Mise à jour 4/05 Copyright JG © 2005

 - Le Col de l'Autaret ou
     Histoire de Bellino
 - Les Thèmes associés
 - Bataille de la   Battagliola
    1743-1744
 - Blason de Bellino

 - Breve cronologia della
 Castellata E de l' Escartoun
   de CHASTEL DELFIN
      (Italiano)
 - Brève chronologie du
 Castellar et de l' Escarton de
  CHÂTEAU DAUPHIN

 - République de Briançon (F)
 - Republica di Briancon (It)

 - Autres







 

 

Préambule

        Le Col de l’Autaret,  est un col qui sépare la haute Vallée Varaita, en Italie, où se trouve Bellino (Blins), de la haute Ubaye française, ouverte sur les vallées de la Durance et la Provence.

      Non, ce n'est pas un grand col des Alpes ! 
      Comparé aux cols de Tende, de Larche, du Montgenèvre, du Mont Cenis, et à bien d'autres grandes traversées de la chaîne alpine, il fait piètre figure. Mais je l'ai choisi car c'est le centre à cette histoire : il est situé sur la crête des Alpes, au point de rencontre entre le Dauphiné, la Provence et le Piémont, dans les Alpes occidentales près du Mont Viso. 
        Son frère jumeau, le col Agnel, sépare la haute vallée Varaita du Queyras 
Le col de l'Autaret.
côté piémontais

 

       Alors, prenons place sur ce col de l'Autaret, installons nous confortablement sur cette crête, calons notre dos contre la pierre gravée d'un lys de France et d'une croix de Savoie. Nous resterons là, sagement,  pendant les 2.000 ans de cette histoire Nous regardons vers le bas, alternativement vers l'est et le Val Varaita puis vers l'Ouest et la vallée de l'Ubaye ou le Queyras. Nous regarderons au loin tantôt vers la France, tantôt vers l'Italie.
 
          Nous regarderons passer ces pauvres gens qui de tout temps  s'élançaient à l'aventure vers une vie qu'ils espéraient meilleure. 
        C'est par ce col frontière que mes ancêtres partaient pour aller travailler, puis s’installer dans le sud de la France. 
        A Bellino (1600m), au bas du col et à Sampeyre, un peu plus bas, se trouve le berceau de ma famille.



Celle di Bellino

        De ces villages alpins qu’ils quittaient en laissant leurs parents et leurs amis,  ils partaient, à pieds, pour franchir ce col, à 2800 m, et redescendaient vers le premier village, Maljasset-Maurin. Emportant seulement de quoi se nourrir pendant quelques jours et quelques vêtements, ils émigraient lorsque la mauvaise saison arrivait, pour le Sud de la France où ils exerçaient pendant tout l’hiver les petits métiers de l’époque, étameur, rémouleur, marchand de parapluie, gagnaient un peu d’argent et rentraient au pays pour la bonne saison, la saison des foins.

Maljasset-Maurin en 1919...
      Cette émigration temporaire se répétait chaque année. Elle permettait de réduire le nombre de bouches à nourrir pendant l’hiver dans la plupart des familles nombreuses et contribuait, par l’argent rapporté, à mieux vivre toute l’année. Cette émigration temporaire devint définitive. Mon père m’a souvent raconté, qu’en 1919, alors qu’il avait 3 ans,  il était parti ainsi, avec ses parents, de Bellino (Blins), vers le col de l’Autaret. Agé, il se souvenait encore, de cette traversée du col : installé dans un panier latéral sur le dos du mulet, guidé par son père et sa mère, ils partaient, quittaient Bellino, définitivement, pour Caromb, Vaucluse, en France. Beaucoup d’autres familles de ces vallées, ont suivi le même itinéraire, à peu près à la même époque. 
       Vers 1919, donc, le premier village rencontré était Maljasset-Maurin. 

       Bien accueillis par les montagnards locaux, ils forgèrent de solides amitiés. C’est là, qu’ils laissaient,  au retour  de leur migration temporaire, les meules à aiguiser et autres outillages utilisés en Provence. 
       Cette première traversée du col était généralement suivie par un deuxième col, celui du Tronchet, qui descendait vers Ceillac et donnait accès, directement, à la vallée du Queyras et à la Durance, voie principale vers le Midi de la France. Il fallait quelques jours pour se rendre, à pied, dans les riches plaines du Vaucluse ou du Var.

       Le col de l’Autaret fut très fréquenté, bien avant nos parents, par les populations celto-ligures ou romaines locales. Son nom dérive du latin “altaretum” qui indique la présence d’un autel ou d’un lieu de sacrifice près du col, preuve des croyances de l’époque et d’un besoin de protection pour traverser  ces montagnes. Ce n’est pas un grand col : seul un sentier pédestre permet d’y parvenir, aussi bien du côté français que du côté italien. 

    Mais c’est un symbole : 

  •  c’est un lien entre nos deux pays,
  •  c’est un symbole historique, attaché aux émigrations,
  •  c’est le bout de la vallée, le sommet des Alpes, la crête de la montagne, la récompense après l’effort de l’escalade, pour nous, estivants du mois d’août, heureux de parcourir ce sentier plein d’histoire.

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