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Chapitre VII.
L'empire carolingien.
L’empire carolingien (751-843)
ramène l’ordre. Pépin le Bref, on l’a vu, fait une
campagne d’Italie (756) pour remettre au pape les principales villes d’Italie
centrale. Il remet sur pied une administration civile (comtes et marquis),
s’appuie sur l’Eglise qui multiplie ses établissements agraires,
et organise le repeuplement des territoires dévastés.
Charlemagne, fils de Pépin le Bref, sollicité par le pape
Adrien Ier, se décide à intervenir contre les Lombards. Il
franchit les Alpes (773) par le col du Mont-Cenis et par surprise, bat
les Lombards. Désidério, abandonné des siens, se réfugie
à Pavie, où après un siège (774), il est fait
prisonnier, conduit en France et enfermé au Monastère à
Corbié, où il finira ses jours. Après la prise de
Vérone et de Pavie, Charlemagne s’empare de toute l’Italie et met
fin à la domination lombarde qui aura duré 205 années,
de 568 à 773.
Charlemagne devient roi des Lombards en 774. Le 25 décembre
800, il est sacré empereur à Rome, dans la basilique St Pierre,
par le pape Léon III et son empire couvre les deux côtés
des Alpes. Il va durer jusqu’en 814.
Premiers comtés et marquisats.
A peine a-t-il pris les rennes
du pouvoir, qu’il se met à réformer son état. Il se
soucie principalement de la sécurité des provinces frontières.
Les ducs étant devenus trop puissants, il découpe le pays
en plusieurs provinces, rendant celles des frontières plus puissantes
et plus étendues afin de pouvoir lever plus de troupes en cas de
conflit. Il rend officiel les noms des comtés-frontière et
leur confie les compétences sur les affaires politiques et militaires,
en plus de la justice ordinaire.
Dans les provinces, chaque
cité contrôle la justice civile et militaire, non seulement
pour la cité elle même, mais pour les territoires environnants,
jusqu’aux limites naturelles, montagnes ou fleuve.
Charlemagne distribue les
terres aux personnes les plus illustres et les plus dignes de confiance,
créant, de ce fait, les comtes et les marquis : comme les comtés
des frontières ont une autorité plus importante que les comtés
des cités, en particulier sur le plan militaire, petit à
petit, pendant le IXe siècle, ils se distinguent par leur nom et
prennent le titre de marquis (Marchesi) – de « marca » ou «
marchia », mot barbare utilisé alors pour indiquer les provinces
frontières et qui signifie « limite » ou frontière.
Charlemagne assoit le féodalisme
et la vassalité. Ses guerriers les plus illustres, à qui
il confie ses comtés ou marquisats, doivent contrôler la population
et servir en temps de guerre comme en temps de paix. De cette obligation
vient la pratique de l’hommage. L’usage de transmettre les titres de père
en fils, moyennant un acte de succession et le renouvellement du serment
d’hommage, s’établit petit à petit.
De plus, les vassaux principaux,
à l’exemple du roi, divisent leurs domaines en plusieurs districts
et les concèdent à des vassaux mineurs qui leur sont assujettis.
C’est de cette façon que se crée l’échelle féodale,
du roi aux vassaux principaux, aux vassaux mineurs et des mineurs aux sujets.
A partir des comtés
créés par Charlemagne dans le Piémont, naissent ceux
d’Asti, d’Alba, d’Acqui, de Turin de Bredulo et d’Auriate, au IXe siècle.
Nos vallées « carolingiennes ».
La haute et la basse
vallée Varaita font alors partie du comté d’Auriate, qui
a pour frontières, au midi et à l’ouest, la crête des
Alpes, du Monviso au col de Fenestre. Il se situe au nord-ouest de celui
de Tende et couvre, outre une vaste plaine, l’Agro Saluzzese (Saluces),
les vallées du Pô, la basse et la haute Varaita et quelques
autres vallées qui avaient appartenus aux Ligures Vagienni. Où
se trouve le lieux d’Auriate n’est pas précisé par l’histoire
: cetains prétendent que c’est l’ancienne Roccavione sur la rive
du Gesso, près de Borgo S. Dalmazzo ; d’autres, comme Meyranesio,
dans son « Pédémontium Sacrum », pensent qu’il
s’agit de l’actuel village Vallauria ou Valoria, situé sur la gauche
de la Stura, près de Demonte, dont le nom antique était Vallis
Aurata, d’où viendrait le nom d’Auriate ; d’autres encore penchent
pour un site près de Demonte et de Caraglio.
Ceci étant dit, le
premier gouverneur de ce comté, fondé sous Charlemagne, fut
un certain comte Henri, français, en reconnaissance des services
rendus à son souverain. Mort en 799, la mémoire historique
n’indique pas ses successeurs. Plus tard, on note un certain comte Rodolfo,
qui, au IXe siècle, est gouverneur du comté d’Auriate.
Il est un fait qu’il n’existe
pas de traces certaine, lors de la division du royaume en provinces et
cités, de la création par Charlemagne ou ses successeurs
d’un comté dans les environs de Saluces. Etant donné que
la cité est alors le plus grand bourg et est très vaste,
la région s’appelle Salutiœ et s’étend sur une partie de
plaine et une partie de montagnes allant du Monviso, avec les vallées
Varaita et Pô, jusqu’aux Alpes Maritimes. Et, comme c’est un poste
important pour les divers passages des Alpes, à l’embouchure de
deux vallées, il paraît certain que Charlemagne l’a pourvu
d’un comte ou d’un marquis. Nommé de fait, un certain Protado, qui
fut connétable de France, et qui laisse un fils héritant
de la dignité de son père et du comté de Saluces,
au temps de Ludovico Pio et de Charles le Fauve, lequel prend le titre
de Protado II.
A celui-ci succède,
au début du Xe siècle, le comte ou le marquis Gualtieri qui
épouse la célébre Griselda qu’ A. Della-Chiesa, dans
sa « vita del Beato Giovenale Ancune » dit native de Villanovetta
et exemple de patience féminine. Boccaccio, à l’instigation
de Pétrarque, raconte, dans son « Décaméron
», l’aventure de ces deux époux.
Il est probable que les comtes d’Auriate et puis de Turin, à
qui appartenait Saluces, incapables de surveiller les cols alpins directement,
ont dû stabiliser un vice-comte ou un gouverneur, si celui-ci n’a
pas été nommé directement par Charlemagne.
Le témoignage de Tommaso III, marquis de Saluces, dans son roman
historique « Le Chevalier errant », indique un préfet
Gualtieri, pour le comté, neveu de Rodolpho, premier comte
d’Auriate, de façon certaine. Cette simple déléguation
du comte d’Auriate donnait autorité sur Saluces, avec comme titre
vice-comte ou gouverneur militaire. Les gens de l’époque l’appelait
par un titre de comte ou de marquis.
Dans le « Cartario Ulcienne N94 », de l’an 1080, Adélaïde,
comtesse de Turin nomme un certain Pagano, son vicomte, à Auriate.
Les Maures, sur la fin du règne de Charlemagne, reprennent leurs
courses dévastatrices (806, 808, 813). Les comtes et seigneurs provençaux,
par besoin d’indépendance ou par ambition, pactisent souvent avec
eux, ajoutant à la confusion. Partout on trouve les ruines de couvents,
d’églises et de bourgades. Un grand nombre d’habitants se réfugient
dans les montagnes, abandonnant leurs propriétés.
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Puis Charlemagne partage son royaume
entre ses trois fils en 806 : la Provence et la Bourgogne à Louis,
La Savoie (“Saboia”) et le nord à Charles, l’Italie à Pépin.
Mais ce partage ne dure pas bien longtemps car Charles récupère
l’ensemble des territoires.
L’insécurité règne
: les Sarrasins pillent Arles (838), puis Marseille (850).
Au traité de Verdun (843)
tout revient à Lothaire : c’est la Lotharingie. |
Royaume de Provence, ou d’Arles ou de
Vienne (879-947).
La dissolution de l’empire
carolingien, à la mort de Charles le Fauve, divise l’empire en trois
royaumes : la France, la Germanie et l’Italie. Sur ces débris de
pouvoir, les dynasties comtales et ducales se mettent en place et acquièrent
une grande indépendance de fait.
En Provence,
un Franc, nommé Boson, représentant le roi, usurpe son pouvoir
(879) et devient premier comte de Provence. Il occupe la Provence,
les vallées de l’Isère, de l’Arc et le comté de Savoie.
Le nord de la Savoie se trouve inclus dans le royaume de Bourgogne Transjurane,
fondé en 879, par Rodolphe Ier.
Les cols alpins.
Le Mont-Cenis, vers 800, débouchant directement sur l'Helvétie,
la France centrale, intéressant aussi les régions du Nord,
commence à supplanter le Mont Genèvre. En 792, Louis-le-Pieux
l’utilise, puis, trente années plus tard, son fils Lothaire, En
876, puis 877, c'est Charles-le-Chauve, revenant d'une expédition
manquée en Italie. Il périt misérablement au petit
village mauriennais d'Avrieux, empoisonné, dit-on, par son médecin.
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