Mise à jour 4/05 Copyright JG © 2005

 - Le Col de l'Autaret ou
     Histoire de Bellino
 - Les Thèmes associés
 - Bataille de la   Battagliola
    1743-1744
 - Blason de Bellino

 - Breve cronologia della
 Castellata E de l' Escartoun
   de CHASTEL DELFIN
      (Italiano)
 - Brève chronologie du
 Castellar et de l' Escarton de
  CHÂTEAU DAUPHIN

 - République de Briançon (F)
 - Republica di Briancon (It)

 - Autres



 
 
 
 

   

Chapitre VIII.  Législative et Convention (1791-1794).
La Législative et la Convention Jacobine (1791 - 1794).
La Savoie rattachée à la France
Création du département des Alpes-Maritimes.
La guerre à la frontière : Incursions,  pillages et représailles en Queyras et Val Varaita ( 1793).

La Législative et la Convention Jacobine (1791 - 1794).

        La période est marquée par la déclaration de guerre à l’Autriche (92), l’exécution de Louis XVI (93), les tribunaux révolutionnaires, le Comité de Salut Public et  la Terreur.

La Savoie rattachée à la France
        Victor-Amédée III prend parti pour l'Autriche en 1792, entraînant des crises en Savoie et à Nice. En Savoie, le monde rural s’agite après l’annonce de la Révolution française ce qui arrête l’émigration.
        En 1792, les armées françaises entrent en Savoie et sont arrêtées par les Sardes aux cols du Petit St Bernard et au Mont Cenis. Les savoyards demandent le rattachement à la France et obtiennent la création du département du Mont Blanc.

“Chambéry, 24 septembre 1792.
La  cocarde  royaliste  flotte...  au bout de la queue des chiens. C'est ainsi que les Savoyards ont choisi d'exprimer leur hostilité à la monarchie et au roi de Sardaigne. Autant dire qu'ils ont accueilli avec une joie sincère les troupes révolutionnaires du général de Montesquiou. La conquête s'est déroulée sans violence. Les émigrés, nombreux à Chambéry, avaient préféré fuir avant l'arrivée des Français, rapidement imités par les Piémontais. C'est pourquoi Montesquiou n'a pas eu grand peine à prendre les redoutes qu'on lui opposait. Et sans attendre son armée qui suivait lentement, le général est entré presque seul dans la ville : gagnée aux idées révolutionnaires, la Savoie est tombée comme un fruit mûr.”[18]

Les Savoyards fêtent leur rattachement à la France
“Maurienne, 8 décembre 1792.
Ne tardant pas à emprunter au comportement révolutionnaire ce qu'il a de plus symbolique, la municipalité de  Saint-Jean-de-Maurienne a décidé de fêter le rattachement de la Savoie à la France. Libérés par les armées de la Révolution, les Savoyards semblent ainsi accepter de bonne grâce ce que, de toute façon, ils n'étaient pas en mesure d'empêcher. Toute la population ainsi que les militaires français sans armes ont été invités à se réunir sur la place de la Liberté, ci-devant place de la Cathédrale. A défaut d'originalité,  les  festivités que les conseillers municipaux ont dignement présidé, ont été marquées par la spontanéité de leurs participants.  Te  Deum,  bonnets rouges, “toute la musique qu'on put trouver”, feu de joie, cocardes, ça ira, arbres de la Liberté et étendards du même nom, rien ne manquait. Les Savoyards, flanqués chacun  d'un  soldat  français  en guise d'escorte, sont sortis en rangs de la cathédrale, l'esprit définitivement révolutionnaire.”[18]

Création du département des Alpes-Maritimes.

        Dans le comté de Nice, l’écho des événements de 1789 ne parvient qu'assourdi et n'y suscite aucun mouvement. C'est l'émigration française qui va entraîner la ville dans l'engrenage politique et diplomatique. A partir de 1789, près de 10.000 émigrés vont s'installer à Nice et y entretiennent une agitation permanente favorisant la création d'un petit parti révolutionnaire.[19]

        Victor-Amédée III, roi de Sardaigne, demeure longtemps à l'écart des complications européennes de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Despote éclairé, il essaie de moderniser ses Etats, règle tous les différends de frontière avec ses voisins, centralise son administration. Depuis 1760 on peut même écrire qu'il entretient les meilleures relations avec la France, et trente années de paix et de grands travaux ont  donné une très grande prospérité à la région.
        Les villes du comté de Nice apparaissent très calme et l'existence laborieuse de ses habitants comme l'activité fébrile de ses commerçants, de ses muletiers et de ses rouliers frappent tous les voyageurs, qui, entre Nice et Turin empruntent les vallées Bevera-Roya.
Si les idées philosophiques répandues en France réussissent à pénétrer en Savoie et à y trouver de nombreux adeptes il n'en est absolument pas de même dans l’arrière-pays niçois, en quelque sorte tout imprégné de civilisation piémontaise, beaucoup plus que Nice, d'ailleurs.

        Alors que les incidents éclatent en 1790 et 1791 à Thonon, Chambéry et Montmélian, le comté de Nice demeure très attaché au souverain. Plus encore, Nice et Turin sont devenus des centres d'accueil d'émigrés français . On épouse plutôt des idées contre-révolutionnaires, entretenues par un clergé très puissant.
        Les comtes de Provence et d'Artois, frères de Louis XVI, se trouvent  à Turin où ils intriguent et cherchent à obtenir l'assurance que la cour ne tardera guère à intervenir contre les Révolutionnaires. Les troubles  qui éclatent en Provence dès mars 1790 ont quand même quelques échos. Dans le peuple - surtout dans celui des agglomérations - on commence à parler du "tyran sarde", et peu après le roi invite les sympathisants de la France à ne plus s'assembler. En fait, la vie continue comme par le passé et Victor-Amédée III attend que l'Autriche commence la guerre, se sachant trop exposé tout au long de sa frontière savoyarde et du cours du Var. II éconduit d'ailleurs les émissaires  français qui lui proposent une alliance contre l'Autriche et essaie de confédérer les Etats italiens afin de contenir toute attaque décidée à Paris.”[21]
        Et c'est ainsi que quand la Législative déclare la guerre à l'Autriche, alliée de la Prusse, le 20 avril 1792, les Sardes proclament leur neutralité.  Mais le comte d'Artois agit alors à Turin et tout un complot se trame tendant à mettre au point l'invasion de la Provence au départ du comté de Nice ; mais, la France, méfiante, constitue une "Armée des Alpes et du Midi"  dès le 13 avril 1792. Quelques troupes stationnent alors sur la rive gauche du Var. Aussitôt Victor-Amédéel III fait inspecter la région niçoise et établir un plan défensif du comté de Nice.
        Le 16 mai le général Anselme est nommé commandant en chef des forces françaises du Var et commence à rassembler ses fantassins et son artillerie entre Antibes et Grasse. Des régiments de Piémont, de Saluces et de Mondovi passent par le col de Tende. Les Sardes mettent en défense le secteur de Levens à la Turbie, tout en renforçant les garnisons de Nice.

        Le 25 juillet 1792 Victor-Amédée III s'allie secrètement à l'empereur  d'Autriche et d'Anselme croit en l'imminence d'une attaque piémontaise  qui serait synchronisée avec une offensive générale des coalisés.
        En effet, le 19 août, 47.000 Prussiens et 29.000 Autrichiens franchissent les frontières de l'Est et du Nord. aussi une démonstration navale, conduite par l'amiral Truguet, se développe-t-elle tout au long de la Baie des Anges et au large de Villefranche. La Sardaigne renforce alors son alliance avec l'Autriche. Des détachements piémontais passent à nouveau  le col de Tende.

        Dans le comté de Nice, la situation s'aigrit : deux armées se forment à partir de juillet 1792 sur le Var, 10.000 Sardes dont les deux régiments niçois contre 6.000 Français commandés par le général Anselme. A la suite de l'invasion de la Savoie (22 septembre 1792), les autorités quittent Nice pour Saorge, et on se prépare à la bataille.
        A la suite de Valmy les armées françaises passent à l'offensive et le 25 septembre 1792 le général Anselme reçoit l'ordre de franchir le Var. Aussitôt averti le général sarde prépare la retraite de son armée.

        Au même moment, des émigrés, des notables, des magistrats, hauts fonctionnaires, des riches commerçants quittent Nice, en direction du col de Tende.  Plus de 6 000 réfugiés passent ainsi, terrorisés à la pensée de l'arrivée prochaine des Français.
C'est alors que, sur un ordre affolé de Turin, l'armée sarde abandonne ses positions et entraîne dans sa débâcle près de 10.000 civils niçois et émigrés qui se ruent vers le col de Tende (28 septembre). L’armée française installe un premier pont sur le fleuve Var, une simple passerelle en bois qui souvent détruite et reconstruite restera le seul lien entre Nice et la Savoie jusqu’en 1864.
Dans la nuit, à partir de trois heures du matin, les Français franchissent  le Var et occupent prudemment Nice, le 29 septembre 1792, alors que les pillages commencent dans la ville en partie abandonnée[19]. Le fort de Mont-Alban capitule peu après et Villefranche est prise dès le lendemain.  Aussi, le 2 octobre 1792, les Républicains sont en vue de Sospel.

“Nice, 29 septembre 1792.
L'armée de la République conquiert le comté de Nice. La conquête s'est effectuée sans violence.  Capitale du comté du même nom, refuge des émigrés, des prêtres réfractaires et des nobles de Provence et du comtat Venaissin, Nice n'a opposé aucune résistance. Les  troupes  révolutionnaires  de l'armée du Var, commandées par le général Anselme, sont entrées dans une ville partiellement évacuée par ses habitants. De son côté, le roi de  Sardaigne  Victor-Amédée  III n'avait mobilisé à Nice et en Savoie que quelques troupes. Sans soutien du Piémont, mal vus des populations, ses hommes ont préféré un repli stratégique à une bataille dont l'issue semblait aussi incertaine.”[18]

        Victor Amédée III, opposé à la Révolution, accueille les réfugiés français, après son alliance  avec l’Autriche et la guerre contre  la France.

        Ni sollicitée, ni souhaitée, l'irruption des armées révolutionnaires françaises dans le comté de Nice, (28-29 septembre 1792) marque le début d'une période difficile : une administration provisoire fut nommée dans la confusion. Le 4 novembre, ces institutions fantoches délèguent à Paris Blanqui et Veillon pour demander la réunion du comté de Nice à la France. La Convention exige que la population soit consultée. Le 28 novembre, un tiers seulement des communautés du comté (les autres étant défendues par l'armée alliée) votent la réunion à la France et la création de la Convention nationale des colons marseillais, organe qui gérera la région conquise dans l'intervalle. Le 15 janvier 1793, Blanqui et Veillon présentent ces résultats comme le vœu unanime des habitants à la Convention. L’annexion est votée le 31 janvier 1793. Le 4 février est créé le département des Alpes-Maritimes dont le territoire recouvre le comté de Nice (y compris Dolceaqua) et la principauté de Monaco annexée le 14 février.[19]

II faut noter que depuis la fin du mois d'octobre, l’armée du midi était devenue l’armée d'Italie. Elle complétait désormais l’armée des Alpes, maîtresse de la Savoie. Son rôle militaire, dès la mi-novembre cesse de prendre de l'importance. Mais tout d'abord, à la suite des échecs  essuyés,  le  général Anselme est accusé de mollesse. Dès le 3 décembre Dagobert prend alors le commandement.
Le front semble stabilisé et la route de Turin bien verrouillée par les Sardes aidés des Autrichiens.”[21]

        Le nouveau département est divisé en trois districts (Nice, Menton et Puget-Théniers). Les finances sont exsangues, le ravitaillement irrégulier, l'ordre public inexistant. Le département va à vau-l'eau et la population souffre. Dans ce contexte, on ne s'étonnera pas des difficultés à mettre en œuvre la législation nouvelle. Les Niçois refusent les assignats, les biens nationaux font l'objet d'innombrables trafics, les mesures politiques contre les émigrés et le clergé n'ont aucun effet, la francisation par l'enseignement est très limitée, les élites qui n'ont pas fui en Piémont refusent de collaborer, la déchristianisation même est un échec, les autorités françaises craignant d'accentuer l'hostilité des Niçois, réputés fervents catholiques, contre le régime. Au total, la politique révolutionnaire se heurte à une profonde résistance passive de la population.
        La France occupe le petit territoire d’Onéglia, sur la Riviéra ligure, en 1793. Un grand nombre de révolutionnaires italiens en profite pour s’échapper d’Italie, par ce passage, pour gagner la France. Mais Onéglia devient un berceau de l’unité italienne, un centre de propagande, avec des hommes comme Buonarroti, et de nombreux “fuoriscite” venus du Piémont, qui font rayonner la révolution dans toute l’Italie. Le Comtat Venaissin retourne à la France (1791).


 

La guerre à la frontière : Incursions,  pillages et représailles en Queyras et Val Varaita ( 1793).

        La tentative armée de Victor Amédée III de reprendre la Savoie en 1793, l'avancée de ses troupes jusqu’à Moutiers, les batailles dans le pays niçois (Gilette, Utelle 93, Saorge 94), se soldent par un échec :  il doit se replier sur le Col de Tende.

        Pendant que les Français prenaient des mesures de défense le long de la frontière des Alpes,  le  roi de  Sardaigne,  Victor-Amédée  III,  allié de l'Autriche, envoyait une armée dans les vallées frontières, sous les ordres du général Provera ; un détachement commandé par le comte de Saint-Martin était à la Chenal et faisait des incursions sur le territoire français (33).
        Le  14 juillet  1793,  disent les  manuscrits de  Saint-Véran, plusieurs personnes  ayant mené paître 33  mulets à la  montagne aux Viarés furent tout à coup assiégées  par 30 à 60 Piémontais, armés  de sabres et de fusils et sommées de livrer les mulets. Un jeune homme d'une quinzaine d'années, Pons Antoine fils Jean, ayant fait quelques résistances, reçut à bout portant un cou  de fusil dans la tête qui  l'étendit  raide  mort.  Deux  autres  individus  prenant  la  fuite, reçurent  dans  leurs  habits  des  balles,  heureusement  inoffensives ; deux ou trois autres furent retenus et forcés,  sous menace de mort d'accompagner et d'aider les Piémontais à conduire les mulets. Or les fuyards s’étant empressés de donner l'alerte à  Saint-Véran, les fidèles, qui étaient alors à la grand-messe, se hâtèrent tous, hommes femmes et enfants, armés de fusils, pelles, tridents, etc... de courir à la poursuite des pillards. Tout fut inutile car, à leur arrivée sur le col, déjà le convoi de mulets abordait la Chenal. Quant aux aides conducteurs, ils ont été emmenés jusqu'à la Chenal, où, après avoir pris quelques repos, ils ne tardèrent pas à être relâchés pour faire retour à Saint-Véran. Le poste de la garde nationale voisin composé de 12 hommes ne s'était pas senti le courage d'opposer de la résistance (33).
        Le jour suivant, le général marquis de Gouvion Saint-Cyr, qui avait remplacé le général Rossi destitué, se rendit à Saint-Véran et d'accord avec la municipalité, écrivit au comte de Saint-Martin pour lui demander de faire rendre les mulets. Celui-ci répondit de vive voix au messager   qu'il en serait référé au  Sénat de  Turin.  Peu  après,  le  comte avisa Gouvion que la prise était bonne et que son gouvernement n'avait pas l'intention de la rendre. Une compagnie de piémontais et d'autrichiens et plusieurs habitants de la Chenal avaient pris part à l'incursion (33).
        Enhardi par ce succès, les ennemis tentaient une autre incursion par le col Agnel. Les Transitons racontent ainsi le fait : à la même année, le 26 août, le roi de Sardaigne qui avait aussi des troupes campées sur le col Agnel et dans plusieurs endroits de la montagne, du côté de la Chenal, de manière que dans la nuit du 25 au 26 août, ils sont venus piller le village de Costeroux et ont pris dix hommes du petit village et un de Pierre-Grosse avec cinq soldats qui étaient au corps de garde du Rif des Rousses et ont été menés prisonniers cinq mois. Six des habitants sont morts et les quatre autres ont été rendus au mois de février, qui ont eu beaucoup de peine à se retirer, car c'était dans la grande rigueur de l'hiver. Lesdits Piémontais avaient pillé dans ledit village de Costeroux, ont pris plusieurs bestiaux et ont tiré un coup de fusil à François Roulph, qui était sorti de sa maison avec les armes. On lui a tiré un coup de fusil au ventre qui n'a fait que fleurer (sic) ; mais, malgré cela il a été obligé d'aller à l'hôpital de Briançon. Lesdits piémontais voulaient aller aussi au village de Fontgillarde ; mais les chasseurs qui étaient logés les ont empêchés et les ont repoussés sur la montagne. Toute la garde nationale avait pris les armes.
        Deux autres colonnes ennemies avaient en même temps passé le col de Saint-Véran ;  elles furent arrêtées au lieu dit Piata-Terza (la troisième plate) et elles durent se replier avec 5 ou 6 soldats blessés.  Le 10 septembre, la garde nationale et deux compagnies des volontaires du 4éme bataillon de la Haute-Garonne s'avancèrent contre les Piémontais, en 3 colonnes, sous le commandement des capitaines Carrie et Tenet, passant par le col de Saint-Véran, Roche-Rousse, le col Agnel Vieux et Caramantran. L'avant-garde de la colonne franchit le col Vieux de l'Agnel, surprit dans les avant-postes 19 piémontais qui s'enfuirent laissant 3 prisonniers et les tentes. La colonne du col de Saint-Véran réussit à arriver, sans être vue, aux crêtes de rochers qui séparent le col de Saint-Véran et le col Agnel et, à portée de fusil, du camp de l'avant-garde ennemie, qui fit une retraite précipitée, laissant 3 morts et 2 blessés.

        Le  28 août 1793, les fédéralistes provençaux livrent Toulon aux Anglais
        Bonaparte commande le siège de Toulon et reprend la ville et le port aux anglais, en décembre 1793. Le jeune Bonaparte poursuivra sa route vers l’Italie.


Suite


© Copyright JG 2005