Mise à jour 4/05 Copyright JG © 2005
 
 - Le Col de l'Autaret ou
     Histoire de Bellino
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 - Bataille de la   Battagliola

    1743-1744
 - Blason de Bellino

 - Breve cronologia della
 Castellata E de l' Escartoun
   de CHASTEL DELFIN
      (Italiano)
 - Brève chronologie du
 Castellar et de l' Escarton de
  CHÂTEAU DAUPHIN

 - République de Briançon (F)
 - Republica di Briancon (It)

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De 1744 à 1748.

La guerre continue : résistance à Cunéo.

Les premières colonnes gallispanes, ayant remporté la victoire du Fort de Demonte, la résistance sarde se fit autour de Cunéo et d’Alexandrie, mais ils perdent Asti. La cité de Cunéo, attaquée par le Prince de Conti et le marquis Las Minas, fut défendue par Frédérico Leutrum, qui entra dans la légende comme valeureux défenseur de la ville. Cunéo subit 39 jours de siège (13/9 à 21/10/1744),

Malgré la victoire franco-espagnole de la Madone d’Olmo (30 sept 1744), les conquérants levèrent le siège et se retirèrent en France (12 octobre 1744), par le val Stura déjà enneigé et gelé.

Don Tholosan : " Ils ne vinrent plus de trois ans nous troubler dans ce pays ; nous ne fumes pas tout à fait exempts de troubles, ni de fournitures. Le Roi se retira à Turin au mois de décembre, et les troupes furent réparties en quartier d'hiver, et ainsi finit l'année 1744 et jusqu' à 1747 il ne se passera pas de choses fort remarquables, nous ne laisserons pas de marquer en passant certains traits qu'on sera bien aise d'apprendre [105].

Au reste cette année n'a pas d'autres évènements remarquables si non que la reprise des magasins sans aucune rétribution comme on l'a déjà fait voir, et la levée de vingt hommes de milice qui causa des grandes frais, car pour faire le nombre il fallut que les mariés quittassent leurs femmes et leurs biens pour prendre les armes [105].

Il y a encore à observer que pour survenir aux grandes frais de la guerre le Roi doubla le prix du sel qui ne valait que deux sous la livre il nous fallut d'abord le payer quatre, et un liard, imposition insupportable surtout dans les pays de montagne. Voilà comme se passèrent cinq années de guerre, quels ont été nos troubles et nos afflictions [105]. "

Les Sardes en Provence (1746).

Puis, les Sardes envahirent la Provence, en décembre 1746.

Battue et refoulée jusqu’à Fréjus, la France fut sauvée par la révolte de Gênes et les Sardes se replièrent sur le Comté de Nice et, de là, vers le Piémont, par le col de Tende (janvier 1747), tous délabrés et en très mauvais équipage sans cependant qu'il se soit faite aucune résistance ni donnée aucune bataille [105].

Les Français reprirent Nice, puis bataillèrent dans la vallée de la Roya, à la Turbie et à Menton.

Retour dans les Alpes (1747).

Le général Guillaume nous raconte la suite de la guerre : "En 1747, une campagne se déroule encore dans la région. Confiée au chevalier de Belle-Isle qui dispose de 20 bataillons et de 40 pièces d'artillerie, elle vise à nous emparer des hauteurs de l'Assiette qui séparent les vallées de la Doire Ripaire et du Cluson et sur lesquelles les Piémontais occupaient de fortes positions interdisant de notre part toute progression sur Suse ou sur Pignerol. Une attaque, pourtant menée vigoureusement, échoue. Les blessés affluent à Salbertrand. Le repli sur Montgenèvre est ordonné. Ce nouvel échec subi par nos troupes face aux Piémontais, représente la dernière tentative de rétablir, au-delà de la crête des Alpes, le glacis protecteur des vallées vaudoises qui couvrait jadis le Briançonnais et le Queyras."

Don Tholosan :Le chevalier de Belleîle ayant eu ordre de se rendre à Briançon avec plus de cinquante bataillons, étant entré dans les vallées d'Oulx et Pragela dans le dessein de venir prendre Fenestrelles, voulut attaquer le col de la Siete, sur lequel nos troupes étaient avantageusement retranchées, échoua, ayant voulu brusquer ce poste en plein midi, il y perdit la vie avec les principaux officiers de son armée, après y avoir laissé environ dix mille hommes, tant morts, que blessées, ou faits prisonniers [105].

Cet échec répandit la terreur dans l'armée des Français, qui se replia dans le Briançonnais et ne pensa qu'à guérir ses blessures, et à se tenir sur la défensive tout le reste de la campagne : cette affaire arriva au mois de juillet 1747 et on peut dire qu'elle donna un bon branle pour la conclusion de la paix que se fit en 1748 [105].

Les traités de paix de 1748.

Le désaccord entre le Piémont et la France s’éteint avec le traité d’Aquigrana du 18 octobre 1748 et s’en est fini des guerres dans la Castellata, jusqu’à la Révolution.

Le traité d'Aix-la-Chapelle (1748) met un point final à ces conflits.

  • Conséquences pour la France.
" Cette paix si désirée fût conclue l'année 1748 sans avoir été publié avec les solennités ordinaires, mais à des conditions bien moins avantageuses que ne s'attendaient les Français, puisque après tant de sang répandu, tant de frais et de pertes faites, ils n'eurent de la part des Anglais que la restitution du cap Breton [105]. "

Louis XV restitua les conquêtes françaises des Pays-Bas.

  • Conséquences pour la Sardaigne.
La maison de Savoie s’en sort avec les honneurs, car la France est refoulée, cette fois définitivement, sur la crête des Alpes et est privée de débouchés sur la plaine piémontaise. On a dit souvent que "M. de Savoie ne terminait jamais la guerre dans le même camp, à moins qu'il n'en ait changé deux fois". Cela lui a permis, cette fois encore, d’agrandir son Etat de quelques terres de l’ancien empire.

Au Traité d’Aix la Chapelle donc, les Français évacuent Nice et la Savoie s’agrandit. Marie-Thérèse d’Autriche garde son empire, sans la Lombardie et la loi de la Pragmatique Sanction est reconnue.

A Paris on dit que le roi de France "a travaillé pour le roi de Prusse", un autre gagnant de cette guerre de Succession d’Autriche, car il récupère la Silésie.

  • Conséquences pour l’Espagne.
L’Infant Don Philippe reçoit les duchés de Parme, Plaisance et Modène. Son demi-frère l’Infant Charles qui était roi des Deux-Siciles devient roi d’Espagne et, par ce traité de paix, l’impératrice Marie-Thérèse reconnaît l’unité de la Maison d’Espagne et des Deux-Siciles.

La paix s’installe, pour longtemps.


 

Conclusions.

Comme on l’a vu, les compte rendus de ces batailles sont nombreux : celui de Don Tholosan est très complet et a le mérite de raconter le vécu. Les militaires ont gardé la mémoire des faits remarquables, des mouvements des troupes et leurs cartes précisent les positions de chaque régiment, de chaque bataillon, pendant les batailles. Il existe bien d’autres documents sur cette bataille : les délibérations des conseils municipaux de Sampeyre et de Château Dauphin en sont de bons exemples. On y apprend par exemple que les Français occupèrent la haute vallée Varaita pendant trois mois, à partir du 19 juillet 1744.

On y apprend aussi que dès 1742 les documents municipaux importants avaient été mis en lieu sûr :

Le 15 août 1742 (f° 12) nous sommes en présence d’un " acte du conseil pour la sureté et décharge des cattastres et autres papiers de cette communauté ". On a " proposé que les cattastres, délibérations et autres actes, se trouvant à sa charge pour outre l’archive contenant les papiers de la dite communauté et ledit cattastre " soient mis en lieu sûr… "  Et attendu l’invasion que les ennemis sont à la veille de faire dans cette vallées, je requiers les S. consuls et conseillers de retirer les dits catastres… tout enfermer en quelque lieu secret avec les même soin et diligence que je pourrois faire pour mes papiers propres, moyennant quoy je ne seray comtable en cas qu’ils vinssent à être brûlés ou emportés par les ennemis de l’Etat ". Les grandes batailles en haute vallée Varaita sont terminées. Les armées ont quitté la vallée. Les habitants de Bellino ou de Pont sont ruinés. Quelques uns ont perdu la vie ; des femmes ont été violées ; les maisons ont été saccagées ; les perquisitions ont tout pris et les granges ont été vidées de leur foin ; les vaches ont été vendues ; les grandes forêts ont disparu.

Pourtant la vie reprend lentement dans ces villages où la solidarité est la règle. On vit avec ce que l’on a ; l’herbe repousse, les foins seront coupés ; on économise un sous après l’autre ; on reconstruit ; on rachète des vaches ; on oublie cette période tragique.

Seulement 8 à 9 générations nous séparent de ces pauvres villageois, les Peyrache, Roux, Levet, Gallian, Marc, Richard ou Brun que l’on retrouve dans nos arbres généalogiques.

 

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