Chapitre XIX. Barral se soumet
à l'administration d'Alfonse de Poitiers,
en Comtat.
L’administration
d’Alfonse de Poitiers
Alfonse de Poitiers reçoit
de nombreuses provinces, en plus du Venaissin : Poitou, Saintonge,
Auvergne, Agenais, Albigeois et Languedoc, tout le Midi sauf
la Provence qui appartient à son frère. Il impose
une administration juste, centralisée, respectueuse des institutions
existantes ; il ne fait rien contre les libertés communales ;
en fait, il installe une vraie administration "française",
très calquée sur celle de son frère Louis
IX. Dès 1259-1260, il fait établir un registre complet
de ses droits dans les provinces.
Il confie le soin d’établir la
liste de ses droits en Comtat à Guillaume Béroard, toujours
évêque de Carpentras. Celui-ci se fait aider par Gui Foulquois
(futur Clément IV) et par le notaire Guillaume Bermond pendant cette
enquête qui n’est pas facile si on en juge par la complexité
des seigneuries de l’époque : celle de Venasque, par exemple, est
divisée en dix parts, chacune relevant de la haute ou de la basse
seigneurie.
Blason d'Alphonse de Poitiers
Barral déclare
au notaire envoyé par le comte et à l’évêque
qu’il possède alors les châteaux et domaines de Loriol, Bédarrides,
Entraigues, Caromb, Bédoin, Savoillans, Saint-Léger, Brantes,
Guibert, Aulan, Saint-Saturnin et tous les droits qui vont avec. Il doit
seulement l’hommage à son suzerain Alphonse et les cavalcades sur
réquisition .
L’évêque, ayant rempli sa tâche, envoie le dossier
complet à l’administration d’Alphonse.
Alfonse gouverne de loin et séjourne
aux environs de Paris. Il ne visite que deux fois ses états
du sud, dont une première fois en 1251 où il parcourt
à la hâte les anciens domaines de la maison de Toulouse
et prend officiellement possession du Venaissin et d'autres provinces.
Puis, pendant dix neuf ans, il reste dans le nord du pays.
Il est vrai que depuis la croisade Alphonse
de Poitiers, atteint de paralysie, souffrait d'une grave maladie
des yeux. Il fit venir un ophtalmiste juif de très loin
car sa réputation était parvenue jusqu'à Paris.
Si Saint-Louis est souvent représenté
assis sous un chêne pour rendre une justice équitable
à son peuple, la même image s'applique à son
frère Alfonse, en Venaissin.
Barral apprend, en 1253, le décès
du comte de Savoie, Amédée IV, le mari de sa fille Cécile.
Par son testament du 19 septembre de l’année précédente,
Cécile conserve les terres qu’elle possède dans son comté.
Si elle se remarie, ses enfants lui restitueront sa dot et lui donneront
en sus 1.000 livres viennoises à prendre sur ses biens . Son fils
Boniface, dit le Roland, devient comte de Savoie en 1253, âgé
de 9 ans alors que ses trois sœurs se contentent d’un héritage monétaire.
Ce comte vivra sous la tutelle de sa mère qui s’occupera de son éducation
alors que son oncle Thomas de Savoie gouvernera ses états comme
l’avait demandé Amédée dans son testament. Il aura
fort à faire contre ses frères Pierre et Philippe de Savoie
qui voudront se partager son état. Boniface, petit-fils de Barral,
mourra prématurément, à 18 ans, pendant le siège
de Turin alors au pouvoir des Angevins (1263).
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