Mise à jour 4/05 Copyright JG © 2005

 - Le Col de l'Autaret ou
     Histoire de Bellino
 - Les Thèmes associés
 - Bataille de la   Battagliola
    1743-1744
 - Blason de Bellino

 - Breve cronologia della
 Castellata E de l' Escartoun
   de CHASTEL DELFIN
      (Italiano)
 - Brève chronologie du
 Castellar et de l' Escarton de
  CHÂTEAU DAUPHIN

 - République de Briançon (F)
 - Republica di Briancon (It)

 - Autres



 
 
 
 

   

Chapitre XII.  Le Consulat (1799-1804).
Deuxième Campagne d’Italie.
Les départements transalpins.
L’aménagement des voies alpines.


        Au soir du 18 brumaire, un coup d'état a confié le sort de la République au général Bonaparte alors que Charles-Emmanuel IV et sa famille arrivent le 3 mars 1799 à Cagliari. II est le premier Savoie à se rendre en Sardaigne. L’accueil y est chaleureux, malgré la rude politique conduite à l'égard de l'île en rébellion depuis 1794 et matée depuis 1796. Cependant, en Piémont, les Russes ont écrasé l'armée française et libéré Turin le 26 mars. Les Savoie se préparent à y revenir. Mais les Autrichiens n'acceptent leur retour dans leur capitale que s'ils restituent toutes les conquêtes faites à leurs dépens depuis 1713 !

Deuxième Campagne d’Italie.

        Une deuxième Coalition se dresse contre Bonaparte. La Ligurie échappe pendant assez longtemps à l’occupation austro-russe. L’armée française se replie et s’enferme dans Gènes. Les autrichiens ne s’emparent de Cunéo que le 13 décembre et n’occupent la Riviéra ligure que très lentement, isolant Gênes de la France. Ils arrivent jusqu’à Nice (1800) [54].

        En mai 1800, Bonaparte franchit le col du Grand St Bernard avec 40.000 hommes et 100 canons pour secourir Masséna, assiégé dans Gênes par les autrichiens. Il profite de la présence française en Suisse pour préparer cette expédition. Entreprise téméraire, le passage du col à 2.472 m d’altitude, par une armée importante, alors que celui-ci est encore enneigé, qu’il n’y a pas de route carrossable, qu’il faut démonter, transporter, remonter voitures et canons, qu’il faut bivouaquer au moins une nuit en altitude, restera un fait militaire remarquable.[54]
        Pendant les journées des 16, 17, 18, 19, 20 mai, les divisions continuent à passer avec les vivres, les munitions et l'artillerie. Le Premier consul se décide alors à passer le Saint-Bernard de sa personne. Il se met donc en marche pour traverser le col le 20, avant le jour. L'aide de camp Duroc et son secrétaire de Bourrienne l'accompagnaient. Les arts l'ont dépeint franchissant les neiges des Alpes sur un cheval fougueux, voici la simple vérité : il gravit le Saint-Bernard, monté sur un mulet, revêtu de cette enveloppe grise qu'il a toujours portée, conduit par un guide du pays, montrant dans les passages difficiles la distraction d'un esprit occupé ailleurs, entretenant les officiers répandus sur la route, et puis, par intervalles, interrogeant le conducteur qui l'accompagnait, se faisant conter sa vie, ses plaisirs, ses peines, comme un voyageur oisif qui n'a pas mieux à faire.[9]

        Le 2 juin, il rentre dans Milan, coupant la retraite des autrichiens.
        Masséna et ses troupes, ravitaillées par le corsaire niçois Bavastro, sont assiégés dans Gênes.
        Les autrichiens prennent Gênes et remontent vers le nord, alors qu’une autre partie des troupes se regroupe autour de Mantoue. Le 14 Juin 1800, c’est la bataille de Marengo, près d’Alexandrie, que Bonaparte gagne. Le 15 juin il signe une convention avec les autrichiens battus : ceux-ci doivent abandonner le Piémont, la Lombardie, Gênes et les Légations et se replier.
        Les Savoie négocient avec le soutien des Russes, quand arrive la nouvelle de la défaite de Marengo (14 juin 1800) : Nice et le Piémont sont reperdus. Charles-Emmanuel IV part pour Rome, où meurt sa femme le 4 juin 1802. Désespéré, sans postérité, il abdique au profit de son frère qui devient Victor-Emmanuel ler.
        Le roi déchu mourra à Rome, aveugle, le 6 octobre 1819. Dans ce premier exil, il avait déjà perdu deux frères (le duc de Monferrat, mort sans postérité le 2 septembre 1799 et le duc de Maurienne le 28 octobre 1802) et surtout le fils de Victor-Emmanuel, héritier présomptif du trône (9 août 1799).

Les départements transalpins.

        Après Marengo, Bonaparte décida de poursuivre le processus, qui fut conclu par le décret d'annexion du 11 septembre 1802 : le Piémont fut divisé en six départements (Pô, Stura, Doire, Agogna, Marengo, Sesia) et Turin, avec ses 80.000 habitants, devint la quatrième ville de France! Tous les sujets sardes doivent rentrer chez eux sous peine de bannissement.
        Cependant, Victor-Emmanuel ne renonce à aucune de ses possessions. Installé à Gaète, puis à Naples, il doit retourner en Sardaigne quand les Français menacent cette ville. II y restera, avec sa famille, jusqu'au 2 mai 1814. La pauvreté de l'île rend la dynastie et sa politique très dépendante des subsides russes et anglais, et l'humiliation de cette période fondera de cruels ressentiments.
        L’annexion du Piémont, si elle mécontente les patriotes unitaires italiens et les royalistes partisans de la dynastie de Savoie, n’entraîne aucune réaction des paysans piémontais et les commerçants sont plutôt satisfaits des perspectives d’amélioration du commerce avec la France. Nice et la Savoie reviennent à la France.[54]

L’aménagement des voies alpines.

        Dès  1800,  Bonaparte, premier consul, met en chantier les grandes traversées alpines. A l'automne 1800, quelques mois seulement après l'aventure du Grand-Saint-Bernard, Bonaparte signait un décret décidant d'une route au Simplon.
"En 1802,dix-huit communes briançonnaises se levèrent en masse (sic) à la voix du Préfet Ladoucette pour ouvrir la route du Montgenèvre ; elles furent secondées par les soldats de la garnison de Briançon, qui décidèrent ainsi la question de savoir si l’on pouvait leur devoir comme aux Romains, de grands monuments qui attestent la force et le génie des peuples." Cette phrase doit être extraite du discours prononcé par l'excellent préfet, qui poursuit en ces termes : "Pour perpétuer le souvenir de l'ouverture de ce chemin, que le gouvernement nomma route d'Espagne en Italie, le département éleva...un obélisque de 20 mètres de hauteur... Pour !'inauguration, je fis célébrer une fête brillante sur la montagne... On devait amener à ses pieds les eaux réunies de la Durance et de la Doire que les Romains appelaient riparia... ".

        Au Mont Cenis, les montagnards, presque tous porteurs, guides ou muletiers, tiraient leur revenu principal des nombreuses difficultés du profil. Aussi se gardaient-ils d'améliorer d'une façon quelconque le tracé de la voie, qu'ils conservaient jalousement dans un mauvais état d'entretien. C'est pourquoi Bonaparte décida, dès 1802, d'y construire une route “praticable pour toutes les voitures, comportant une largeur convenable ainsi que des pentes modérées”.[9]
        Les travaux, pour passer du sentier à la route débutent cette année là. Les ouvriers occupés à la construction de la route étaient, pour la plupart, originaires du Piémont. Ils émigraient par villages entiers vers les chantiers du Mont-Cenis et constituaient autant de petites équipes indépendantes travaillant sous la direction d'un des leurs, qui avait su s'imposer par ses capacités techniques ou, simplement, par son aptitude au commandement.
        Attirés par des salaires nominaux très élevés, ces hommes ne pouvaient, pratiquement, retirer aucun avantage pécuniaire de cette situation, vu le prix des denrées et des autres objets de consommation courante, dans une région quasi désertique et, par surcroît, brusquement surpeuplée. Logés dans des baraquements,  nourris  par  des  “marchands  de soupe” qui se réservaient un bénéfice usuraire, ils menaient une vie toute rustique, voire misérable. Leur  activité  fiévreuse  cessait  avec  les  beaux jours. Dès l'apparition des premières neiges, tout ce peuple de travailleurs refluait vers la vallée, se répandant, le dimanche, dans les auberges et les guinguettes des villages d'alentour.
        Après quatre ans de travaux, en 1806, le gros oeuvre de la route était presque terminé.
        Pour améliorer la sécurité des voyageurs, l'empereur décida aussi qu'il serait construit, entre Lanslebourg et Suse, un certain nombre de refuges où les voyageurs surpris en chemin par le mauvais temps pourraient s'abriter. Toutes les dispositions prises pour assurer la sécurité des voyageurs faisaient du Mont-Cenis l'un des passages les plus fréquentés des Alpes françaises. Au cours de l'année  1805, par exemple, l'hospice,  agrandi  par  les  soins  de  l'empereur, hébergea  10.585  voyageurs  civils,  dont  4.745  à cheval ou en voiture. Ce nombre s'accrut au fur et à mesure que les travaux de construction ou de rectification de la route rendaient la circulation plus  aisée.  En  1810,  année  considérée  comme  moyenne du point de vue économique, près de 17.000 voitures civiles franchirent le col, drainant vers la haute vallée de la Maurienne un formidable courant d'échanges commerciaux.
        Avant même que les travaux complémentaires prévus tout le long de la route ne fussent complètement terminés, un service régulier de diligences et de courriers s'établit.

        En 1811, un décret impérial institua, sur la route, un droit de péage. Le produit de cette taxe était versé en totalité aux  religieux  de  l'hospice ;  ceux-ci  devaient,  en échange, “maintenir la route en bon état de viabilité et déblayer les neiges, de manière que le passage soit toujours facile et ne soit jamais interrompu”. Pour faire face à cette charge, le père supérieur embauchait pendant les mois d'hiver des cantonniers auxiliaires, recrutés, le plus souvent, parmi les voyageurs en quête d'un viatique.
 Il faudra 13 ans pour que la route et les équipements annexes soient parfaitement opérationnels.[9]

         Outre la route du Mont Cenis, l’axe Genoble-Turin par l’Oisans, Briançon et le Montgenêvre est modernisé. A cette époque, de lourdes diligences attelées à la montée de douze ou quatorze mules parvenaient à relier Turin à Lyon en trois ou quatre jours, tandis que les rouliers, de Chambéry à Turin, en prenaient 10, au tarif de 15 à 16 francs par 100 kilos.

        Le Val Varaita est français, et à cette date on compte 1.024 habitants à Bellino. Il fait partie probablement partie du département du Pô, ou bien du département Stura et est donc français. Personne, pas plus Bonaparte, premier consul, que d’autres ne se soucie d’améliorer les communications en Val Varaita.



Suite


© Copyright JG 2005