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Chapitre I.
La Préhistoire.
La formation des Alpes.
L’histoire géologique
de la région nous apprend, qu’il y a 200 à 350 millions d’années,
existait déjà une chaîne de montagne, dite hercynienne,
cristalline. Quelques millions d’années plus tard, cette chaîne
s’est aplanie et est recouverte par les mers. C’est seulement à partir
de 50 millions d’années avant notre ère que s’amorce le plissement
alpin. Montagnes jeunes, nées de la collision de la plaque tectonique
africaine (et italienne) avec la plaque européenne, les Alpes commencent
à s’édifier par une première chaîne orientée
nord-sud.
A
partir de -20 millions d’années, on assiste aux soulèvements
des massifs externes (Belledone, Pelvoux), au redressement des anciennes nappes.
Les Préalpes se plissent, le sillon alpin se dégage. Des poussées
sud-nord, de type pyrénéen ou provençal, perturbent
ces reliefs, créant des alignements d’orientation est-ouest dans la
partie méridionale des Alpes ou plissant le Piémont d’avant
pays pour donner une série de monts et de vallées parallèles
orientés aussi est-ouest. Un soulèvement généralisé,
à la fin du tertiaire achève la mise en place des reliefs
alpins. Les périodes glaciaires et l’érosion modifieront encore
le paysage.
Moi, col de l'Autaret,
j'existe !
J'espère que vous êtes bien
installés sur cette crête des Alpes
où fleurissent de merveilleuses plantes.
Lors de promenades dans les vallées
alpines, on constate encore les mouvements tourmentés de la stratification
et en regardant les parois rocheuses, on devine aisément les poussées
qu’elles ont subies.
Les Alpes sont encore en formation
active, depuis plus de vingt millions d’années. La botte italienne,
poussée vers l’Europe, continue à s’écraser contre la
France. Les volcans actifs du sud de l’Italie, comme le Stromboli, l’Etna
ou le Vésuve, ou les récents tremblements de terre de l’Italie
du nord sont la preuve actuelle du mouvement de ces plaques tectoniques.
Le cadre est créé,
nos vallées alpines sont là ! Il nous manque encore les hommes.
Présence de l’homme.
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Les premiers hommes qui occupent notre
région laissent des traces, au Paléolithique, entre
-200.000 et -100.000 ans, sur la Côte d’Azur : les ossements, pierres
taillées et haches datent des périodes interglaciaires, entre
Riss et Würm, périodes à climat chaud. La faune est alors
dominée par les cerfs, l’éléphant antique, la panthère,
les bouquetins et quantités de rongeurs [12] |
Des périodes de glaciation et des périodes chaudes ont alterné
depuis deux millions d’années. En période de froid, les glaciers
coulant des Alpes dans la vallée de la Durance, arrivent jusqu’à
Sisteron ou Veynes. Il va de soi que nos montagnes ne sont pas habitées.
Dans les collines du pourtour alpin, des traces infimes d’habitat attestent
la présence de ces premiers êtres sauvages, vivant en tribus
ou hordes et chassant le gros gibier, armés de massues de bois dur.
[12]
C’est seulement entre -100 000
et -50 000 qu’apparaît l’homme de Neandertal, qui subit, lui aussi les
périodes chaudes et froides (glaciation de Würm).
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Alors que la température baisse, apparaissent
les mammouths, les rhinocéros, puis les rennes, les hyènes,
les bouquetins et l’ours. Epoque des pluies, de l’humidité, des rivières
torrentielles et du brouillard obligeant ces chasseurs à se réfugier
dans les grottes. Puis les marmottes, les bouquetins, les cerfs occupent
de plus en plus un maquis où commencent à pousser des sapins,
attirant les chasseurs en quête de gibier. Ils sont prompts à
redescendre à l'approche de l'hiver. |
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“Les recherches des préhistoriens, qui ont largement progressé
depuis un quart de siècle, permettent de préciser l'ancienneté
du peuplement des Alpes. Contrairement à ce que pourrait suggérer
la rudesse du relief et du climat, elles n'ont nullement été
évitées par les premières populations de l'Europe occidentale.
Déjà, durant le Paléolithique, des chasseurs se sont
approchés des glaciers rissiens et surtout würmiens et ils ont
multiplié leurs incursions pendant la retraite du Würm.”
La dernière glaciation
remonte à 12.000 ans et recouvrait complètement les Alpes sous
une couche de glace épaisse de 1.500m. Apparaît alors I'Homme
de Cro-Magnon, un géant, « sa taille va de 1,79
m à 1,94 m. Les impressions musculaires, visibles sur les os, indiquent
une musculature puissante » (1
).
Une poussée démographique
marque le IVe millénaire et une migration s’effectue de la côte
Méditerranéenne vers l’intérieur des terres. Les meilleurs
terroirs sont occupés et les forêts sont défrichées.
On chasse le cerf et on s’alimente de moutons, chèvres et porcs.
L'arrivée de peuples pratiquant l'agriculture refoula les populations
chasseresses, sur les terres moins hospitalières comme les fonds de
vallées, les flancs des montagnes.
Dès la domestication des
ovins, il parait évident qu'un pâturage s'épuise trop
vite et que le rythme des saisons réclame des déplacements
réguliers. « La transhumance nécessaire
oblige les pasteurs à tracer ces grandes voies d'aller-retour entre
la Basse Provence et les Alpes, ces chemins que suivront plus tard
les voies romaines et nos routes modernes ».
La civilisation néolithique commence 6.000 ans avant notre ère
et se poursuit jusqu’à l’âge des métaux, vers 2.000 avant
JC. En Provence, la population se densifie. En montagne, elle devient plus
sédentaire. De l’autre côté des Alpes, quelques sites
de la vallée de Suse (Chiomonte) prouvent la présence de chasseurs,
principalement dans les basses vallées, mais les hautes vallées
ne sont pas occupées de façon permanente..
Entre 2.000 et 1.000 avant J.C., apparaissent les métaux (cuivre et
bronze), mais leur utilisation est lente et le silex reste très utilisé.
La production d’objets en cuivre suscite, dans le nord de l’Italie le développement
d’une civilisation prospère, dite de Remedello, qui essaime jusqu’en
Tarentaise.
L’homme s’installe dans les Alpes.
“Les premiers habitants permanents des Alpes, des agriculteurs-éleveurs
néolithiques, venus de la Méditerranée vers le IIIe millénaire
avant J.-C., nombreux à partir du Ile millénaire, appartenaient
à la civilisation dite chasséenne et disposaient du blé,
de l'orge, du millet, du bœuf, du porc, de la chèvre, du mouton. Ils
se sont répandus dans les vallées, non en montagne. ”
L'âge du bronze (1.500 avant J.-C.) révèle une occupation
remarquable de la montagne, sans doute à cause de ses gisements de
cuivre. Les hommes commencent à s’aventurer dans les hautes vallées
alpines, attirés surtout par la richesse des pâturages.
Les premières installations
humaines permanentes dans le Val Varaita ont leur origine dans des périodes
climatiques favorables quand la pression démographique pousse les
hommes vers de nouveaux territoires. Afin de survivre, ils doivent apprendre
les coutumes alpestres et les techniques assurant la vie hivernale. Une hypothèse
probable est que les premiers habitants arrivent de lieux analogues, plus
au sud, poussés vers le nord par les modifications climatiques.
On peut ainsi exclure que la première population de Bellino soit originaire
de la plaine piémontaise, et supposer qu’il y a eu un débordement
des vallées voisines de Maira et de Stura. Ces vallées sont
reliées par des cols peu difficiles à la vallée de la
Tinée, qui rejoint la Mer Méditerranée dans la région
de Nice où l’homme était présent depuis un passé
très lointain. [4]
La récolte d’éléments préhistoriques dans les
vallées piémontaises n’est pas très importante : Paléolithique
et Néolithique n’ont pas laissé de traces significatives, sauf
peut être dans le Stura di Demonte où le Néolithique semble
être attesté par quelques pièces sporadiques, des traces
de la culture dite “vase à bouche carrée” dans la grotte orientale
d’Aisone [4]. (2
)
Les recherches conduites à Bellino par
F. Fedele, en 1971-73 ont porté sur plusieurs sites : des ruines de
construction en pierres à sec “archaïques”, des clôtures
et enclos de berger dans les hauts pâturages (2400-2800 m), des sites
d’inhumation humaine et des cavités naturelles. Ont participé
des personnes locales, “Viem” Martin père et fils et “Coutioou Bourre
(G M Richard) de Bellino Chiazale. Les fouilles de cavités à
côté de Plan de Céol, jusqu’à une profondeur modeste,
n’ont laissé apparaître que des traces des herbivores. Des indices
permettent de penser que des traces de l’homme pourraient être découvertes
si on étendait les fouilles. Un os pigmenté portant des égratignures
d’un instrument, probablement non métallique, a été trouvé
dans la strate la plus profonde des sondages externes à la cavité.
[4]
D’autres recherches, dans les
Alpes maritimes et les Alpes Cozies septentrionales, permettent d’avancer
des considérations climatiques générales :
1. une modeste glaciation de Würm, avec des phases de retrait, ce qui
explique les accumulations de rochers de la «
Casse » de la haute vallée de Bellino,
La double accumulation de rochers de la haute vallée.
Une hauteur impressionante !
2. une rapide remontée
des couches végétales commencée dans les derniers temps
de Würm IV,
3. un cycle hypothermal “généralisé”
avec des formations de mélèzes en altitude, et de bois mixte
dans les vallées,
4. une série d’oscillations
thermiques et des variations des limites des forêts et des limites neigeuses.
Durant cette longue période, on peut enregistrer une phase d’élévation
de ces limites et donc un accès facile aux altitudes où se
reconstituent les forêts de conifères. C’est probablement le
cas dans les vallées des environs de Cunéo [4].
Moi, col de l'Autaret, j'ai été couvert de glace et j'ai eu
froid,
puis j'ai connu la
chaleur et me suis couvert de végétation.
Je viens de voir passer
quelques bêtes sauvages
et quelques humains
armés de lance, lancés à leur poursuite.
Suite
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