Louis, dauphin
(Louis XI).
Les ducs de Savoie.
Mutations et changements.
En Castellata.
Saluces et le dauphin.
Louis, dauphin (Louis XI).
En
Dauphiné, dès 1446, la province atteint ses limites définitives.
[55]
En
1447, Louis, dauphin, fils de Charles VII roi de France, fâché
avec son père, s’installe en Dauphiné et gouverne sa province.
Déjà, depuis 1440, il a obtenu de son père un contrôle
partiel de cette région. Il s’impose, préside une réunion
des Etats Généraux du Dauphiné à Romans, étudie
les doléances, organise le pays en deux bailliages et une sénéchaussée,
établit un parlement, réorganise le Conseil dauphinois et
met sur pied le premier service postal gouvernemental d’Europe. Il récupère
Montélimar, alors au pape et crée une université à
Valence. [65]
Louis parcourt tout le Dauphiné
à cheval, prenant toutes les décisions utiles à la
prospérité de ses sujets et force les grands féodaux
et les prélats à se soumettre à son autorité.
Il fait de sa province un véritable Etat, bien gouverné, avec
un appareil administratif efficace.
Le plus spectaculaire combat de Louis, pour imposer son autorité,
est celui qui l’oppose à l’évêque de Gap, Gaucherde Forcalquier,
qui résiste aux enquêteurs français, pousse les gens de
son diocèse à attaquer les troupes françaises en route
vers l’Italie, lève ses propres impôts. Mais Louis maintient
la pression de ses hommes, jusqu’au jour où la population de Gap
elle-même demande son intervention. L’évêque s’entête.
Louis condamne la ville de Gap à payer une amende de 3.000 écus.
Indigné, l’évêque excommunie en nombre les hommes du dauphin
et part à Rome. Louis obtient alors du pape un arrangement avantageux
: l’évêque est forcé de demander pardon, de reconnaître
la souveraineté du dauphin et de lever ses excommunications. En échange
Louis annule l’amende imposée à la ville de Gap. [65]
A 27 ans, il épouse une
des filles du duc de Savoie, sans le consentement de son père qui lui
supprime sa pension et envoie ses troupes. En 1452, le duc de Savoie, craintif,
se met sous la protection de la France et se désolidarise du dauphin.
. [65]
Louis a appris à lire
et à parler l’italien et, vers 1450, il porte son attention sur la
situation politique de l’Italie, en pleine évolution : les Etats de
Milan et de Florence sont parvenus à convaincre René d’Anjou
(qui réclame toujours le royaume de Naples) à venir à
leur secours, en lui accordant un subside et une promesse d’aide contre Naples.
Louis offre ses services à son oncle René, qui accepte avec
l’autorisation du roi de France. Louis, donc, traverse les Alpes avec une
petite armée et quelques troupes des Anjous, projetant d’annexer Gènes,
mais les Etats italiens, effrayés par ce fils du roi de France font
pression sur René d’Anjou pour qu’il rentre chez lui. Malgré
ses propres négociations avec le Milanais, Louis doit regagner sa
petite province. [65]
Devenu roi de France, en 1460, sous le nom de Louis XI, il n’oublie pas le
Dauphiné et fait souvent appel aux seigneurs de «sa » province
dans les luttes contre les Anglais. Il entretient des relations étroites
avec Francesco Sforza de Milan et envoie de nombreux émissaires vers
Venise ou vers les Médicis de Florence. [65]
Les ducs de Savoie.
Après
Amédée VIII se succèdent, de 1466 à 1478, des
ducs plus médiocres. A la mort d’Amédée IX, comte de
1465 à 1472, son fils n’a que 6 ans et c’est sa mère Yolande
de France, qui assure la régence ; elle combat la politique de son
frère Louis XI, roi de France qui souhaite annexer la Savoie et se
défend contre Charles le Téméraire, duc de Bourgogne,
parent de son fils.
On connaît les démêlés
et les guerres entre Louis XI et Charles le Téméraire ; Yolande
se range du mauvais côté (Charles), et, après la bataille
de Morat, prête à changer de camp, elle est faite prisonnière
et est délivrée par le roi de France.
Les Piémontais prennent
un rôle prédominant dans l’administration savoyarde. Il en
résulte une agitation croissante des seigneurs féodaux, en
particulier en Bresse. Louis XI vient en aide à la régente
et son appui se mue en une sorte de protectorat de la Savoie.
Mais le pays de Vaud est envahit
par les “Suisses”, le Genevois, le Faucigny et la Bresse deviennent plus autonomes
par rapport à la Savoie, de même que le Piémont. Un
duc de Bresse s’étant fait reconnaître comme gouverneur du Piémont,
il lui faut, cette fois, l’aide des Sforza de Milan pour récupérer
ses terres.
Elle
meurt le lendemain du mariage de sa fille, alors qu’elle vient de recevoir
l’hommage du marquis de Saluces (1478). Son fils n’a que 12 ans, et il faut
une deuxième régence trouvée par Louis XI. [73]
Louis XI, après avoir
été Dauphin de 1440 à 1457, a une action bénéfique
pour les Escartouns briançonnais. Il renforce leur autonomie, déjà
importante, rétablit le rôle du Grand Conseil, crée
une chancellerie et réduit les bailliages de sept à trois.
En
1482, Louis XI meurt.
En Savoie, Charles Ier entre
aux affaires. Il a 15 ans et doit, sans attendre, destituer un gouverneur,
rebelle aux ordres. Le gouverneur, Raconis, est battu, mais, avec le secours
du marquis de Saluces, s’empare de quelques places. Charles Ier enlève
ces places, fait pendre les garnisons et ravage la vallée de Saluces.
Charles à juste le temps d’épouser Blanche de Montferrat, qu’il
doit affronter, à nouveau le marquis de Saluces. Celui-ci s’était
réfugié auprès du roi de France, qui lui a fait rendre
son marquisat, et il met le feu aux poudres ou plus exactement, à quelques
villages du Piémont. Charles réagit, mais doit s’expliquer auprès
du roi de France. A 21 ans, en 1490, il meurt à Pignerol. [72]
Mutations et changements.
Une crise économique importante suit la mutation économique
européenne, qui passe du trafic terrestre par les cols alpins au transit
maritime par la Méditerranée et l’Atlantique.
Une peste effroyable s’abat sur
les armées et s’étend à toute la Provence : Nice est
réduite à quelques milliers d’habitants ; à Vintimille,
à La Gaude, à St Laurent du Var, il ne reste aucun habitant.
Cette peste continuera, à de rares intervalles près, pendant
60 ans.
A la fin du XVe siècle des « actes d’habitation » attirent
une population venant de Ligurie et du Piémont. La Napoule se repeuple
dès 1461, Saint Laurent du Var, à partir de 1488.
En Castellata.
Outre
le châtelain, un notaire est nommé par décret du procurateur
fiscal du Briançonnais, le 27 avril 1453, pour la châtellenie
de Casteldelfino, un certain Giovanni Chalmas, moyennant débours de
37,5 ducats.
Le gouverneur se préoccupe
des minerais et donne l’adjudication pour la recherche d’argent, de plomb
et de cuivre en Castellata à Chiaffredo Chapel, à Bartolomio
Levet et d’autres habitants de Casteldelfino, le 20 septembre 1478. Un an
plus tard, le 22 novembre 1479, c’est un Bernardino Moubert, originaire de
Nurimberg en Allemagne, qui reçoit l’adjudication, pour l’or, l’argent,
le cuivre, l’étain, le plomb, le cobalt (cinabre) et le fer, sous réserve
de déposer les demandes de recherche, d’indemniser les propriétaires
et de soumettre les minerais à essai.