Mise à jour 4/05 Copyright JG © 2005

 - Le Col de l'Autaret ou
     Histoire de Bellino
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 - Bataille de la   Battagliola
    1743-1744
 - Blason de Bellino

 - Breve cronologia della
 Castellata E de l' Escartoun
   de CHASTEL DELFIN
      (Italiano)
 - Brève chronologie du
 Castellar et de l' Escarton de
  CHÂTEAU DAUPHIN

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Chapitre I.  La Préhistoire.

La formation des Alpes.        
         L’histoire géologique de la région nous apprend, qu’il y a 200 à 350 millions d’années, existait déjà une chaîne de montagne, dite hercynienne, cristalline. Quelques millions d’années plus tard, cette chaîne s’est aplanie et est recouverte par les mers. C’est seulement à partir de 50 millions d’années avant notre ère que s’amorce le plissement alpin. Montagnes jeunes, nées de la collision de la plaque tectonique africaine (et italienne) avec la plaque européenne, les Alpes commencent à s’édifier par une première chaîne orientée nord-sud. 

         A partir de -20 millions d’années, on assiste aux soulèvements des massifs externes (Belledone, Pelvoux), au redressement des anciennes nappes. Les Préalpes se plissent, le sillon alpin se dégage. Des poussées sud-nord, de type pyrénéen ou provençal, perturbent ces reliefs, créant des alignements d’orientation est-ouest dans la partie méridionale des Alpes ou plissant le Piémont d’avant pays pour donner une série de monts et de vallées parallèles orientés aussi est-ouest. Un soulèvement généralisé, à la fin du tertiaire achève la mise en place des reliefs alpins. Les périodes glaciaires et l’érosion modifieront encore le paysage.
Moi, col de l'Autaret, j'existe !
J'espère que vous êtes bien installés sur cette crête des Alpes
où fleurissent de merveilleuses plantes.
edel

        Lors de promenades dans les vallées alpines, on constate encore les mouvements tourmentés de la stratification et en regardant les parois rocheuses, on devine aisément les poussées qu’elles ont subies. 
        Les Alpes sont encore en formation active, depuis plus de vingt millions d’années. La botte italienne, poussée vers l’Europe, continue à s’écraser contre la France. Les volcans actifs du sud de l’Italie, comme le Stromboli, l’Etna ou le Vésuve, ou les récents tremblements de terre de l’Italie du nord sont la preuve actuelle du mouvement de ces plaques tectoniques. 
         Le cadre est créé, nos vallées alpines sont là ! Il nous manque encore les hommes.
Présence de l’homme.


      Les premiers hommes qui occupent notre région laissent des traces, au Paléolithique, entre  -200.000 et -100.000 ans, sur la Côte d’Azur : les ossements, pierres taillées et haches datent des périodes interglaciaires, entre Riss et Würm, périodes à climat chaud. La faune est alors dominée par les cerfs, l’éléphant antique, la panthère, les bouquetins et quantités de rongeurs [12]
         Des périodes de glaciation et des périodes chaudes ont alterné depuis deux millions d’années. En période de froid, les glaciers coulant des Alpes dans la vallée de la Durance, arrivent jusqu’à Sisteron ou Veynes. Il va de soi que nos montagnes ne sont pas habitées. Dans les collines du pourtour alpin, des traces infimes d’habitat attestent la présence de ces premiers êtres sauvages, vivant en tribus ou hordes et chassant le gros gibier, armés de massues de bois dur. [12] 
        C’est seulement entre -100 000 et -50 000 qu’apparaît l’homme de Neandertal, qui subit, lui aussi les périodes chaudes et froides (glaciation de Würm).


Alors que la température baisse, apparaissent les mammouths, les rhinocéros, puis les rennes, les hyènes, les bouquetins et l’ours. Epoque des pluies, de l’humidité, des rivières torrentielles et du brouillard obligeant ces chasseurs à se réfugier dans les grottes. Puis les marmottes, les bouquetins, les cerfs occupent de plus en plus un maquis où commencent à pousser des sapins, attirant les chasseurs en quête de gibier. Ils sont prompts à redescendre à l'approche de l'hiver.
        “Les recherches des préhistoriens, qui ont largement progressé depuis un quart de siècle, permettent de préciser l'ancienneté du peuplement des Alpes. Contrairement à ce que pourrait suggérer la rudesse du relief et du climat, elles n'ont nullement été évitées par les premières populations de l'Europe occidentale.  Déjà, durant le Paléolithique, des chasseurs se sont approchés des glaciers rissiens et surtout würmiens et ils ont multiplié leurs incursions pendant la retraite du Würm.” 
        La dernière glaciation remonte à 12.000 ans et recouvrait complètement les Alpes sous une couche de glace épaisse de 1.500m. Apparaît alors I'Homme de Cro-Magnon,  un géant,  « sa taille va de 1,79 m à 1,94 m. Les impressions musculaires, visibles sur les os, indiquent une musculature puissante » (1 ).
        Une poussée démographique marque le IVe millénaire et une migration s’effectue de la côte Méditerranéenne vers l’intérieur des terres. Les meilleurs terroirs sont occupés et les forêts sont défrichées. On chasse le cerf et on s’alimente de moutons, chèvres et porcs. L'arrivée de peuples pratiquant l'agriculture refoula les populations chasseresses, sur les terres moins hospitalières comme les fonds de vallées, les flancs des montagnes. 
        Dès la domestication des ovins, il parait évident qu'un pâturage s'épuise trop vite et que le rythme des saisons réclame des  déplacements  réguliers. « La  transhumance  nécessaire oblige les pasteurs à tracer ces grandes voies d'aller-retour entre la Basse Provence et les Alpes, ces  chemins que suivront plus tard les voies romaines et nos routes modernes ». 

        La civilisation néolithique commence 6.000 ans avant notre ère et se poursuit jusqu’à l’âge des métaux, vers 2.000 avant JC. En Provence, la population se densifie. En montagne, elle devient plus sédentaire. De l’autre côté des Alpes, quelques sites de la vallée de Suse (Chiomonte) prouvent la présence de chasseurs, principalement dans les basses vallées, mais les hautes vallées ne sont pas occupées de façon permanente.. 

        Entre 2.000 et 1.000 avant J.C., apparaissent les métaux (cuivre et bronze), mais leur utilisation est lente et le silex reste très utilisé.  La production d’objets en cuivre suscite, dans le nord de l’Italie le développement d’une civilisation prospère, dite de Remedello, qui essaime jusqu’en Tarentaise. 

L’homme s’installe dans les Alpes.

        “Les premiers habitants permanents des Alpes, des agriculteurs-éleveurs néolithiques, venus de la Méditerranée vers le IIIe millénaire avant J.-C., nombreux à partir du Ile millénaire, appartenaient à la civilisation dite chasséenne et disposaient du blé, de l'orge, du millet, du bœuf, du porc, de la chèvre, du mouton. Ils se sont répandus dans les vallées, non en montagne. ” 

        L'âge du bronze (1.500 avant J.-C.) révèle une occupation remarquable de la montagne, sans doute à cause de ses gisements de cuivre. Les hommes commencent à s’aventurer dans les hautes vallées alpines, attirés surtout par la richesse des pâturages. 
        Les premières installations humaines permanentes dans le Val Varaita ont leur origine dans des périodes climatiques favorables quand la pression démographique pousse les hommes vers de nouveaux territoires. Afin de survivre, ils doivent apprendre les coutumes alpestres et les techniques assurant la vie hivernale. Une hypothèse probable est que les premiers habitants arrivent de lieux analogues, plus au sud, poussés vers le nord par les modifications climatiques. 

        On peut ainsi exclure que la première population de Bellino soit originaire de la plaine piémontaise, et supposer qu’il y a eu un débordement des vallées voisines de Maira et de Stura. Ces vallées sont reliées par des cols peu difficiles à la vallée de la Tinée, qui rejoint la Mer Méditerranée dans la région de Nice où l’homme était présent depuis un passé très lointain. [4] 

        La récolte d’éléments préhistoriques dans les vallées piémontaises n’est pas très importante : Paléolithique et Néolithique n’ont pas laissé de traces significatives, sauf peut être dans le Stura di Demonte où le Néolithique semble être attesté par quelques pièces sporadiques, des traces de la culture dite “vase à bouche carrée” dans la grotte orientale d’Aisone  [4]. (2

        Les recherches conduites à Bellino par F. Fedele, en 1971-73 ont porté sur plusieurs sites : des ruines de construction en pierres à sec “archaïques”, des clôtures et enclos de berger dans les hauts pâturages (2400-2800 m), des sites d’inhumation humaine et des cavités naturelles. Ont participé des personnes locales, “Viem” Martin père et fils et “Coutioou Bourre (G M Richard) de Bellino Chiazale. Les fouilles de cavités à côté de Plan de Céol, jusqu’à une profondeur modeste, n’ont laissé apparaître que des traces des herbivores. Des indices permettent de penser que des traces de l’homme pourraient être découvertes si on étendait les fouilles. Un os pigmenté portant des égratignures d’un instrument, probablement non métallique, a été trouvé dans la strate la plus profonde des sondages externes à la cavité. [4] 
        D’autres recherches, dans les Alpes maritimes et les Alpes Cozies septentrionales, permettent d’avancer des considérations climatiques générales : 
1. une modeste glaciation de Würm, avec des phases de retrait, ce qui explique les accumulations de rochers de la « Casse » de la haute vallée de Bellino


La double accumulation de rochers de la haute vallée.
 

Une hauteur impressionante !
2.  une rapide remontée des couches végétales commencée dans les derniers temps de Würm IV, 

3. un cycle hypothermal “généralisé” avec des formations de mélèzes en altitude, et de bois mixte dans les vallées, 

4.  une série d’oscillations thermiques et des variations des limites des forêts et des limites neigeuses. Durant cette longue période, on peut enregistrer une phase d’élévation de ces limites et donc un accès facile aux altitudes où se reconstituent les forêts de conifères. C’est probablement le cas dans les vallées des environs de Cunéo  [4]. 

Moi, col de l'Autaret, j'ai été couvert de glace et j'ai eu froid,
puis j'ai connu la chaleur et me suis couvert de végétation.
Je viens de voir passer quelques bêtes sauvages
et quelques humains armés de lance, lancés à leur poursuite.

chamois


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