres de
Château-Renard, Rognonas, les îles d'Ampal et
de Barban,et Eyragues,pour en jouir comme de son propre bien,etc. Cet acte
fait également
foi des grands services que Louis de Beauvau avait rendus
à l'Etat, aussi bien que ses héritiers et notamment Pierre
de Beauvau,
qui avait toujours été élevé à sa cour
, en la même familiarité que ses bien-aimés Guillaume
des Baux, Barthélémy et Gabriel de
Valori (1). »
La même almée, Pierre de Beauvau reçut
investiture et soumission de possession de tous ses
domaines, et il en fut paisible possesseur
jusqu'en 1493, époque à laquelle il vendit Châtean-Renard
à Etienne de Vesc.
Les biens les plus considérables de la maison de Beauvau
étaient situés en Anjou et en Lorraine
; les terres que Pierre possédait en
Provence ne pouvaient lui convenir longtemps,
(1) Lettres patentes;
à eause de l'éloignement de sa première
patrie. Il proposa au roi Réné de les lui remettre
en échange d'autres terres qui seraient plus à
sa convenance, et Réné enchanté de rentrer
dans cette belle seigneurie que ses ancêtres
avaient toujours affectionnée, fit échange, le 8
juin 1476, de cette terre contre la prévôté
et ville de Gondrecourt et de Vieune-Ie-Châlel
, au baillage de Clermont, le tout situé dans le
duché de Bar.
Pierre partit pour la Lorraine;mais il y trouva de telles difficultés
pour s'y faire reconnaître, qu'ayant de nouveau reeours à la
bonté
inépuisable de Réné, il obtint, par acte
du 21 avril 1477, annulation du dit échange.
- C'est là le dernier acte émané des -comtes
de Provence en faveur des seigneurs de Château-Renard
et celui qui fortifie le plus la juste
et légitime possession de cette baronie. En 1688, un
arrêt rendu en faveur de la noblesse de Provence confirma d'une manière
irrévo-
cable et à perpétuité les aliénations
faites par les comtes de Provence, avant la réunion de cette
province à la couronne ; de ce nombre
est la baronie de Château-Renard.
Mais il était écrit que Pierre de Beauvau ne
serait jamais possesseur tranquille de la baronie. En 1489, il fut troublé
dans sa possession
par un procès inique,qui lui fut intenté par
les hoirs du fameux évèque de Gap
, Laugier- Sapor, dont nous avons tant parlé. Pierre fut
assigné devant le grand-sénéchal et sommé
de, restituer Château-Renard et ses annexes, comme héritage
légitime de Laugier-Sapor. La par-
tie principale était alors Louis de Gast, seigneur de
la Barge , chambellan du roi Charles VIII. Ignorant le vice essentiel des
prétentions
des hoirs Sapor, craignant l'événement d'un procès
aussi important contre un favori entreprenant , hardi et héritier,
sans doute , de la
-turbulence de la famille Sapor, Pierre de Beauvau résolut
de vendre tout ce qu'il possédait en Provence.
Il était grand-sénéchal de Lor-
raine et avait-été assez troublé dans
sa possession pour ne plus vouloir encourir de nouveaux ennuis ; il chercha
un âcheteur et il ne
se fit pas longtemps attendre.
Etienne de Vesè, sénéchal de Beaucaire
et chambellan du roi Charles VIII, trouva cette
seigneurie à sa dévotion , étant déjà
seigneur
de Caromb, qui n'en est pas éloigné. Il était
extrêmement riche, et sa fortune qui avait été
rapide au service de son jeune prince , s'était
encore accrue , en 1492 , de la meilleure part des 8000 ducats
d'or que Ludovic le More avait fait distribuer aux chambellans de Charles
VIII,
pour les corrompre et les mettre dans ses intérêts.
Ludovic y réussit, car Vesc conseilla à son
maître l'expédition du royaume de Naples, et
voilà le résultat de la politique de Louis XI
; il avait entouré son fils de valets salariés
: ils firent leur office.
Dans de pareilles circonstances, Etienne de Vesc ne cru! pns
pouvoir mieux, cmployer son argent qu'en achetant une baronie célèbre
et
en se recrépissant au moyen de la gloire des autres,
llentra en marché avec Pierre de Beauvau,et le 10 avri 1493, l'acte
de vente fut
passé, moyennant 15000 ducals d'or, que l'acheteur pàya
comptant,comme il appert par cet acte.
Les patentes de possession (4) que nous donnons aux pièces
justificatives sont très-importantes, car elles constent que la terre
d'Eyra-
gues était annexée à perpétuité
à celle de Château-Renard et sous sa dépendance
et sa suzeraineté. Le baron de Château-Renard y est qua-
lifié seigneur d Eyragues, Rognonas, des iles d'Ampal
et de Barban, et les titres sont encore aujourd'hui les même^. C'est
en vain qu'on a
imaginé un marquisat et des seigneurs particuliers à
Eyragues ; ce village n'a jamais été
le siège de marquisat, comté , vicomié ou ba-
ronie, et il serait impossible à qui que ce soit d'en
montrer les lettres patentes d érection. Le baron de Château-Renard,
en 1857 , comme
en 1493, ajoute à ses titres celui de seigneur d'Eyragues,
et il l'est.
Philippe de Comines nous apprend, par ses mémoires sur
la vie de Charles VIII, que cet Etienne de Vesc était d'une basse
extraction.
Il servit dans ses premières années en qualité
de valet de chambre , sut capter la confiance
du roi, et ce fut principalement à ses instiga-
tions et à celle de Brissonet, que Charles entreprit
la guerre d'Italie, malgré l'avis de tout ce qu'il y avait de sage
en France. Après le témoi-
gnage de Comines sur Etienne de Vesc et sur sa naissance, nous
ne commencerons qu'à lui la généalogie de sa famille.
Etienne de Vesc n'eut pas beaucoup de loisirs à consacrer
aux améliorations et aux réparations qu'il prétendait
faire au château et à à
terre depuis son acquisition ; il fut obligé de suivre
Charles VIII à cette expédition qu'il avait si coupablement
suggérée. Ce prince
quitta Vienne le 23 août 1494 ; tout ce que put faire
Vesc fut de prêter hommage au roi pour toutes ces terres qu'il tenait
de Pierre de
Beauvau et encore pour la baronie de Grimaud. Ce ne fut que
quatre mois après, en novembre 1494, que Charles VIII revint en France
-
et Etienne de Vesc commença à s occuper de ses
intérêts propres ; il ne négligea rien pour
affermir ses droits. -
En 1496, il fit effacer les armes de Beauvau qui étaient
sur la porte du château et sur celle de la
ville et y substitua les siennes. Ce fut
pitié que de voir les puux d'un chambellan annobli au
lieu et place des lionceaux couronnés des sénéchaux
de Provence , d'Anjou et de
Lorraine. De son mariage avec Anne Courtois, d'une origine
analogue à la sienne, Vesc n'eut qu'un flls, Charles de Vesc. Il fit
par testament du
18 janvier 1501 , une substitution réelle et graduelle
de la baronie de Château-Renard à ses successeurs , de mâle
en mâle, l'aîné pré-
féré aux autres, et il porta cette substitution
à l'infini, suivant les termes exprès
de cette disposition. Il mourut dans cette volonté en 1500.
Source : La France littéraire, artistique, scientifique
/ dir. Adrien Peladan Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1858-05-15
VI) Il est aussi baron de
Grimaud dans le golfe de St-Tropez.
M de Boislisle :
Lettres données à Vincennes, en février 1492,
et à Loches, en février 1501. (Trésor des chartes,
JJ 226 B, n 34, et 234, n° 176.)
Grimaud avait été donné par le roi René
à son chambellan napolitain Jean Cossa, en ne réservant que
l'hommage et le serment de fidélité.
Gaspard Cossa ayant vendu la baronnie à Honorât de Berre,
seigneur d'Entraunes, ce fut à l'occasion de cette vente, et avant
de se porter acquéreurs,
qu'Etienne de Vesc et sa femme reçurent en don les droits du
suzerain. Il leur fut facile, par suile, de rembourser à Honorât
de Berre le montant du prix
d'achat et des frais.
Inventaire général des papiers renfermés
dans les archives du château de Grimaud : auquel on a joint
l'histoire de la maison de Castellane de Provence, pour servir à
celle de Castellane St-Jeurs et Grimaud, fait en l'année 1781
N°3
- Inféodation de la terre, la tour et lieu de St-Tropez,
faite par Jean Cossa, baron de Grimaud, à Raphaël de Garefio
de Parnecio, seigneur italien. Du 15 octobre 1470. Notaires : Cyprian
de Valence, de la Clachou et Jean-Jacques, à Aix.
Page 34
N°4 Confirmation de l'inféodation
de la terre de St-Tropez donnée par le roi René en
faveur du seigneur et habitans dud. lieu, et accordée à
Jean Cossa, baron de Grimaud. Du 18 février 1472.
- Donation et confirmation par le roi
René en faveur de Jean Cossa, baron de Grimaud de ladite baronnie
en 1441 et 1484 ; Gaspard Cossa, baron de Grimaud, vendit la baronnie
à Honoré de Berre, en l’année 1485 (Fauchier,
notaire d’Apt). Le roi Charles VIII la retint par droit de prélation
royale et céda son droit à Etienne de Vesc, son chambellan,
le 8 mai 1485. Laquelle investiture et donation a été enregistrée
à la Cour des Comptes de Provence
N°1
Lettres patentes données par Charles
VIII, roi de France, du don du droit de lods, quints et requints,
ventes et autres droits royaux, en faveur d’Etienne de Vesc, pour la
vente que Gaspard Cossa a faite ou pourra faire du marquisat de Grimaud
et ses dépendances. Du 18 mai 1485.
N°7
- Donation faite par le roi Charles VIII
à Etienne de Vesc des gabelles et droit de faire du sel à
Grimaud et en vendre à tous les vassaux de la baronnie de Grimaud,
au profit dudit baron, et autres pièces relatives à la
concession. Du 27 mai 1492
- Nouvelle concession faite à
Etienne de Vesc par Charles VIII, en 1492 ;
- Hommage rendu à Charles de Vesc,
baron de Grimaud, fils d’Etienne, par le seigneur de St-Tropez, Antoine
de Seve, le 3 juillet 1503 (notaire Raymond Campronius de Hyères).
Cet hommage montre l’étendu des droits du baron de Grimaud,
qui y est reconnu pour le primitif seigneur de tout le golfe par ce
seigneur de Saint-Tropez, qui ne se qualifie que de vassal.
N°6 - Nota : Gaspard Cossa, baron de Grimaud, vendit
la baronnie à Honoré de Berre, en l’année 1485
(Fauchier, notaire d’Apt). Le roi Charles VIII la retint par droit
de prélation royale et céda son droit à Etienne
de Vesc, son chambellan, le 8 mai 1485. Laquelle investiture et donation
a été enregistrée à la Cour des Comptes
de Provence.
Les trois liasses cottées n°6 contiennent les
extraits et copies d'achats, donnations, confirmations, privilèges
faits par Etienne de Vesc de la baronnie de Grimaud ; ensemble des investitures
des rois Charles VIII, Louis XII et François Ier, rois de France,
et une confirmation de tous les droits accordés aux anciens
barons de Grimaud sur tous les lieux et dépendances de la vallée
de Freinet.
- Donation faite par le roi Charles VIII
à Etienne de Vesc des gabelles et droit de faire du sel à
Grimaud et en vendre à tous les vassaux de la baronnie de
Grimaud, au profit dudit baron, et autres pièces relatives
à la concession. Du 27 mai 1492
- Hommage rendu à Charles de Vesc,
baron de Grimaud, fils d’Etienne, par le seigneur de St-Tropez, Antoine
de Seve, le 3 juillet 1503 (notaire Raymond Campronius de Hyères).
Cet hommage montre l’étendu des droits du baron de Grimaud,
qui y est reconnu pour le primitif seigneur de tout le golfe par ce
seigneur de Saint-Tropez, qui ne se qualifie que de vassal.
VII) les biens d'UZES
Donation inédite de Louis XI en faveur d'Etienne
de Vesc.
Source :
Société archéologique
de Montpellier (Montpellier) Date d'édition : 1855
Quiconque s'est tant soit peu occupé
d'histoire connaît les deux personnages dont il est question,
le premier surtout, l'habile et actif
monarque, aux habitudes
finement bourgeoises, qui, grâce à ses bons tours, a
conquis un rang si considérable parmi les fondateurs de la
politique moderne. Mais il
reste encore nombre de particularités à apprendre
soit sur lui soit sur son « féal conseiller et chambellan
»
Etienne de Vesc (1). Le document
que j'édite appartient à ce dernier ordre de faits.
Il provient d'archives où
personne n'aurait certainement eu l'idée
(1) Philippe de Commines écrit,
je ne l'ignore pas, Estienne de Vers. Mais je me range préférablement
à l'orthographe adoptée par Le Laboureur et par
De Foncemagne.
Cette manière a aujourd'hui prévalu.
Il convient toutefois de remarquer que le manuscrit dont il
s'agit porte Estienne de Vest
; et c'est aussi de la
sorte que le même nom figure en tête
d'un Vidimus d'une ordonnance de Charles VIII du 31 août
1493, conservé dans les archives municipales de Montpellier,
Grand chartrier, Arm. G, Cass. III, No 48, et
au bas de lettres patentes du même prince, du 20 mars 1488,
Arm. C, Cass. XX, N" 43.
de l'aller chercher, et j'en ignorerais moi même
l'existence, s'il ne m'était par hasard tombé
sous la main. Je l'ai découvert au fond d'une
armoire de la maison commune de Cournonierrat,
en exhumant les matériaux qui m'ont servi à reconstruire,
avec les origines consulaires
de ce village l'un des plus curieux épisodes
de l'histoire du Tiers-État au XIVe siècle.
C'est un document original, couché, en
écriture de l'époque même, sur une feuille
de parchemin (1) large de 0m42 et haute de 0m36, mais
repliée par le bas jusqu'au tiers de sa
hauteur. Le sceau royal qui en assujettissait le pli a disparu,
sans laisser d'autre vestige que la hande
où il reposait. On aurait tort, toutefois,
de se prévaloir de cette disparition pour amoindrir la
validité de la pièce; il n'en est pas de plus
sincèrement ni de plus solidement authentique.
Comment, se demandera-t-on un acte de cette nature
a-t-il pu s'égarer ainsi dans un village des bords de
la Méditerranée?
I! ne m'est guère possible, on le comprend
de résoudre sans appel le problème. Mais voici
plusieurs indications qui rendront
le fait moins difficile à expliquer.
On rencontre, d'une part, dans les archives de
Cournonterral divers papiers concernant l'ancienne ville épiscopale
d Agde, et paraissant avoir
appartenu à un prêtre de ce village,
dont les manuscrits auront été, par mort ou autrement,
réunis au dépôt commun. Et nous apprenons,
ensuite, en consultant les listes du Gallia Chrisliana,
qu'Agde a eu successivement pour évêques, à
partir de 1494, deux prélats de la
famille de Vesc, Jean et Antoine (2). Le premier
(3) fut le propre fils de
(1) Une main du XVIIe siècle
a inscrit au dos de cette feuille l'étrange note indicative
que voici:
« Lettres pattantes ne servant de rien
pour la communauté, sy se n'est a ung H certain homme
appellé Estienne de Vest, bally de Meaulx,
(2) Voy. Gall. Christ., VI, 697. Cf. HI, 1226.
(3) On lui doit le Bréviaire d'Agde, publié
en 1510. Jean de Vesc avait été, avant d'occuper
le siège épiscopal d'Agde,
chanoine et chantre de la Sainte-Chapelle de
Paris, puisévêque de Vence. Il tint le siège
d'Agde de 1491 à 1528, époque où il le céda
à
son parent Antoine de Vesc, qui fut transféré,
à son tour, vers 1530, au siège de Valence.